Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Schleiermacher (Friedrich Daniel Ernst) (suite)

Schleiermacher est le premier à avoir vu, au sortir des scléroses du rationalisme orthodoxe des xviie et xviiie s., qu’il fallait insister sur la portée pratique de la théologie. Dans sa Brève Exposition, il déclare que la théologie pratique est le but et le couronnement de toute la théologie ; elle seule, faisant le bilan de toutes les autres disciplines, peut rendre le futur « virtuose de la religion », voire le futur « prince de l’Église », apte au service et au gouvernement de l’Église. Il faut donc la constituer en branche autonome et éminente de l’enseignement théologique. Inexistante encore à l’époque de Schleiermacher, la théologie « pratique » ou « pastorale » va s’organiser dans les facultés, au cours du xixe s., jusqu’à ce que, ultérieurement, elle ait rendu à toutes les autres disciplines le sens et la vision de leur responsabilité concrète dans l’Église et dans la société.

Avec une étonnante lucidité, Schleiermacher postule la nécessité de la sociologie religieuse, c’est-à-dire de la relation positive ou négative entre un environnement social et les structures ou paroles de l’Église. Avant Marx, avant Troeltsch, il montre l’intrication de toutes les réalités et les conditionnements ou conditions d’existence et de production de l’Église. Le xxe s. en tirera des fruits inépuisables, d’une importance sans cesse croissante.

Schleiermacher pose enfin les premiers fondements d’une science nouvelle : l’herméneutique, ou discipline de l’interprétation, dans des contextes nouveaux, des messages originels du christianisme. C’est son biographe Wilhelm Dilthey qui, avec sa recherche d’une compréhension des expressions de la vie, fera le pont entre l’ancêtre prophétique et ses descendants : l’innombrable foule des herméneutes de la seconde moitié du xxe s.

G. C.

 F. D. E. Schleiermacher, Über die Religion. Reden (Berlin, 1799 ; trad. fr. Discours sur la religion, Aubier, 1944). / K. Barth, Die protestantische Theologie im 19. Jahrhundert (Zurich, 1947 ; trad. fr. la Théologie protestante au xixe siècle, Labor et Fides, Genève, 1969). / L. Perriraz, Histoire de la théologie protestante au xixe s. (Messeiller, Neuchâtel, 1951-1958 ; 3 vol.). / F. Hertel, Das theologische Denken Schleiermachers (Zurich, 1965).

Schleswig-Holstein

État de l’Allemagne fédérale ; 15 676 km2 ; 2,5 millions d’habitants. Capit. Kiel.



La géographie du Schleswig et du Holstein

Le Schleswig-Holstein occupe une situation particulière en R. F. A. Avec des façades maritimes étendues, donnant sur deux mers aux caractères différents, l’État présente des paysages de la grande plaine du Nord orientale et de la plaine du Nord occidentale.

De la plaine orientale, il possède le Nördlicher Höhenrücken (ligne de collines septentrionales) avec la côte à Förde composée de falaises et de plages littorales appartenant aux moraines de base et terminales de l’époque glaciaire vistulienne (Würm). Les étendues de sables sont fréquentes. Font partie de la plaine occidentale les hauteurs de la Geest, où se trouvent imbriquées landes et tourbières, datant des stades glaciaires de la Warthe et de la Saale. S’y ajoutent les Marschen et le Watt, ainsi que les îles de la Frise du Nord avec les cordons dunaires, ce qui constitue un ensemble bien original.

Le paysage rural, mis à part les Marschen, est constitué par le bocage, né pratiquement au xviiie s., mais développé surtout au début du xixe s. À la suite de la désaffection du service militaire, de l’augmentation des prix agricoles, la noblesse se tourna vers l’agriculture intensive. L’exemple anglais a souvent servi de modèle. La propriété nobiliaire, qui avait été étendue après la Réforme, se prêtait bien à ces transformations. Les domaines nobiliaires furent aménagés en Koppeln, grandes parcelles clôturées de haies vives. Le Lauenburg possède la législation la plus ancienne concernant cette forme d’économie rurale.

La forêt ne couvre que 6 p. 100 de la surface, mais les Knicks, ou haies, totalisent plus de 100 000 km de longueur et, avec 34 000 ha, occupent 3 p. 100 de la surface agricole. Le relief vallonné a favorisé la formation de lacs et d’étangs. Ceux-ci sont particulièrement nombreux dans la « Suisse du Holstein » : Plöner See, Selenter See, Kellersee, Ukleisee. Certains de ces lacs sont situés au-dessous du niveau moyen de la mer. Le grand lac de Plön est, ainsi, à 40 m au-dessous du niveau marin.

Les côtes de la mer du Nord et de la Baltique comptent de nombreuses stations thermales et balnéaires. Sur celle de la mer du Nord se sont installées des stations de thalassothérapie : Büsum, l’île de Sylt avec Hörnum, Nieblum et Wyk sur l’île de Föhr, Norddorf, Sankt-Peter-Ording, Wittdün sur l’île d’Amrum. Elles sont encore plus nombreuses sur la côte balte : Burg, Dahme, Eckernförde, Grossenbrode, Glücksburg, Grömitz, Haffkrug, Heiligenhafen, Hohwacht, Kellenhusen, Niendorf, Sierksdorf, Scharbeutz, Travemünde, Timmendorf. L’essor est très rapide. Sur l’île de Sylt, on compte plus de 20 000 lits ; de véritables buildings ont été construits sur le rivage, provoquant l’opposition des défenseurs de l’environnement. Mais les stations thermales et touristiques gagnent même l’intérieur : Bad Bramstedt, Bad Oldesloe, Bad Schwartau, Bad Zwischenahn, Wiesmoor. La proximité des grandes villes comme Brême, Hambourg, Kiel et Lübeck, la desserte facile par autoroute ont contribué à cet essor. Le sous-sol contient du pétrole à l’est de Hambourg et près de Heide dans le Dithmarschen. Une raffinerie a été construite dans cette dernière région. De nouveaux gisements sont exploités entre Bad Bramstedt et Kiel. Ils fournissent l’essentiel du pétrole exploité actuellement dans le Land. Les plis diapirs (Salzstöcke) évidés servent au stockage souterrain de gaz liquide. On en exploite plusieurs près de Heide.

Des plans d’aménagement du territoire sont en cours d’exécution ; ils concernent les zones de Marschen et de Geest, situées au nord du Land, de la mer du Nord à la Baltique. Ces régions présentent, fréquemment, des structures archaïques, maintenues du fait des changements de frontières entre l’Allemagne et le Danemark après 1918 (problème du Schleswig). Les plans connus sous le nom de Programm Nord datent de 1953. Plus de 540 000 ha sont concernés. Remembrement, drainage, assainissement, endiguement, restructuration des exploitations agricoles, construction de voies, reboisement, tels sont quelques-uns des problèmes réglés dans un aménagement global. Les opérations sont terminées à proximité de la frontière danoise.