Sens (suite)
L’érection d’une commune en 1146 fut la cause de troubles graves, et les bourgeois massacrèrent l’abbé de Saint-Pierre-le-Vif, Herbert, qui s’y était opposé. Louis VII supprima la commune, mais son fils Philippe II Auguste la rétablit et, en 1189, il lui octroya une charte. En 1235, Louis IX augmenta encore ses pouvoirs et ses privilèges. La commune, supprimée en 1318, fut remplacée en 1474 par un échevinage, institué par Louis XI.
Durant les guerres de Religion, la ville se montra ardente ligueuse et, en 1590, résista vigoureusement à Henri IV, qui ne put s’en emparer, et Sens n’ouvrit ses portes au roi qu’en 1594.
En 1814, la ville, défendue par le général Allix, fut prise, grâce à une trahison, par les troupes wurtembergeoises. Les Allemands l’occupèrent de nouveau de novembre 1870 à mars 1871.
P. R.
L’art à Sens
Les collections du musée archéologique, les tours et les murs de l’enceinte de la fin du iiie s. témoignent de l’activité artistique à Sens dans l’Antiquité, mais les œuvres d’art les plus importantes de la ville datent du Moyen Âge et rappellent la grandeur de ses archevêques.
La cathédrale, entreprise vers 1130 dans un style encore roman, fut modifiée en cours de construction pour devenir la première en date des grandes cathédrales gothiques, avec un ample vaisseau à trois étages portés sur des colonnes jumelles et des piles alternées, couvert de voûtes sexpartites. Des sculptures remarquables de la fin du xiie s., comme le Saint Étienne de la porte centrale, voisinent aux portails avec des œuvres de la fin du xiiie s., exécutées après l’écroulement de la tour méridionale de la façade en 1267-68. Les fenêtres hautes ont été agrandies, des chapelles se sont greffées sur le pourtour de l’église, et un transept a été ajouté à partir de 1490 sous la direction de Martin Chambiges († 1532), sans modifier l’aspect grandiose de la nef du xiie s. De nombreuses sculptures, statues, retables et tombeaux, des vitraux des xiie, xiiie, xive et xvie s. enrichissent la cathédrale. Enfin, celle-ci a conservé un des plus beaux trésors de France, avec de précieux tissus orientaux et des vêtements liturgiques du Moyen Âge, des tapisseries exceptionnelles de la seconde moitié du xve s. (l’Adoration des Mages, les Trois Couronnements), des coffrets d’ivoire, le peigne liturgique dit « de saint Loup » et des pièces d’orfèvrerie. À droite de la cathédrale se dresse l’ancienne officialité, imposant édifice du xiiie s. à deux étages voûtés (musée lapidaire).
D’autres églises subsistent dans la ville : Saint-Savinien, qui remonte au xie s., Saint-Jean, dont le chœur du xiiie s. sert de chapelle à l’hôpital, Saint-Maurice, église du xiie s. modifiée au xvie, Saint-Pierre-le-Rond, orné de vitraux du xvie s. À côté de ces édifices religieux, il faut noter des restes de l’art civil, en particulier quelques maisons Renaissance, la maison dite « d’Abraham », la maison du Pilier et le musée Jean Cousin*, qui abrite des souvenirs de ce peintre verrier originaire de Sens.
A. P.
➙ Yonne.
G. Morin, Histoire générale des pays de Gastinois, Senonois et Hurepoix (P. Chevalier, 1630 ; rééd., Champion, 1883-1889, 3 vol.) / T. Tarbé, Recherches historiques et anecdotiques sur la ville de Sens (Sens, 1838). / E. Chartraire, la Cathédrale de Sens (Laurens, 1964).