Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Athènes (suite)

Quand les dues francs s’installèrent sur l’Acropole, ils la défigurèrent sans pitié et mirent ses monuments à tous les usages. Les Turcs à leur tour la couvrirent de minarets, de fortifications, de baraquements. Lorsque Chateaubriand la visita en 1806, Athènes était un pauvre village peuplé surtout d’Albanais. Dans le Parthénon éventré était installée une petite mosquée ; le temple de la Victoire aptère avait été démoli par les Turcs, et ses éléments incorporés dans un bastion ; une tour de guet construite par les Francs dominait la Voie sacrée. Parmi les marbres épars, des bâtisses de toute nature couvraient l’Acropole, dont l’accès était barré par des ouvrages militaires.


Depuis l’indépendance

Lorsque la capitale du petit État qu’était le nouveau royaume fut transférée de Nauplie à Athènes, celle-ci, ravagée par la guerre d’Indépendance, ne comptait qu’une centaine d’habitants. Le tracé en damier de la nouvelle ville suivit un plan axé sur une voie centrale nord-sud partant du Céramique. Il ne s’y construisit rien de très notable (monuments de style néo-grec ou « munichois ») : son histoire artistique est celle de la découverte, de la préservation, de la restauration et de la mise en valeur de ses gloires. Dès 1837 fut fondée la Société grecque d’archéologie, bientôt suivie des écoles archéologiques étrangères et de l’Éphorie des antiquités. Dans le champ de décombres et l’amas confus de bâtisses qu’était devenue l’Athènes antique, les travaux archéologiques étaient difficiles. Que faire disparaître ? Jusqu’où restituer ? Les travaux ont été effectués avec un goût, une modération, une honnêteté dont on connaît peu d’exemples. Depuis une quinzaine d’années, de nouveaux aménagements ont facilité la compréhension et la vision des monuments. Le Mouseion, naguère encore inaccessible et désolé, a été reboisé et aménagé en belvédère, d’où la vue embrasse tout le groupe de l’Acropole. Le Théséion a été dégagé et entouré de jardins ; l’Agora a été déblayée, et l’un des vastes portiques (ou « stoa ») d’Attalos reconstruit dans son état primitif. Le tracé de la Voie sacrée a été rétabli. Le Lycabette, qui domine toute la ville et dont le panorama s’étend jusqu’à Salamine, est sillonné de sentiers faciles. Quant aux sites byzantins, ils ont été restaurés avec une grande piété. Un spectacle « son et lumière » raconte l’histoire d’Athènes aux spectateurs réunis sur la Pnyx.

Musées d’Athènes

En plus du Musée national, le plus riche du monde en antiquités grecques, deux musées sont spécialement consacrés aux objets recueillis à Athènes : celui de l’Acropole et celui de l’Agora.

Le musée de l’Acropole est un bâtiment dissimulé dans un angle du mur antique, près du Parthénon. Il contient les pièces provenant des monuments et des fouilles de l’Acropole. Elles sont toutes célèbres : sculptures archaïques de l’Hécatompédon, Corés, athlètes, hiérodoules, plaques de la frise du Parthénon, Victoires de la balustrade de la Victoire aptère, stèle d’Athéna s’appuyant sur sa lance, etc. Ces pièces donnent un aperçu saisissant de l’évolution de l’art athénien vers la vie et la vérité.

Le musée de l’Agora a été aménagé dans le vaste portique d’Attale (Attalos) reconstruit sur l’Agora. Il contient des objets provenant de l’Agora et du Céramique (lequel possède également un petit musée), poteries, outils, ustensiles, objets votifs, stèles, statues, etc. Ces collections d’une grande richesse documentaire et artistique illustrent l’histoire d’Athènes depuis le néolithique jusqu’à l’époque turque.

Par ailleurs, le Musée byzantin offre une belle présentation de sculptures remontant jusqu’à l’époque paléochrétienne, d’objets des arts mineurs et d’icônes.

A. S.

 W. Judeich, Topographie von Athen (Munich, 1885 ; 2e éd., 1931). / G. Fougères, Athènes (Laurens, 1912). / M. Collignon, le Parthénon (Hachette, 1914). / N. Balanos, les Monuments de l’Acropole (Massin et Lévy, 1938). / I. C. Thallon Hill, The Ancient City of Athens (Londres, 1958). / L. et R. Matton, Athènes et ses monuments (Klincksieck, 1964). / J. Des Gagniers, l’Acropole d’Athènes (Hazan, 1971).

Constructions, destructions, transformations des principaux monuments d’Athènes

Av. J.-C.

Époque mythologique.

Palais mycénien sur l’Acropole.

vers 600

Premier Hécatompédon.

vers 550

Travaux de Pisistrate : colonnades doriques de l’Hécatompédon, statues ioniennes, mise en chantier du temple d’Athéna sur l’Acropole et de celui de Zeus dans la ville basse.

480

Destructions de l’armée perse.

479

Construction du mur de Thémistocle.

457

Achèvement des Longs Murs (d’Athènes à la mer).

450-440

Construction du temple d’Héphaïstos, dit « Théséion ».

447-432

Construction du Parthénon.

438

Commencement des Propylées.

vers 420-405

Construction du temple d’Athéna Nikê, dit « de la Victoire aptère ».

Construction de l’Érechthéion.

404

Destruction des Longs Murs par les Lacédémoniens.

170

Construction du portique d’Eumène.

130

Construction du portique d’Attale.

86

Pillage de Sulla.

15

Érection de la statue équestre d’Agrippa devant les Propylées.

Apr. J.-C.

120-130

Grandes constructions d’Hadrien : Olympieion, bibliothèque, Agora, aqueducs, enceinte urbaine, etc.

267

Les Barbares ravagent Athènes pour la première fois.

396

Nouvelle invasion barbare. Les Goths d’Alaric dévastent surtout la ville basse.

529

Le Parthénon est transformé en église.

de 1000 à 1075

Construction de chapelles et monastères byzantins à Athènes, Kaisariani, Dhafni.

1466

Le Parthénon transformé en mosquée.

1645

Explosion des Propylées.

1687

Le Parthénon, devenu magasin à poudre, est bombardé et subit des dégâts irréparables.

1802

Lord Thomas Bruce Elgin fait déposer de nombreuses pièces des monuments de l’Acropole. Elles sont transportées à Londres.

1835

Relèvement du temple de la Victoire aptère.

1846

Création de l’École française d’Athènes et dégagement de l’Odéon d’Hérode Atticus.

1852

Découverte de la porte de l’enceinte romaine par l’archéologue Charles Beulé (1826-1874).

1860

Découverte par l’archéologue Panaghiotis Kavvadhias (1869-1928) de la statuaire archaïque dans les remblais du Parthénon.

Dégagement du théâtre de Dionysos.

1866

Création de l’École anglaise d’Athènes.

1874

Création de l’École allemande d’Athènes.

1876

Démolition de la tour franque.

1882

Création de l’École américaine.

1895

L’évergète Gheórghios Averof (1818-1899) fait restaurer en marbre le stade, où se tiendront les premiers jeux Olympiques modernes.

1898

Création de l’École austro-hongroise.

1900

Relèvement de l’Érechthéion.

1907

Relèvement des Propylées.

1909

Création de l’École italienne.

1930

Achèvement du relèvement de la colonnade nord du Parthénon, sous la direction de l’architecte Balanos.

1958

Reconstruction complète du portique d’Attale par l’École américaine et l’Éphorie des antiquités.