Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Saumon

Poisson Téléostéen de l’ordre des Clupéiformes, qu’on peut prendre comme type du sous-ordre des Salmonoïdes.


Le Saumon est un Poisson migrateur amphibiotique (qui vit dans deux milieux aquatiques), potamotoque (qui se reproduit en rivière) et thalassotrophe (qui effectue sa croissance en mer) ; souvent on le nomme migrateur anadrome, parce qu’il remonte les cours d’eau pour aller se reproduire.

Le Saumon commun, Salmo salar, est un Poisson fuselé, à tête assez petite, à caudale légèrement fourchue ; une seconde dorsale, adipeuse, est située à l’aplomb de l’anale ; les pelviennes sont en position postérieure. La coloration, aux reflets métalliques, est d’un gris bleuté dorsalement et passe à l’argent sur les flancs, constellée de ponctuations noires, et au blanc nacré sur le ventre. Les nageoires sont grises. Les adultes reproducteurs peuvent atteindre jusqu’à 20 kg pour une taille de 1 m ; il n’y a de dimorphisme sexuel ni dans la taille, ni dans la coloration, qui passe toutefois à une livrée nuptiale éclatante au moment de l’arrivée sur les frayères. Le corps devient pourpre à or, avec des taches changeantes rouges sur les flancs, et le ventre est mordoré. Les vieux mâles acquièrent une mandibule recourbée en sabot qui leur vaut le nom de bécards.

Le Saumon peuple naturellement en France tous les cours d’eau tributaires de la Manche et de l’Atlantique, mais il a disparu, souvent par suite de la pollution, de nombreuses rivières. Sa répartition géographique totale s’étend de la Nouvelle-Zemble à la baie d’Hudson en longitude, du cercle polaire arctique au nord du Portugal et à la région new-yorkaise en latitude.

Les frayères où se reproduisent les Saumons se situent dans les eaux à Truites, courantes, froides et oxygénées. Sur des plages de galets ou de graviers, les femelles creusent des sillons où elles déposent leurs œufs, qui sont recouverts ensuite de gravier. La ponte a lieu en novembre-décembre, et l’incubation dure environ trois mois. Dès la résorption du sac vitellin, les alevins quittent les frayères et vivent pendant deux à trois ans comme les Truites. Puis le jeune Saumon acquiert une livrée argentée, en même temps qu’il subit des transformations d’ordre surtout endocrinien, et il entreprend son avalaison. Il reçoit alors le nom de tacon. Cette avalaison, ou descente, se fait comme à regret, car l’animal nage contre le courant ; parvenu dans les zones d’estuaire, il disparaît en mer. On le retrouve deux à cinq ans plus tard, sous forme de géniteur, prêt à remonter les cours d’eau pour rejoindre la frayère qui l’a vu naître et à affronter pour cela les obstacles les plus difficiles (cascades, chutes d’eau). On appelle madeleinaux les petits mâles qui pénètrent dans les estuaires en été et Saumons d’hiver les géniteurs des deux sexes qui remontent le cours d’eau en hiver. Expérimentalement, on a pu montrer que c’est par identification olfactive que les Saumons retrouvent les eaux des frayères où ils sont nés.

Entre l’avalaison des tacons, qui ne pèsent qu’une cinquantaine de grammes, et la remontée des géniteurs se situe une période de forte croissance en mer, sur des territoires qui sont longtemps restés inconnus. C’est en 1956 qu’un tacon marqué en Écosse au cours de son avalaison fut capturé plus d’un an après sur les côtes occidentales du Groenland. La capture d’un second tacon eut lieu quatre ans plus tard, puis les récoltes se sont multipliées, et l’on a identifié depuis une autre zone de croissance, au nord de la Norvège. Cette découverte, bénéfique pour la science, qui a ainsi élucidé un des mystères des migrations* animales, l’est beaucoup moins pour le Saumon, car des pêcheurs danois et norvégiens se sont rués sur cette population de Saumons qui se nourrissent sur le plateau continental et ont déjà fortement diminué le nombre des géniteurs qui remontent les rivières anglaises, irlandaises ou canadiennes, au grand préjudice des pêcheurs de ces pays. L’affaire a pris une tournure politique, Anglais et Américains cherchant à imposer une réglementation de la pêche des Saumons en mer, réglementation que refusent les Scandinaves.

R. B.

 L. Bertin et C. Arambourg, « Systématique des poissons », dans Traité de Zoologie sous la dir. de P.-P. Grassé, t. XIII, fasc. 3 (Masson, 1958). / C. J. Spillmann, Faune de France, t. LXV : Poissons d’eau douce (Lechevalier, 1962).

Saumur

Ch.-l. d’arrond. de Maine-et-Loire ; 34 191 hab. (Saumurois).


Saumur occupe, au confluent de la Loire et du Thouet, une position précocement mise en valeur par une croisée de routes (Val de Loire et Maine-Poitou) et un éperon défensif (château).

Prise dans les aires d’interférence d’Angers et de Tours, la ville n’a jamais pu se développer à la dimension d’un grand centre urbain. Mais sa fonction régionale, dans l’est de l’Anjou, en fait un marché actif de graines de semence, de vins, de primeurs, de fraises (marché de gros, marché d’intérêt national de Vivy). Son école de cavalerie, installée en 1766 et promue École militaire d’application de l’arme blindée et de la cavalerie en 1946, organise des manifestations hippiques de renommée mondiale (Grand Carrousel du Cadre noir). Son patrimoine monumental l’adonne au tourisme. Avec ses équipements administratifs (sous-préfecture), hospitaliers, scolaires (écoles d’infirmières, viticole, hôtelière, de musique), culturels, Saumur rassemblait en 1968 dans son secteur tertiaire 55 p. 100 de ses emplois (7 400 sur 13 300).

Depuis quelques années, en raison de son développement industriel (34 p. 100 de ses emplois en 1968, 40 p. 100 environ en 1974), la ville connaît de profondes mutations. Elle n’ajouta longtemps à un secteur alimentaire resté important (vins champagnisés, capsules et muselets de surbouchage, 80 p. 100 de la conserverie française de champignons) qu’une panoplie hétéroclite, du reste originale (chapelets, puis médailles religieuses, masques pour travestis, liqueurs, traitement des tabacs). Recherchée — elle est à trois heures de Paris — par la décentralisation, favorisée par la jeunesse de sa population (44 p. 100 de « moins de vingt-cinq ans » contre 40 p. 100 en France) et par son classement en zone 1 des aides de l’État, elle fabrique aujourd’hui, en plus des emballages d’aluminium, des produits lyophilisés (principale usine d’Europe), des graisseurs industriels, des câblages électroniques, des panneaux de contreplaqué, des tissus tricotés, des gants, des jouets, des caravanes, des canots pneumatiques, du matériel d’incendie. Elle possède une chambre de commerce et une bourse du travail.