Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Sienne (suite)

Le maniérisme et le baroque

Le peintre Domenico Beccafumi (v. 1486-1551) domine l’école siennoise du cinquecento. On lui doit notamment des fresques à l’oratoire San Bernardino et au Palais public, des tableaux conservés à la pinacothèque ; il a eu une large part dans l’achèvement du dallage historié de la cathédrale. Avec son dessin tourmenté, ses tons rares, ses effets de clair-obscur, il a donné de l’inquiétude maniériste une version très personnelle. Pour l’église de Fontegiusta, Baldassare Peruzzi* représenta dans un genre plus classique la Sibylle annonçant à Auguste la naissance du Christ ; architecte, il éleva dans sa ville natale des palais et le maître-autel du duomo, mais c’est à Rome qu’il donna sa mesure.

Au milieu du xvie s., Sienne devait perdre avec l’indépendance politique sa vitalité de foyer d’art. Cependant, le maniérisme tardif y est bien représenté par Ventura Salimbeni (1567-1613) et par Francesco Vanni (1563 ou 1565-1610), principal auteur de la décoration peinte dans l’ancienne maison de sainte Catherine. Le baroque ne s’est guère manifesté à Sienne, si ce n’est en la personne de Rutilio Manetti (1571-1639), bon peintre influencé par le Caravage*.

B. de M.

 E. Carli, Pittura senese (Milan, 1955, 2e éd., 1961 ; trad. fr. la Peinture siennoise, A. Colin, 1956) ; I Primitivi senesi (Milan, 1956 ; trad. fr. les Siennois, Braun, 1957) ; Musei senesi (Novare, 1961 ; trad. fr. les Musées de Sienne, Novare, 1964). / A. Masseron, Sienne (Laurens, 1955). / P. Du Colombier, Sienne, San Gimignano et la peinture siennoise (Arthaud, 1956). / A. Cairola et E. Carli, le « Palazzo pubblico » de Sienne (Bibl. des arts, 1965).

Sierra Leone

État de l’Afrique occidentale.
C’est un petit territoire massif avec une large façade maritime, presque enclavé dans la république de Guinée et voisinant avec le Liberia au sud-est.



La géographie physique


Structure et relief

La Sierra Leone appartient au bouclier libérien, socle cristallin (granites) où s’enracinent des traînées de gneiss, de schistes cristallins et de quartzites et que recouvre localement une bande de grès paléozoïques traversant le pays du nord-ouest au sud-est, prolongeant les sédiments anciens de même nature du Fouta-Djalon. Ce socle, aplani en surface, a été incliné par un bombement dont l’axe se situe à sa frontière nord-est. Des reliefs résiduels portent les traces de surfaces d’érosion plus élevées.

• Le littoral. Au nord de l’île Sherbro, une côte à rias prolonge le paysage guinéen des « Rivières du Sud » : profonds estuaires envasés (Scarcies, Rokel) ourlés de mangrove (forêts de palétuviers), plaines marécageuses. La presqu’île de Sierra Leone (qui a donné son nom au pays) est un énorme massif de gabbro culminant à 1 000 m (Picket Hill). Au sud de l’île Sherbro, la côte se régularise, avec des cordons littoraux ourlant des lagunes, amorçant un type de littoral qui se poursuit vers l’est jusqu’au delta du Niger.

• Les plaines. Après une zone marécageuse, elles s’élèvent doucement vers l’intérieur, semées de reliefs résiduels. Elles occupent les deux tiers du territoire, s’étendant au nord-ouest (vallée de la Petite Scarcies [ou Kaba]).

• Les montagnes. Des plaines, on passe progressivement à des plateaux d’altitude supérieure à 500 m, surmontés des reliefs résiduels, isolés ou groupés en chaînons qui se rattachent à la « dorsale guinéenne ». Le pic Bintimane, dans les monts de Loma, avec 1 948 m, est le point culminant de l’Afrique occidentale.


Climat et végétation

Le climat tropical (alternance d’une saison sèche, de novembre à avril, et d’une saison des pluies, d’avril à novembre) prend ici une nuance équatoriale : sur la côte, abondance des pluies de mousson (plus de 3 500 mm par an) et permanence de l’humidité atmosphérique en toutes saisons ; dans l’intérieur, pluies moins abondantes (moins de 2 500 mm), mais plus étalées (janvier et février sont seuls absolument secs) ; températures élevées et faible variation annuelle (de 26 à 28 °C à Freetown). La forêt dense qui recouvrait la région ne subsiste plus que par noyaux, largement remplacée par la savane arborée, du fait des défrichements.


La population

Les deux groupes ethniques majeurs (dont l’opposition domine la vie politique) sont, au sud, les Mendés (plus de 30 p. 100 de la population) et, au nord-ouest, les Timnés (ou Temnés) [près de 30 p. 100]. Les autres groupes ethniques sont les Limbas, les Dyalonkés, les Kissis, les Kourankos, les Konos (au nord-est), les Buloms (ou Bouloms) [sur le littoral proche de Freetown], les Vaïs (à la frontière du Liberia). Des groupes moins compacts de Soussous (à la frontière de la Guinée), de Malinkés et de Peuls (répandus un peu partout) s’y ajoutent. Les Créoles de Freetown (1,2 p. 100), descendants anglicisés d’esclaves ou d’affranchis implantés par les Anglais, ont longtemps joué le rôle d’auxiliaires de l’administration britannique. La population demeure rurale à plus de 90 p. 100. En dehors de la capitale, seules trois villes, Bo, Kenema et Makeni, dépassent 10 000 habitants. Très dense dans la zone littorale, la population est clairsemée dans l’intérieur, en dehors de quelques noyaux compacts isolés.


L’économie

La principale culture vivrière est le riz (250 000 t par an), dans la zone côtière marécageuse et les plaines inondables de l’intérieur. Mais elle ne couvre pas les besoins du pays, qui doit en importer en quantité croissante. Le mil domine dans l’est. Le manioc se retrouve partout. Les cultures d’exportation se réduisent à un échantillonnage (de 50 000 à 70 000 t de palmistes, de 5 000 à 6 000 t de café, de 3 000 à 4 000 t de cacao, un millier de tonnes de kola exportées vers les pays voisins). L’élevage est déficitaire (importations, pour la plupart clandestines, de Guinée), la pêche, peu développée.

Les productions minières ont fourni en 1970 plus de 70 p. 100 en valeur des exportations : diamants dans les régions de Bo et Kenema, Tongo et Yengema (63,4 p. 100 des exportations) ; minerai de fer de Marampa (1,6 Mt de fer, 13 p. 100 des exportations) ; rutile de Gbangbama, exploité par une société américaine (2,4 p. 100), et bauxite de Mokanji Hills, exploitée par une société suisse (470 000 t ; 1,9 p. 100). L’exploitation de l’or est pratiquement abandonnée.