Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Six dynasties (Trois Royaumes et)

Période politiquement troublée de l’histoire de la Chine* (220-580), qui voit l’élaboration des bases de l’art pictural et le développement de la sculpture.


La pression des populations barbares du Nord et du Nord-Ouest, la révolution des « Turbans jaunes », la guerre civile qui s’ensuit bouleversent le monde chinois. La Chine est alors partagée en deux : au nord, les Barbares et le royaume des Wei ; au sud, les dynasties chinoises, avec Jiankang (Kien-k’ang ; sur le site de l’actuelle Nankin), leur capitale, qui devient un centre culturel attirant une pléiade d’artistes et d’hommes de lettres. La société chinoise est profondément transformée, l’ordre confucéen s’effondre, les intellectuels se réfugient dans le taoïsme, tandis que le bouddhisme se répand dans toute la Chine, nouant ainsi un puissant lien entre le Nord et le Sud.

La nouvelle foi, petit à petit assimilée grâce aux traductions et aux commentaires des textes, donne naissance à la grande sculpture chinoise. En 353, aux confins de l’Asie centrale, commence l’aménagement des grottes de Dunhuang (Touen-Houang*), où l’influence indienne, enrichie par les apports de l’Afghānistān et de l’Asie centrale, se manifeste dans les fresques qui ornent les parois des sanctuaires. Mais c’est au monastère de Yungang (Yun-kang), aménagé à partir de 460 dans le nord du Shānxi (Chan-si), que le sculpteur chinois, après s’être inspiré des modèles de l’art gréco-bouddhique (v. Gāndhāra), apporte dans la réalisation des types traditionnels du Bouddha ou des bodhisattvas une force et une sensibilité qui, dans leur schématisme linéaire, confèrent à ceux-ci un aspect émouvant.

Les Wei du Nord décident de transférer leur centre politique et administratif à Luoyang (Lo-yang), au Henan (Ho-nan), en 494. À proximité de cette ville sont aussitôt creusés de nouveaux sanctuaires, où la plastique chinoise affirme un hiératisme et une intensité d’expression saisissants. Les corps à peine esquissés, l’élongation des formes, le sourire mystique traduisent une grande spiritualité et une infinie douceur. Dès le milieu du vie s., le style de la sculpture bouddhique évolue, les sculpteurs donnent à leurs personnages une nouvelle solidité, le corps acquiert une plénitude qui aboutira au puissant modelé de la statuaire de l’époque Tang (T’ang*).

La sculpture non bouddhique, d’un réalisme stylisé en parfait accord avec les tendances de l’époque, atteint alors son apogée dans la représentation des animaux gardiens en ronde bosse, de dimensions monumentales, qui bordent les allées funéraires des sépultures impériales de Nankin, tout particulièrement dans celle des lions ailés aux reins cambrés et au poitrail gonflé.

La peinture des Six Dynasties nous est principalement connue par le célèbre rouleau sur soie intitulé Conseils de la monitrice aux dames du palais, attribué à Gu Kaizhi (Kou K’ai-tche*) et connu par une copie ancienne du British Museum. Entrecoupé de textes, il comprend neuf scènes de gynécée, pleines de diversité, qui évoquent les raffinements de la cour de Nankin, où règne alors une sorte d’hédonisme. Cette peinture, tout en nuances, nous séduit par la sensibilité de la ligne, la fluidité du dessin et l’heureuse répartition des masses sombres. C’est au début du vie s. que les canons de la peinture chinoise, fondés sur six principes essentiels, sont fixés par Xie He (Sie Ho), calligraphe surtout connu comme théoricien de l’art.

Cette période confuse n’a pas été favorable au développement de la céramique, et les régions du Nord, éprouvées par la guerre, ont peu contribué au progrès de cette technique. L’évolution continue des grès dits « de Yue » (province du Zhejiang [Tchö-kiang]) et leur libération progressive par rapport aux modèles de bronze constituent le fait majeur de l’histoire de la céramique des Six Dynasties. Dans le Nord, la tradition des statuettes funéraires peintes continue, et les glaçures sont abandonnées. Certaines figurines, aux expressions assez individualisées, sont travaillées uniquement pour être vues de face ; la finesse de telle ou telle silhouette féminine serait à rapprocher de celle de la sculpture bouddhique contemporaine. Des thèmes nouveaux apparaissent, dans lesquels on reconnaît l’influence des contacts avec les nomades et la fascination des longs voyages à travers l’Asie* centrale.

L. P.

➙ Chine.

 O. Sirén, la Sculpture chinoise du ve au xive siècle (Van Oest, 1925-26 ; 4 vol.) ; Chinese Painting (Londres, 1956-1958 ; 7 vol.).

Sixte V ou Sixte Quint

(Grottammare 1520 - Rome 1590), pape de 1585 à 1590.


Felice Peretti naît dans un milieu très simple. Entré chez les Franciscains, il franchit rapidement tous les degrés de son ordre, dont il devient bientôt le supérieur. Professeur à l’université de Rome, il est choisi par Pie V comme confesseur et nommé évêque de Sainte-Agathe en 1566, puis cardinal en 1570. Évêque de Fermo de 1571 à 1577, il est, après la mort de Grégoire XIII, élu pape le 24 avril 1585.

Homme d’une extraordinaire énergie et aux vues politiques grandioses, Sixte Quint va continuer l’œuvre des papes réformateurs élus après le concile de Trente. Il s’attache, avant tout, à doter l’administration de l’Église d’un organisme plus efficace. Ainsi, par la bulle du 3 décembre 1586, il donne au Sacré Collège des structures qui demeureront les mêmes jusqu’au xxe s. ; il fixe le nombre des cardinaux à soixante-dix et édicté des règles précises au sujet de leur recrutement (âge, qualités, etc.).