Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Seurat (Georges) (suite)

Les dernières œuvres, le Chahut, le Cirque, font au contraire une place importante à des lignes obliques et serpentines ainsi qu’à la représentation de mouvements rapides. Elles reflètent les théories de Charles Henry sur le dynamisme de certains rythmes linéaires et sur leur signification psychologique, mais aussi le goût déclaré de Seurat pour les affiches* de Jules Chéret et les estampes japonaises. Le Chahut annonce certains développements du cubisme* (Braque en aura la reproduction dans son atelier) et du futurisme* (Giacomo Balla).

Les dessins de Seurat ne le cèdent pas en importance à ses peintures, et celui-ci en avait conscience, car il en faisait figurer dans ses envois aux Salons. Les nuances subtiles de sa sensibilité s’y expriment plus librement que dans les toiles, fruits de spéculations intellectuelles complexes. L’emploi de la couleur y est rare, de même que celui de la plume. La plupart des quelque cinq cents dessins conservés sont exécutés au crayon Conté sur du papier Ingres. Le gros grain de la feuille accroche le noir sur les reliefs, et des points blancs sont ainsi ménagés dans les creux ; les volumes sont dégagés progressivement par l’épaississement des masses d’ombre. Une partie des dessins sont des copies exécutées par Seurat, à ses débuts, comme exercices d’après Holbein, Poussin, Ingres, les antiquités gréco-romaines ; d’autres dessins sont des études préliminaires en vue des grandes compositions ; mais, pour la plupart, il s’agit d’œuvres autonomes qui ne renvoient qu’à elles-mêmes et à la perfection de leur achèvement. La structure des formes est aussi affirmée que dans les tableaux, mais les sujets n’ont plus la même complexité : personnages isolés, paysages dépouillés, quelques accessoires ; ils baignent dans une atmosphère ouatée, silencieuse, et leur présence ne se manifeste que par des condensations de zones d’ombre. Cette poétique du mystère, qu’Henri Focillon qualifiera d’« irréalisme féerique », Seurat l’atteint inconsciemment ; elle lui est donnée au-delà de ses exigences infinies de rigueur, au-delà de son refus de tout abandon aux séductions de l’irrationnel. Un émerveillement devant le réel le plus quotidien donne son étrange séduction à cet univers en blanc et noir. L’influence en sera aussi importante que celle des peintures.

M. E.

➙ Néo-impressionnisme.

 H. Dorra et J. Rewald, Seurat. L’œuvre peint, biographie et catalogue critique (Bibl. des arts, 1960). / C. M. de Hauke et P. Brame, Seurat et son œuvre (Gründ, 1962 ; 2 vol.). / F. Minervino, L’Opera completa di Seurat (Milan, 1973 ; trad. fr. Tout l’œuvre peint de Seurat, Flammarion, 1973).

sève

Liquide aqueux qui circule dans les plantes.


On distingue deux sèves chez les végétaux vasculaires : la sève brute, contenant le plus souvent des sels minéraux en solution aqueuse et trouvant son origine au niveau des racines ; la sève élaborée, plus visqueuse, avec une proportion importante de matières organiques, glucides surtout, provenant des organes verts ou de réserves.


La sève brute

On obtient de la sève brute pure par incision de l’aubier, mais, si l’on ne prend pas des précautions spéciales, un peu de sève élaborée et d’autres sécrétions peuvent alors s’y mélanger.

La composition de la sève brute est extrêmement variable suivant la partie de la plante où a été fait le prélèvement, le lieu, la saison et l’espèce. On a l’habitude de considérer que ce n’est qu’une solution (5 g/l) de sels minéraux contenant des ions K+, Ca++, Na+, Mg++, des sulfates et des chlorures principalement. Cependant, dans de nombreux cas, on trouve des quantités appréciables de matière organique. Au printemps, lorsque les réserves sont solubilisées, elles se déversent dans les vaisseaux du bois en quantité non négligeable : 1 p. 100 de la composition totale chez le Houx, de 4 à 5 p. 100 chez l’Érable à sucre (un arbre pouvant fournir annuellement 2 kg environ de sucre cristallisé), À l’automne, la circulation d’une partie des réserves qui vont s’accumuler dans le parenchyme ligneux et les rayons médullaires se fait par la sève brute.

Pour connaître les voies empruntées par les différentes substances au cours de leur passage dans la plante, on peut réaliser des expériences de décortication annulaire ayant pour objet de supprimer l’écorce, le xylème ou le phloème. On peut également suivre des éléments radioactifs fournis à la plante. Il résulte de ces observations que la totalité des matières minérales ne passe pas dans les vaisseaux du bois et que certaines substances organiques utilisent cette voie. Par contre, les tubes criblés et les tissus voisins des vaisseaux participent à la conduction des substances minérales, parfois même transformées en cours de route ; des échanges peuvent avoir lieu entre ces tissus tout le long du parcours.

L’eau et les substances minérales sont absorbées au niveau de l’assise pilifère dans les racines jeunes et, de là, atteignent d’une manière soit active, soit passive les vaisseaux du cylindre central (v. absorption) ; la sève brute qui se rassemble là subit alors un mouvement ascensionnel qui va la conduire aux divers organes. (La structure des vaisseaux lignifiés est étudiée à l’article tissu végétal et leur localisation aux articles racine et tige.)

On a pu mesurer la vitesse de parcours de la sève à l’intérieur des vaisseaux du bois en suivant le déplacement de substances colorées, du lithium ou de sels radioactifs ; des mesures de températures permettent également de déceler le passage de la sève qui a été réchauffée en un point de la tige. On a trouvé des vitesses qui varient de quelques décimètres à l’heure ou même moins à plus de 100 m à l’heure. Ces variations sont liées d’une part à l’espèce (Tabac : 1,50 m/h ; Légumineuses : de 1,50 à 4,50 m/h ; Chêne, Hêtre : de 1 à 50 m/h ; Conifères : de 5 cm à 5 m/h ; Lianes : de 5 à 150 m/h). Elles dépendent également du diamètre interne des vaisseaux (de 40 à 100 m/h dans les vaisseaux parfaits) et de la surface de l’anneau de bois où la conduction peut se faire : chez le Chêne, la vitesse est forte, mais les vaisseaux cessent rapidement de fonctionner ; par contre, chez le Bouleau, la conduction est beaucoup plus lente et la durée de fonctionnement des unités vasculaires beaucoup plus longue. Dans un même végétal, on observe des variations en fonction des périodes de l’année (accélération au printemps et ralentissement progressif à la fin de l’été), de l’heure de la journée (au milieu du jour, au moment où la transpiration est maximale, il y a accélération) et de l’organe de la plante où ont été faites les mesures. (La vitesse diminue vers les extrémités dans de nombreuses espèces.)

On explique la montée de la sève par divers mécanismes : aspiration foliaire, poussée radiculaire, forces de cohésion, capillarité...