Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Scitaminales ou Zingibérales

Ordre de plantes monocotylédones qui comprend les familles des Musacées, des Zingibéracées, des Cannacées et des Marantacées, la première étant parfois subdivisée en trois : les Musacées sensu stricto, les Strelitziacées et les Lowiacées.


Les plantes de cet ordre, toutes exotiques, ont de nombreuses caractéristiques communes : elles sont herbacées, parfois très grandes (Bananier), à feuilles alternes, entières, leurs pétioles étant plus ou moins emboîtés les uns dans les autres, formant ainsi un tube d’où sort l’axe de l’inflorescence. Leurs fleurs, construites sur le type trois, sont le plus souvent incomplètes et donc dissymétriques ; l’ovaire est toujours en position infère. Certains auteurs pensent que cet ordre dériverait d’un ensemble primitif (voisin des Liliales) ; d’autres envisagent une évolution à partir des Alismatales à travers les Commélinales et les Broméliales.


Musacées

Considérée dans son sens large, la famille des Musacées comprend cinq genres et près de cent cinquante espèces. Le genre Musa (Bananier) est de beaucoup le plus important par le nombre de ses espèces et son incidence économique. Ces espèces sont de grandes plantes herbacées à longues feuilles, dont les gaines forment un tube d’où sort l’inflorescence, un épi, qui s’infléchit vers le bas ; cet épi peut avoir jusqu’à vingt mille fleurs, groupées à l’aisselle de bractées disposées en spirale. À la base de l’inflorescence se localisent les fleurs femelles, puis au-dessus les hermaphrodites et au sommet les mâles ; ces fleurs sont bilabiées, à cinq pièces plus ou moins soudées, où l’on ne distingue pas les trois sépales des deux pétales ; les étamines sont au nombre de deux, et l’ovaire est à trois loges ; le fruit est une grande baie allongée de section triangulaire, remplie d’une pulpe charnue, à l’intérieur de laquelle se trouvent les graines dans les espèces sauvages. Dans ce genre, on distingue quatre sections, dont deux sont importantes. L’une, Eu-musa, à onze chromosomes, rassemble les espèces à fruits comestibles. L’autre, Calli-musa, à dix chromosomes, est surtout connue par deux espèces : Musa textilis, des Philippines, qui produit le « Chanvre de Manille », et M. ensete, espèce ornementale, qui peut être cultivée en pleine terre dans les régions de l’ouest et du midi de la France ; les pétioles et les nervures de cette espèce sont rouge sang et lui donnent un aspect curieux. Les Bananiers cultivés dériveraient de trois espèces : M. acuminata, d’Indo-Malaisie, qui produit les bananes légumes ; M. sapientum, probablement d’origine hybride entre la précédente et la suivante, dont une variété donne les bananes de Côte-d’Ivoire, petites et de couleur jaune vif ; enfin M. balbisiana, également d’Indo-Malaisie.

À côté du genre Musa, il faut citer les genres Strelitzia et Ravenala, réunis parfois dans la famille des Strelitziacées ; ces plantes ont leurs feuilles distiques (opposées sur deux rangs, dans un même plan). Les Strelitzia (Oiseaux de paradis) [4 espèces en Afrique du Sud] sont des plantes très ornementales grâce à leurs fleurs irrégulières très curieuses, en forme d’Oiseau. L’espèce la plus connue, S. reginæ, possède des fleurs, groupées par huit à dix dans une grande spathe aiguë, qui ont des sépales jaunes-orangé et des pétales d’un bleu outremer. Les Ravenala (Arbres des voyageurs) [2 espèces] se trouvent à Madagascar-Réunion pour une espèce et Amazonie pour l’autre ; leur nom vulgaire d’Arbre des voyageurs est dû à la présence d’importantes réserves d’eau dans les gaines de leurs feuilles ; leur port en éventail est tout à fait remarquable. Un dernier genre, Heliconia, possède soixante espèces dans les régions de l’Amérique tropicale ; les feuilles, à très longs pétioles engainants, sont amples ; les fleurs sont brillamment colorées et réunies en grappes unilatérales ; quelques-unes de ces espèces sont ornementales et cultivées surtout en serres chaudes.


Zingibéracées

La famille des Zingibéracées (50 genres et 1 500 espèces) se distingue de la précédente surtout par la présence d’une seule étamine dans les fleurs. Ces plantes herbacées à rhizomes et à tubercules sont riches en amidon, en particulier certains Curcuma d’Indochine, qui donnent des fécules (arrow-root) ; les rhizomes de C. longa possèdent en outre une matière colorante jaune qui sert pour la teinture des laines, des soies, du papier, du bois, du cuir... Parmi les Zingiber (100 espèces en Asie tropicale), Z. officinale, ou Gingembre, est une grande herbe vivace employée déjà comme épice par les Grecs et les Romains ; il sert à parfumer les boissons, en particulier la bière (Grande-Bretagne, États-Unis). Le genre Eletteria et en particulier E. cardamomum fournit des graines aromatiques à saveur piquante (Cardamome de Malabar en particulier, mais aussi de Ceylan, du Japon et du Siam). Utilisées autrefois en pharmacopée, ces graines ne servent plus guère que comme condiment : pour la fabrication de liqueur (bitter) et pour la confection de gâteaux en Angleterre, en Allemagne, mais surtout en Chine. Certains genres enfin sont employés en horticulture, surtout en serre chaude ou tempérée : les Hedyclinum (150 espèces), les Globa (100 espèces en Amérique tropicale), les Costus (150 espèces en Amérique et en Afrique).


Cannacées

C’est une famille monogénérique (Canna ou Balisier — 50 espèces originaires de l’Amérique tropicale). Les Canna sont de belles plantes horticoles de 1,5 m environ, introduites en Europe depuis le xvie s. Les fleurs, en grappes terminales, sont composées de deux verticilles de trois pièces soudées en un tube à la base, de trois étamines entièrement pétaloïdes, d’un seul style et de trois carpelles donnant à maturité, après fécondation, une capsule loculicide. Les cultivars actuels proviendraient d’un hydride obtenu au « fleuriste de la Ville de Paris » en 1863 (C. iridiflora) et qui aurait servi de souche à de très nombreux autres croisements. Les tubercules pourpres de C. edulis fournissent une fécule (arrow-root de Canna ou du Queensland, ou encore toulema) ; les jeunes rhizomes, les plus tendres, sont consommés au Brésil et aux Antilles ; les graines de C. orientalis, de C. coccinea, très dures, sont parfois employées dans la fabrication de colliers. Enfin, les graines de C. Bittonii auraient servi autrefois comme poids dans le commerce de l’or.