Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

sélection animale (suite)

• Le croisement d’amélioration. Il consiste à effectuer un apport passager de sang améliorateur d’une race donnée dans une autre population sans parenté avec elle. On cherche donc, dans ce type de croisement, à introduire des gènes améliorateurs d’une race donnée dans une autre, sans modifier trop profondément la constitution génétique de cette dernière. Exemple : introduction de gènes de la race bovine laitière Holstein-Friesian de l’Amérique du Nord dans les races laitières pie noires européennes.

• Le croisement continu. On utilise, génération après génération, des reproducteurs mâles d’une race sur une autre race, qui se trouve donc progressivement remplacée par la première. On opère ainsi pour substituer progressivement à une population locale dont les aptitudes économiques sont médiocres une race à meilleure productivité.

• Le croisement industriel. Son objectif est l’exploitation commerciale des animaux de la première génération qui ne sont pas livrés à la reproduction. On peut, par exemple, croiser un bélier de race spécialisée pour la production de viande avec des brebis de races locales, rustiques, fécondes et bonnes laitières en vue de la production d’agneaux de boucherie ou encore un taureau de race à viande avec des vaches laitières pour associer les productions de viande et de lait dans un même troupeau. Toutefois, le croisement industriel nécessite un réapprovisionnement continu en femelles de race pure, soit par l’achat de sujets à l’extérieur, soit par l’entretien d’un troupeau spécial pour assurer le renouvellement. Il peut donc constituer un danger pour la race des mères lorsqu’il est pratiqué à une échelle trop importante pour permettre le renouvellement ou la sélection de cette race.

• Le croisement à double étage. Il utilise des femelles croisées que l’on fait reproduire avec des mâles d’une troisième race. Il pose, lui aussi, le problème de l’approvisionnement en femelles croisées, mais a l’avantage de permettre de bénéficier de l’effet d’hétérosis sur les caractères de reproduction de ces femelles ainsi que de l’effet de complémentarité entre la femelle croisée et le mâle. Toutefois, une difficulté inhérente à ce croisement est le report d’une grande partie du bénéfice commercial en deuxième génération seulement ; ce type de croisement ne peut donc se développer qu’au sein d’une organisation qui permette une juste répartition des revenus entre les deux étages de croisement.

Les deux méthodes d’utilisation des reproducteurs, race pure et croisement, ne sont, en aucune manière, exclusives l’une de l’autre, le produit croisé étant, en définitive, d’autant meilleur que l’on part de races parentales de qualité.


Élevage en hybridation

Les produits de l’hybridation, accouplement de reproducteurs appartenant à des espèces différentes, sont généralement inféconds ou de fécondité réduite. Les exemples les plus connus se rapportent aux Équidés : le mulet résulte de l’accouplement du baudet et de la jument, alors que le bardot résulte de l’accouplement inverse (étalon × ânesse). De même utilise-t-on, dans les zones chaudes, les hybrides entre les Bovins et les Zébus, qui eux, sont féconds.


Diffusion du progrès génétique et organisation de la sélection

La sélection est une action collective qui met en jeu, outre les animaux qui en constituent l’objet :
— des éleveurs, parmi lesquels on peut généralement distinguer des sélectionneurs, des multiplicateurs et des utilisateurs ;
— des organismes, dont la nature et l’objet sont variables (contrôle des performances, insémination artificielle, sélection et promotion de race) ;
— des infrastructures (stations de sélection).

L’action de ces personnes ou de ces associations demande à s’intégrer dans un plan d’ensemble, garantie de l’efficacité du schéma global. C’est d’ailleurs là un des rôles de l’État, en liaison étroite avec les organismes professionnels intéressés, de mettre au point une réglementation et de l’adapter en permanence à l’évolution des connaissances et des techniques, hormis dans les domaines où la concertation est suffisante pour rendre cette réglementation sans objet (cas de l’aviculture).

Il faut, en particulier, veiller à ce que :
— grâce au choix des reproducteurs, on utilise harmonieusement les différentes méthodes de sélection possibles en vue de créer un progrès génétique annuel maximum ;
— ce progrès génétique puisse être cumulé à chaque génération, ce qui suppose que les reproducteurs candidats à la sélection à une génération donnée soient issus des meilleurs reproducteurs de la génération précédente ;
— ce progrès génétique diffuse rapidement au niveau des producteurs commerciaux, ce qui est lié notamment à l’expansion de l’insémination artificielle et, plus généralement, au contrôle du commerce des reproducteurs.

Il est évident qu’un tel programme requiert une structure : la structure génétique peut ainsi modeler la structure de production lorsque celle-ci n’existe pas ou se met en place, tout comme elle peut s’adapter à des structures de production déjà existantes. Ainsi, l’amélioration génétique fait et fera de plus en plus partie intégrante de l’organisation de l’élevage.

J. B.

 V. A. Rice et coll., Breeding and Improvment of Farm Animals (New York, 1926 ; 6e éd., 1967). / J. L. Lush, Animal Breeding Plans (Ames, Iowa, 1937 ; 3e éd., 1960). / L. Gallien, la Sélection animale (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1949 ; 3e éd., 1967).


Hybridation des races animales

Croisement de deux espèces ou même deux genres différents.

Le terme d’hybridation s’applique également au croisement de deux races, de deux variétés ou même de deux individus différents ; ces derniers croisements s’effectuent en général afin d’obtenir un caractère ou une qualité que l’on recherche spécialement.


Les lois de Mendel

L’expérience fondamentale a été réalisée par Mendel sur des Pois. Les lois de l’hybridation (ou de l’hybridisme, ou de l’hérédité, ou de Mendel) seront exposées en choisissant des croisements animaux, qui sont plus aisés à interpréter que les croisements végétaux.