Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

sexe (suite)

Certaines maladies peuvent avoir un retentissement sexuel, soit en perturbant la fonction endocrinienne — telles les lésions hypophysaires, thyroïdiennes, surrénaliennes et toutes les grandes atteintes de l’état général, en particulier l’alcoolisme, les grandes dénutritions et les cachexies —, ou bien en perturbant la fonction neurologique de l’acte sexuel, que le point de départ en soit cérébral ou médullaire (moelle épinière).


Maladies héréditaires liées au sexe

Certaines maladies héréditaires (hémophilie*, daltonisme) sont liées au sexe et transmises par les chromosomes X ou Y. Trois types d’hérédité sont possibles :
— l’hérédité partiellement liée au sexe, le gène étant ici porté par le fragment commun des deux chromosomes X et Y ;
— l’hérédité holandrique, le gène étant ici porté par le fragment particulier au chromosome Y (la transmission est donc stricte de père en fils, ce type de transmission est rare) ;
— l’hérédité absolue liée au sexe ; c’est le type le mieux individualisé ; le gène est ici porté par le fragment particulier au chromosome X ; cette hérédité est rarement dominante (v. chromosome et génétique).


Morbidité générale selon le sexe

En dehors de toute hérédité, certaines maladies touchent plus fréquemment l’homme ou la femme, soit par prédisposition organique mal connue, soit en rapport avec certaines activités plus spécifiques à l’un ou l’autre sexe. Si l’on considère les grands fléaux actuels, on s’aperçoit que leur répartition selon le sexe peut varier dans des proportions allant de 1/2 à 1/10. Les maladies de l’appareil circulatoire sont actuellement la première cause de décès dans les pays riches. Elles touchent principalement les hommes de quarante-cinq à cinquante-cinq ans, avec des taux de mortalité en 1973 allant de 429 (Provence) à 637 p. 100 000 (Nord), alors que, pour les femmes, le taux de mortalité moyen se situe vers 360 p. 100 000. Le cancer représente environ 110 000 décès par an en France actuellement. En 1964, les chiffres exacts recensés étaient 52 395 décès masculins, soit 226 p. 100 000, et 44 836 décès féminins, soit 184 p. 100 000. Cette cause de mortalité est en progression d’environ 30 p. 100 tous les dix ans. Cela est dû au fait que la vie est plus longue, le dépistage plus fréquent et la population en augmentation. Si, en nombre absolu, le cancer touche plus souvent l’homme que la femme, il faut préciser qu’entre vingt et cinquante ans les femmes sont plus souvent atteintes que les hommes, car les cancers des organes génitaux touchent essentiellement les femmes jeunes et les hommes âgés. Chez l’homme, les cancers les plus fréquents sont, dans l’ordre, le cancer cutané, le cancer pulmonaire, le cancer prostatique et le cancer gastrique ; chez la femme, ce sont les cancers du sein, de l’utérus, de la peau et de l’intestin. La mortalité la plus élevée s’observe chez l’homme à l’occasion de cancer pulmonaire, gastrique ou prostatique et chez la femme à l’occasion de cancer du sein, de l’utérus ou de l’intestin. L’alcoolisme et la cirrhose du foie représentent également une cause de mortalité très importante en France, avec des taux variables selon la région. Les proportions vont, pour l’homme, de 38,7 p. 100 000 en Bretagne à 4 p. 100 000 dans le Languedoc et, pour la femme, de 8,7 p. 100 000 en Bretagne à 1,1 p. 100 000 en Provence-Côte-d’Azur. Les maladies de l’appareil respiratoire touchent en moyenne deux hommes pour une femme. En dehors du cancer bronchopulmonaire, deux affections sont particulièrement en cause : la tuberculose, dont le taux de mortalité a baissé de façon spectaculaire (24 282 décès en 1950, 3 729 en 1971), mais dont la morbidité (nombre de malades) reste toujours importante ; la bronchite chronique, qui, au contraire, est une maladie en voie d’extension et qui est responsable en France d’environ 16 millions de journées de travail perdues par an. Certaines maladies générales ou métaboliques ont également une répartition différente selon le sexe, telles que les collagénoses (v. conjonctif), dont on trouve 80 p. 100 des cas chez des femmes de trente à trente-cinq ans, et la goutte, qui touche environ dix hommes pour une femme. Enfin, les morts violentes sont environ deux fois plus fréquentes chez l’homme que chez la femme. En 1971 les suicides représentaient 5 534 décès chez l’homme contre 2 248 chez la femme.

D. P.

➙ Chromosome / Fécondation / Frigidité / Génital / Grossesse / Hermaphrodisme / Hormone / Menstruation / Ovaire / Puberté / Sexualisation / Sexualité / Sperme / Stérilité / Testicule / Utérus.

 J. Vague, la Différenciation sexuelle humaine, ses incidences en pathologie (Masson, 1952). / P. Chauchard, la Vie sexuelle (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1957 ; 6e éd., 1969). / A. Aimes, Pour comprendre les changements de sexe (E. S. F., 1961). / D. Federman, Abnormal Sexual Development (Philadelphie, 1967).

sexualisation

Différenciation sexuelle de l’embryon, qui commence dès la fécondation et se poursuit, plus ou moins tardivement selon les groupes taxinomiques, jusqu’à l’édification de sujets sexués.



Introduction

Chez les animaux gonochoriques (à sexes séparés), deux sexes se différencient, le sexe mâle et le sexe femelle. Les Vertébrés sont gonochoriques, sauf quelques cas exceptionnels d’hermaphrodisme*.

La différence sexuelle des organismes se manifeste à divers niveaux : caractères sexuels germinaux, caractères sexuels somatiques primaires, caractères sexuels somatiques secondaires.

Les caractères sexuels germinaux sont définis par la nature des glandes génitales, ou gonades (testicules chez le mâle, ovaires chez la femelle), qui produisent les gamètes : spermatozoïdes ou gamètes mâles (spermatogenèse), ovules ou gamètes femelles (ovogenèse). Les gamètes mâles et femelles diffèrent grandement ; le spermatozoïde, mobile, ne possède pas de réserves ; l’ovule, grosse cellule immobile, riche en réserves, porte un important noyau, la vésicule germinative. Ce dimorphisme gamétique favorise la rencontre des gamètes et, partant, la fécondation.

Les caractères sexuels somatiques primaires participent à la reproduction et comprennent les voies génitales, qui assurent le transport des gamètes, et les dispositifs d’accouplement (organes génitaux externes).