Schisme d’Orient (suite)
La situation demeurera inchangée durant quatre siècles, aggravée même au xixe s. tant par l’attitude des « missionnaires » latins, suspects de prosélytisme en pays orthodoxes, notamment par le moyen des établissements d’enseignement, que par les réactions provoquées par le premier concile catholique du Vatican* (ou Vatican I [déc. 1869 - juill. 1870]). Dès 1848, une encyclique commune des patriarches orientaux avait manifesté la position orthodoxe en réponse aux propositions d’union formulées l’année précédente par le pape Pie IX*. Elle devait être réitérée et durcie en réponse à l’invitation faite aux patriarches orthodoxes de participer au concile (1868).
C’est seulement à partir de 1958 que le climat se modifie avec l’avènement du pape Jean XXIII*, qui a été longtemps délégué apostolique en Bulgarie, puis en Turquie, et a une connaissance personnelle des réalités du monde orthodoxe. D’emblée, cette attitude nouvelle trouve accueil auprès du patriarche de Constantinople Athênagoras Ier (1948-1972). Si celui-ci ne croit pas pouvoir se faire représenter officiellement au concile Vatican II (1962-1965), le patriarcat de Moscou y délègue des observateurs. Mais les relations directes entre le patriarcat œcuménique de Constantinople et le Saint-Siège romain se multiplient à partir de la rencontre de Paul VI et d’Athênagoras à Jérusalem (5-6 janv. 1964), de la visite de Paul VI à Constantinople (juill. 1967) et de celle d’Athênagoras Ier à Rome (oct. 1967). Ces rencontres et les échanges de lettres qui les accompagnent rétablissent en fait la situation existant au cours du premier millénaire entre les Églises de l’ancienne et de la nouvelle Rome. Cependant, jusqu’ici (1976), la communion ecclésiastique et sacramentelle n’a pas encore été pleinement restaurée ; si les différences disciplinaires sont acceptées et si la question du Filioque elle-même ne semble plus devoir être considérée comme constituant une divergence insurmontable, reste le problème du rôle du pape dans l’Église et de sa relation avec le « ministère de Pierre ». Surtout, dans le monde orthodoxe, bien des méfiances subsistent qui s’expliquent par les vicissitudes d’une histoire tourmentée.
H.-I. D.
➙ Byzantin (Empire) / Christianisme / Concile / Croisades / Églises orientales / Latins du Levant (États) / Orthodoxes.
M. Jugie, le Schisme byzantin : aperçu historique et doctrinal (Lethielleux, 1940). / G. Every, The Byzantine Patriarchate, 451-1204 (Londres, 1947). / F. Dvornik, le Schisme de Photius (Éd. du Cerf, 1950). / S. Runciman, The Eastern Schism (Oxford, 1955). / W. De Vries, Orthodoxie und Katholizismus (Fribourg-en-Brisgau, 1965 ; trad. fr. Orthodoxie et catholicisme, Desclée, 1967). / A. Panotis, Pacificateurs : Paul VI, Athênagoras Ier (Beauchesne, 1973).
