Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Athanase (saint) (suite)

Mais la décision conciliaire n’a pas été acceptée par tous, et les discussions reprennent au lendemain du concile. Une profonde désunion s’est installée dans l’Église et dans l’Empire du fait de l’arianisme. L’empereur Constantin voit d’un très mauvais œil ces disputes théologiques, qu’il comprend d’ailleurs assez mal. Dans l’Église d’État instituée par lui, la paix religieuse est un élément nécessaire pour maintenir l’unité de l’Empire.


Dans la tourmente arienne

Face aux ariens et à la politique de Constantin et de ses successeurs, Athanase va se poser en défenseur aussi intransigeant de la foi de Nicée que rétif aux concessions et aux compromissions que voudrait imposer la politique opportuniste et changeante des maîtres de l’Empire. À la fois en butte aux attaques ariennes et aux pressions impériales, il recevra des coups très durs. Sur quarante-cinq années d’épiscopat, il en passera près de dix-huit en exil.

Diverses circonstances, dont Athanase tirera avantage, contribueront à faire triompher ses idées. Et d’abord son exil à Rome (339-346). L’Occident n’apprécie guère les spéculations grecques : le latin, langue moins souple et moins nuancée que le grec, a du mal à traduire et à assimiler les subtilités orientales. La clarté et la précision des idées que l’on retrouve tout au long des œuvres d’Athanase lui valent l’adhésion et la protection du monde latin.

Un facteur politique intervient aussi : avec le partage de l’Empire à la mort de Constantin, la politique religieuse perd son unité. Chaque empereur appuie la doctrine qui prévaut dans le territoire soumis à son autorité. À l’Orient arien s’oppose alors l’Occident latin partisan de Nicée. À deux reprises, en 337 et en 346, l’empereur d’Orient Constance sera contraint par son puissant frère Constant d’Occident à rappeler d’exil l’évêque d’Alexandrie. La mort de Constant (350) fait perdre à Athanase un puissant protecteur. Mais l’opposition de Constance et de ses successeurs (Jovien excepté) devra compter avec la faveur populaire dont jouit le patriarche d’Égypte. Déjà, en 337, le compétiteur arien au siège d’Alexandrie avait dû recourir aux soldats du préfet impérial pour prendre possession des églises et venir à bout de la résistance des Alexandrins. En 356, la même scène se reproduit : l’évêque arien est ignoré des fidèles, qui font la grève des offices, et l’intrus célèbre dans des églises vides. En 366, l’empereur Valens, qu’inquiète la rébellion de l’usurpateur Procope, doit, pour s’assurer la faveur des Égyptiens, rappeler Athanase de son cinquième et dernier exil.


L’évêque et le théologien

Ses contemporains ont soutenu et admiré dans Athanase non pas un philosophe chrétien mais un chef d’Église, un pasteur qui défend au péril de sa vie une foi placée par lui non dans le domaine de la spéculation, mais dans celui de l’existence. Athanase se soucie peu de la forme ; on lui reprochera une certaine négligence et un manque d’ordre dans l’arrangement de ses idées, mais c’est un controversiste-né : ses démonstrations sont vigoureuses, son style est clair et sobre, sa connaissance de l’Écriture profonde. Il faut mentionner, parmi ses principales œuvres : le Discours et l’Apologie contre les ariens, l’Apologie à Constance, l’Apologie pour sa fuite, et divers Commentaires sur l’Écriture. Enfin, et dans un domaine différent, la Vie de saint Antoine aura pour la diffusion de l’idéal monastique une influence considérable.

I. T.

➙ Arius / Chrétiennes (littératures).

 X. Le Bachelet, « Athanase », in Dictionnaire de théologie catholique, t. I, 2e partie (Letouzey, 1909). / F. Lauchert, Leben des heiligen Athanasius des Grossen (Cologne, 1911). / G. Bardy, Saint Athanase (Gabalda, 1914) ; « Athanase », in Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques (Letouzey, 1930). / M. Constantinidès, Athanase le Grand et son temps (en grec, Athènes, 1937). / H. F. von Campenhausen, Griechische Kirchenväter (Stuttgart, 1955 ; trad. fr. les Pères grecs, Éd. de l’Orante, 1963). / P. T. Camelot, « Athanasius der Grosse », dans le Lexikon für Theologie und Kirche (Fribourg-en-Brisgau, 1957). / C. Kannengiesser, Politique et théologie chez Athanase d’Alexandrie (Beauchesne, 1974).

Chronologie de la vie d’Athanase

8 juin 328.

Athanase évêque d’Alexandrie.

11 juill. 335 - 22 nov. 337.

Premier exil sous Constantin, à Trèves.

16 avr. 339 - 21 oct. 346.

Deuxième exil sous Constance, à Rome.

346-356.

Dix années d’accalmie.

9 févr. 356 - 21 févr. 362.

Troisième exil d’Athanase sous Constance, au désert d’Égypte.

24 oct. 362 - 5 sept. 363.

Quatrième exil sous Julien, au désert d’Égypte.

5 oct. 365 - 31 janv. 366.

Cinquième exil sous Valens, dans les environs d’Alexandrie.

366-373.

Sept années de paix.

2 mai 373.

Mort d’Athanase à Alexandrie.

Athènes

En gr. Athína (Athênai), capit. de la Grèce.



Généralités

Athènes s’étend dans la plaine d’Attique, drainée par le Céphise (Kifissós) et son affluent l’Ilissós. Située à l’écart des régions les mieux douées du pays, auxquelles elle n’a été reliée que tardivement, Athènes occupe le centre géographique de la Grèce. Elle n’avait encore que 30 000 habitants au milieu du xixe s., mais elle est devenue aujourd’hui l’élément moteur d’une agglomération qui compte plus de 2,5 millions d’habitants, soit plus du quart de la population et de la moitié des citadins de la Grèce.

La plaine d’Attique, bien ouverte au sud, est protégée des coups de froid par les massifs montagneux de l’Hymette (1 026 m) à l’est, du Pentélique (1 109 m) et du Párnis (1 413 m) au nord et au nord-ouest. À travers l’Aigháleo, qui prolonge le Párnis en direction du sud, le col de Dhafni permet d’atteindre aisément la plaine d’Éleusis, qui reste étroitement associée aux activités de l’Attique. Au nord-est, un seuil abaissé entre l’Hymette et le Pentélique ouvre sur la Mésogée, où les activités agricoles évoluent rapidement au contact de la ville, dont le voisinage transforme les villages les plus proches (mouvements quotidiens de la population, essaimage d’industries, multiplication des résidences secondaires).