Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Séoul (suite)

La ville proprement dite abrite aujourd’hui plus de 5,5 millions d’habitants, et le district métropolitain 8 millions, chiffre qui atteindra 13 millions d’ici dix ans. Séoul aura alors 7,5 millions d’habitants et c’est en fonction de ces chiffres que le réseau du futur métro a été tracé. Il sera achevé en dix ans (1971-1980) et se composera de trois lignes représentant un total de 65 km. Deux nouvelles lignes, à construire en 1981-82, porteront cette longueur à 135 km. À la manière des métros de Berlin ou de Tōkyō, la liaison se fera directement avec les voies ferrées suburbaines. Celles-ci doivent être progressivement électrifiées, notamment la ligne d’In-č’ŏn. Ce métro doit décongestionner les rues de la capitale, où les autobus et les taxis représentent 90 p. 100 du trafic.


Les fonctions

L’industrie se fonde non sur la présence de matières premières ou de sources d’énergie, mais sur la proximité du port d’In-č’ŏn et la présence d’une main-d’œuvre et d’un marché de consommation considérables, ainsi que sur celle du gouvernement et des organismes bancaires. Traditionnellement, la vieille capitale possédait les artisanats brillants des résidences impériales asiatiques : soierie, travail de l’or et de l’argent, laque, etc. Ce furent les Japonais qui développèrent systématiquement une région manufacturière autour du centre de leur nouvelle possession : surtout les fabriques de papier, les usines de produits alimentaires et les textiles, soie et coton, dont la production était encouragée dans les campagnes. Vers la fin de la période japonaise, de grandes rizeries s’élevèrent à In-č’ŏn, toutefois les industries lourdes demeuraient peu nombreuses et Séoul est restée jusqu’aux années 1960 un centre de fabrications légères et de matériel de transport. De nombreuses usines de dimensions restreintes y fabriquaient encore des articles en caoutchouc (chaussures, pneumatiques, isolants), de la céramique et du verre, de l’appareillage électrique, des vêtements ; enfin, l’édition y était prospère en raison de la fonction publique et intellectuelle.

À la fin de la guerre, l’indépendance recouvrée, les industries de Séoul souffrirent surtout du manque de main-d’œuvre spécialisée, et aussi de l’inflation. Un autre élément de gêne fut la coupure brutale des fournitures d’énergie hydro-électrique du Nord après mai 1948. Actuellement, ce sont toujours les activités fondées sur un large emploi de main-d’œuvre qui caractérisent la région manufacturière de la capitale, le port d’In-č’ŏn important les matières premières nécessaires et le pétrole, qui fournit l’essentiel de l’énergie. La grande industrie se concentre sur le littoral, surtout des cimenteries et la pétrochimie. Toutefois, les plans actuels visent à déconcentrer cette activité loin des deux agglomérations de Pusan et de Séoul, et le deuxième plan quinquennal prévoit la création d’une quinzaine de bases industrielles établies en divers points du littoral ainsi que dans l’intérieur, à Tä-gu (ou Taegu) et Tä-čŏn (ou Taejon). Une autoroute relie depuis mars 1970 la capitale au grand port méridional de Pu-san, face au Japon, et double l’ancienne voie ferrée elle-même, dotée récemment de trains rapides et sillonnée de trains de marchandises unissant les quais de Pu-san à la zone manufacturière de Séoul. Aux portes de la ville, l’aéroport international de Kim-p’o unit la cité aux capitales voisines d’Asie orientale, et une ligne d’avions-cargos Séoul - Los Angeles a été ouverte en avril 1971.

J. P.-M.

➙ Corée.

séparation des Églises et de l’État (loi de)

Acte du 9 décembre 1905 qui institue en France un régime dans lequel l’État, considérant la religion comme une manifestation individuelle, d’ordre privé, lui laisse toute liberté, sous le droit commun.



Les origines

Les relations entre le Saint-Siège et la France républicaine, laïque et concordataire prennent un tour nouveau lors de l’avènement de Pie X* (4 août 1903). Tout de suite, un conflit éclate à propos de la nomination des évoques. S’appuyant sur le texte du concordat* de 1801, le gouvernement français (présidé par Émile Combes [1835-1921] depuis 1902) prétend avoir le droit de procéder aux nominations en dehors de toute participation du pape, qui garde, bien sûr, le privilège de l’institution canonique. En fait, Combes ne tient pas compte d’une coutume, née au début de la IIIe République* et constamment observée depuis, qui veut que le gouvernement informe le nonce des nominations projetées, en vue d’observations possibles.

En décembre 1902, Combes, au lieu de communiquer au nonce, Mgr Lorenzelli, les « nominations que le gouvernement se propose de faire », l’avise brutalement qu’il « a résolu les nominations suivantes... ». Aussitôt, le Saint-Siège récuse ces nominations faites unilatéralement. Puis une transaction est trouvée et Rome, le 6 avril 1904, se résout à accepter la moitié des nominations.

Or, voici que, dans le cadre du rapprochement italien, à la visite de Victor-Emmanuel III à Paris (oct. 1903) répond celle du président Émile Loubet à Rome (avr. 1904). Pie X refuse de recevoir le chef de l’État français. Le 28 avril, le secrétaire d’État, le cardinal Merry del Val, envoie aux chancelleries une note hautaine qui, le 17 mai, est publiée par Jaurès dans l’Humanité. L’ambassadeur Nisard réclame des explications au secrétaire d’État du pape, qui biaise. Alors Théophile Delcassé, ministre des Affaires étrangères, met l’ambassadeur en congé : la Chambre française l’approuve à une forte majorité le 27 mai.

Ces conflits, entretenus par la malveillance systématique de Combes et la maladresse de Merry del Val, sont aggravés par les écarts de conduite de deux évêques français, républicains de surcroît : Mgr Geay, de Laval, et Mgr Le Nordez, de Dijon. Combes proteste contre leur convocation à Rome comme étant contraire aux stipulations du Concordat ; le 30 juillet, le gouvernement français prend prétexte de cet incident pour décider « de mettre fin à des relations qui, par la volonté du Saint-Siège, se trouvent être sans objet ».