Sin-kiang (suite)
La mise en valeur récente
La conquête des terres arides du Xinjiang, avec la mise en valeur des ressources industrielles, est un des grands aspects de l’aménagement de l’espace chinois entrepris depuis 1949.
Il y aurait actuellement plus de 3 000 000 d’hectares de terres irriguées au Xinjiang (900 000 ha en 1949) ; il s’agit, outre l’extension de l’irrigation dans les oasis du Tarim, de la création de nouvelles terres agricoles par l’implantation de fermes d’État (220 en 1961) et surtout par les soins du « Corps de production et de construction » de l’Armée populaire. Ces fronts pionniers agricoles se situent essentiellement sur le piémont méridional des Tianshan, près de Kouldja (Yining), dans la vallée de l’Yili, et surtout sur le bassin de la rivière Manasi, au nord des Tianshan, où les nouvelles terres irriguées sont consacrées au blé, au coton et à la betterave à sucre.
Ce n’est qu’à partir de 1950 qu’a été entreprise, avec l’aide soviétique, l’exploration de l’ensemble des ressources industrielles du Xinjiang. Il s’agit notamment d’or et d’uranium dans la haute vallée de l’Irtych (Altaï), de cuivre, de plomb, de zinc, de tungstène dans la partie orientale des Tianshan, de charbon, dont les réserves seraient très importantes, mais qui ne fait jusque-là, semble-t-il, l’objet d’une exploitation notable que dans le bassin de Hami, à l’est des Tianshan, et à Liutaowan (Lieou-t’ao-wan), près d’Ouroumtsi.
La découverte la plus importante fut celle du pétrole. Un petit gisement était exploité par les Russes depuis 1938 à Dushanzi (Tou-chan-tseu), à 200 km à l’ouest d’Ouroumtsi et où fut construite une première raffinerie ; en 1955, un important gisement (peut-être 300 Mt de réserves) était découvert à quelque 120 km au nord, auquel on donna le nom de Karamai (« huile noire » en ouïgour). Mis en exploitation à partir de 1958, il doit fournir 4 Mt annuelles, acheminées par pipe-line à Dushanzi qui est dotée depuis 1959 d’une seconde raffinerie.
Parallèlement, l’industrialisation a gagné les antiques cités des oasis du Xinjiang, et notamment : Hami, à l’est (plus de 50 000 hab.), dotée d’une petite aciérie ; Kachgar (en chinois Kashi), à l’ouest du bassin du Tarim, la principale ville du Xinjiang méridional (plus de 150 000 hab.), important centre textile (coton, soie) ; Kouldja (en chinois Yining), dans la vallée de l’Yili (plus de 200 000 hab., seconde ville du Xinjiang), où les industries métallurgiques et textiles complètent les activités traditionnelles (cuir, tabac).
Ouroumtsi (en chinois Wulumuqi), la capitale, est située au débouché de la grande passe transversale qui assure la liaison, à travers les Tianshan, entre le sud et le nord du Xinjiang ; reliée depuis 1959, par Lanzhou (Lan-tcheou), au réseau ferré de la Chine orientale, la ville a connu un développement remarquable dont témoigne l’évolution démographique : 90 000 habitants en 1949, 320 000 en 1958 et plus de 500 000 actuellement. Le charbon de Liutaowan et le minerai de fer exploité à l’est des Tianshan y alimentent la première unité sidérurgique du Xinjiang ; des filatures de coton, des usines de matériel agricole et de matériel minier y ont été également implantées depuis une dizaine d’années.
Cette mise en valeur récente du Xinjiang s’accompagne d’une politique active de peuplement par des immigrants chinois ; ainsi, la population du Xinjiang atteindrait actuellement 10 000 000 d’habitants ; les Chinois y tiendraient alors désormais une place aussi importante que les Ouïgours, mais ils seraient essentiellement concentrés au nord des Tianshan.
P. T.