Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Sauterelles (suite)

Le Criquet pèlerin (Schistocerca gregaria), de taille plus grande que le précédent, a une aire de dispersion considérable, qui englobe toute l’Afrique nord-équatoriale et une partie de l’Asie du Sud. Les années d’invasion, les vols, signalés par les postes du sud de l’Algérie, envahissent dès le début de novembre la région des Oasis pour atteindre, souvent dès février, dans les territoires du Nord, le Tell et même le littoral, commettant de grosses déprédations sur les différentes cultures rencontrées. À partir de mars, au cours de cette invasion des régions nord, se produisent quatre ou cinq pontes donnant naissance aux Criquets pèlerins. Responsables de nouveaux dégâts et devenant adultes de deuxième génération après six mues successives, ces Criquets disparaissent finalement (en prenant la direction du sud) dans les régions méridionales du désert.

La loi du 25 septembre 1919 a rendu obligatoire en Afrique du Nord française la lutte antiacridienne. L’étude du comportement biologique des Criquets, entreprise scientifiquement depuis 1932, a permis de préciser les meilleurs procédés à utiliser.

Sous la direction des autorités administratives et techniques, dans les régions habituellement menacées, toutes les populations agricoles, constituées obligatoirement en syndicats de défense, devaient éventuellement participer à l’application des mesures préconisées, les dépenses entraînées étant alors supportées par le budget algérien. Les vols et les lieux de ponte étaient systématiquement signalés aux responsables locaux et, dès les premières éclosions, une sorte de mobilisation s’effectuait : le matériel et les produits nécessaires arrivaient à pied d’œuvre, et les opérations commençaient.

La lutte fut d’abord menée à l’aide de procédés mécaniques ou chimiques : pulvérisation d’eau crésylée sur les jeunes larves ; capture à l’aide de melhafas (grandes toiles sur lesquelles des ouvriers rabattent les Criquets plus âgés) ; incinération des bandes larvaires sur lits d’alpha. Les lance-flammes de guerre, un moment utilisés, furent vite remplacés par des soufflets flambeurs à mazout, plus maniables et moins coûteux. Pour combattre les Criquets se déplaçant en colonnes denses, on eut souvent recours à des barrages de plaques de zinc de 0,50 m de haut placées bout à bout, barrages que les Insectes suivent pour tomber finalement dans des fosses où on les écrase.

Mais ces divers procédés, exigeant une main-d’œuvre abondante et onéreuse, furent progressivement remplacés à partir de 1927 par des appâts empoisonnés. Ce procédé, simple et économique, consistait à répandre sur le sol un appât composé : pour 100 kg de son, 2 kg d’arsénite de soude et de 60 à 70 kg d’eau. La mortalité des Criquets était totale lorsque la préparation et l’épandage s’exécutaient convenablement, et la destruction des bandes ne devenait plus, alors, qu’une question d’organisation.

Par la suite, on utilisa des insecticides (D. D. T.), répandus par des avions et surtout par des camions poudreurs ; cette solution alliait la rapidité à l’efficacité, mais offrait l’inconvénient de nuire à la qualité des produits agricoles touchés (fruits, légumes, volailles, œufs).

Seule restait toujours difficile la lutte contre les Sauterelles ailées et notamment les vols de pèlerins, d’autant plus que l’emploi de l’avion, sur lequel on avait fondé de grands espoirs, soit pour la recherche et la signalisation des vols dans l’extrême Sud, soit pour la destruction des Insectes, se révéla souvent incommode ou inopérant. En définitive, il était établi, en 1944, que l’anéantissement des Sauterelles ailées pouvait être obtenu par l’emploi de sons empoisonnés épandus durant les périodes d’accouplement et de ponte sur les lieux occupés. C’est la méthode qui devait être généralisée par la suite. En 1962 la menace acridienne avait cessé, grâce à l’application de ces mesures, de peser sur le Maghreb ; des efforts comparables l’ont atténuée en Lybie, en Égypte et en Israël.

R. H.

➙ Orthoptères.

sauvetage maritime

Mise en œuvre d’équipements destinés à la sauvegarde des navires et des personnes en danger sur la mer.


Il convient de distinguer, d’une part, les divers matériels permettant des interventions à partir des côtes et, d’autre part, les moyens dont sont munis les navires pour se porter au secours d’un autre navire ou pour le sauvetage des personnes présentes à leur bord.


Organisation du sauvetage sur les côtes


Historique

Bien que diverses initiatives individuelles se soient manifestées antérieurement, c’est seulement à la fin du xviiie s. et au début du xixe que sont créés les premiers organismes de sauvetage, établissant en certains points des côtes des stations disposant d’un matériel spécialisé.

• En Grande-Bretagne, une première société équipe les côtes du Northumberland. Au début du xixe s., ses interventions débordent son cadre initial, et cette organisation privée prend en 1854 sa dénomination actuelle de Royal National Life-Boat Institution. Soutenue par des contributions volontaires et des subventions de l’État, elle servira de modèle à la plupart des services de sauvetage de l’Europe occidentale.

• Aux États-Unis, The Massachusetts Humane Society aménage en 1807 la première station équipée d’un canot de sauvetage, en un point de la côte proche de Boston. Une autre société, The American Shipwreck and Humane Society, au champ d’action moins limité, est fondée en 1843. Mais, finalement, la responsabilité du sauvetage sur l’ensemble des côtes de l’Union est confiée aux Coast guards, service fédéral de statut militaire qui dépend du ministère des Transports en temps de paix et de celui de la Marine militaire en temps de guerre. Ce service est, d’ailleurs, chargé de nombreuses autres tâches, en particulier de l’inspection des installations de sécurité des navires.

• En France, au milieu du xixe s., il n’existait encore que quatre stations munies de canots de sauvetage (Boulogne, Dunkerque, Calais, Le Havre), chacune appartenant à une association privée de caractère local. C’est seulement en 1865 qu’est créée la Société centrale de sauvetage des naufragés, qui, grâce à de nombreux dons et legs ainsi qu’à des subventions de l’État, constitue en moins de vingt ans un réseau de 70 stations dotées de canots, indépendamment de divers moyens et postes de secours. Parallèlement se crée en 1873 la Société des hospitaliers et sauveteurs bretons, dont l’action complète celle de la Société centrale.