Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Atlantique (océan) (suite)

Les bassins et les seuils

Mis à part les deux « méditerranées » (Méditerranée et mer des Caraïbes avec le golfe du Mexique), dont l’origine est différente, les bassins proprement océaniques peuvent être répartis en deux ensembles.

Les bassins occidentaux

• bassin du Groenland (3 830 m), entre les seuils de Nansen (fosse du Fram, 5 335 m) et du Groenland (détroit du Danemark, environ 1 000 m) ;

• bassin Labrador-Terre-Neuve (5 819 m), entre les seuils Groenland-Canada et Labrador-Terre-Neuve ; la partie centrale est occupée par une plaine abyssale prolongée par un cañon ;

• bassin nord-américain, formé de trois grandes plaines abyssales (Sohm, 6 794 m ; Hatteras, 6 399 m ; Nares, 6 995 m) communiquant par des passes (passe Vema), disposées autour du seuil des Bermudes, prolongé par les montagnes Kelvin (878 m) et Corner (1 148 m) ; la ride des Bahamas sépare la plaine de Nares de la fosse de Porto Rico (9 209 m) ;

• bassin des Guyanes, constitué de deux plaines abyssales (de Demerara, 5 443 m ; du Ceara, 6 399 m) séparées par l’accumulation sous-marine édifiée par l’Amazone et le seuil de Belém (677 m) ;

• bassin du Brésil, situé entre les seuils de São Roque (île de Fernando de Noronha et atoll das Rocas) et du Rio Grande ; les plaines abyssales de Recife (6 164 m) et de Martin Vaz (6 027 m) sont séparées par une crête étroite portant les îles de Trinidad et de Martin Vaz (Brésil) ;

• bassin argentin, très large, occupé à l’ouest par une étroite plaine abyssale (6 212 m) ; au sud, la ride des Falkland isole la fosse des Sandwich du Sud (8 264 m) ;

• bassin atlantico-antarctique, en partie occupé par la plaine abyssale de Weddell. (V. Antarctique.)

Les bassins orientaux

• bassin de Scandinavie, avec la plaine abyssale de Norvège, limité au sud par le seuil Féroé-Islande, prolongé vers le sud par une suite de bancs, dont les bancs Porcupine et Rockall ;

• bassin ouest-européen, composé, au nord, de trois plaines (Porcupine, plus de 5 000 m ; de Gascogne, 5 365 m ; ibérique, 5 708 m) reliées par des passes (passe Theta) et, au sud du banc de Galice (565 m), par une chaîne de petites plaines (du Tage, 5 402 m ; Horseshoe, 5 633 m ; Seine, 4 603 m) isolées par des hauts-fonds (bancs : Joséphine, 150 m ; Gorringe, 33 m ; Ampère, 40 m ; Seine, 183 m) prolongeant vers l’est le seuil portant Madère ;

• bassin ouest-africain, avec les plaines abyssales de Madère (6 578 m) et du Cap-Vert ; passé le seuil du Cap-Vert, les plaines de Gambie (5 300 m) et de Sierra Leone (6 040 m), qui entourent le seuil de Sierra Leone (1 109 m) ;

• bassin de Guinée (5 222 m), limité à l’est par le seuil du même nom (2 247 m) ;

• bassin d’Angola, au nord du seuil de Walvis (892 m) ;

• bassin du Cap (5 220 m), jusqu’au seuil du même nom (banc Schmidt-Ott, 1 555 m), qui le sépare du bassin Agulhas, qui appartient à l’océan Indien.


L’eau et la vie atlantiques

L’eau dans l’océan Atlantique est soumise à deux influences dynamiques principales.

L’une est astronomique. C’est une attraction engendrant une onde de marée dont le rythme est semi-diurne (sur la façade européenne) ou mixte à prédominance semi-diurne (sur les façades nord-américaine et argentine). L’onde semi-diurne l’emporte donc, car l’Atlantique, trop profond et trop étroit, ne tolère pas une oscillation quotidienne. Seuls les golfes du Mexique et de Finlande connaissent une marée diurne. Dans l’hémisphère austral, l’onde de marée progresse vers le nord tout en augmentant graduellement d’amplitude, dont le maximum est atteint au passage de l’étranglement équatorial. Passée dans notre hémisphère, l’onde adopte un mouvement de rotation dans le sens des aiguilles d’une montre. Dans les mers bordières comme celles de l’Europe du Nord-Ouest, elle devient progressive et se résout en petits circuits de circulation autonome.

L’autre influence est atmosphérique. À partir des masses anticycloniques (une pour chaque hémisphère), qui oscillent autour d’une position moyenne selon les saisons, les vents soufflent vers les régions de basses pressions, constituées d’une part par les cellules équatoriales ou les alizés, affluant le long du front intertropical, d’autre part par les zones subpolaires, occupées par un front où naissent et circulent des trains de dépressions activement creusées. Si les cellules de hautes pressions entretiennent un climat sec, parfois brumeux, car fortement évaporatoire, les régions « dépressionnaires » sont au contraire pluvieuses (plus de 2 m de pluies dans les latitudes équatoriales) et fortement perturbées, surtout dans l’hémisphère Sud. Tout le système météorologique ainsi décrit subit un balancement saisonnier dont l’amplitude est plus grande dans l’Atlantique Nord, beaucoup plus « continentalisé ».

• Les masses d’eau. Les nuances régionales du bilan thermique de l’eau de surface ne sont pas directement transcrites dans les caractéristiques des masses d’eau atlantiques à cause de l’importance des échanges tant verticaux qu’horizontaux.

Au point de vue thermique, on considère que l’Atlantique Nord est le plus chaud, car il est moins ouvert à la pénétration des eaux polaires et plus « continentalisé » ; mais il doit surtout son avantage à l’arrivée des eaux de l’hémisphère Sud, détournées vers le nord par le cap São Roque. L’Atlantique connaît donc, à cause de sa forme, un important transfert énergétique en faveur de l’hémisphère boréal. En outre, un contraste est-ouest vient encore compliquer la disposition zonale des masses d’eau : aux latitudes hautes et moyennes, la température est plus basse le long des côtes américaines, soumises à l’influence de courants venus des pôles. C’est l’inverse qui se produit aux latitudes tropicales et subtropicales, où les courants frais et les mouvements d’ascendance (upwelling) prédominent sur la façade africaine. Si l’on met à part les régions côtières, où l’oscillation thermique annuelle est très forte, on distinguera pour la haute mer les masses d’eau suivantes, classées selon la valeur de l’amplitude : les eaux froides, où les variations sont les plus faibles, car la fonte de la glace de mer vient consommer le surcroît de la radiation estivale ; les eaux tropicales, les plus chaudes, mais qui ne connaissent qu’une amplitude restreinte, à l’image de celle de l’air ; les eaux tempérées, qui subissent les plus grands écarts saisonniers.

Ces deux dernières masses d’eau, épaisses d’environ 400 m, sont superposées aux eaux froides, qui occupent tout le reste du lit océanique : le contact est exprimé en surface par un front hydrologique (dit « polaire ») et en profondeur par une couche de saut (ou thermocline).