Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

satellite artificiel (suite)

Les satellites de navigation

Un satellite, dans la mesure où sa position est parfaitement connue à chaque instant, peut servir à déterminer la position de mobiles terrestres, qu’il s’agisse de navires — en particulier les sous-marins en plongée — ou d’avions. Les premiers systèmes de ce type ont été développés pour des besoins militaires, comme les « Transit » américains, placés sur orbites quasi polaires à 1 100 km d’altitude. La trajectoire du satellite est régulièrement déterminée à partir du sol, puis lui est communiquée afin qu’il l’enregistre dans une mémoire et la réémette en même temps que les réponses aux interrogations des véhicules mobiles ; le réseau « Transit » est particulièrement employé pour la navigation des sous-marins nucléaires américains.

Sur le plan des applications civiles, les programmes « Marots » et « Aerosat » sont développés par l’Agence spatiale européenne, le premier pour assurer un service expérimental de télécommunications maritimes sur l’océan Indien, le second (réalisé en coopération avec les États-Unis et le Canada) pour faciliter la navigation aérienne au-dessus de l’Atlantique.


Les satellites habités

Depuis « Vostok 1 », lancé le 12 avril 1961 avec I. A. Gagarine à son bord, de nombreux satellites habités ont été mis sur orbite tant par les Soviétiques que par les Américains, ces derniers dans le cadre de la préparation du programme « Apollo ». La capacité des cabines est passée de un à trois cosmonautes. Des expériences extra-véhiculaires ont montré la possibilité pour l’homme de travailler dans l’espace. Grâce à la mise au point de la technique du rendez-vous sur orbite, inaugurée pour la première fois par les « Gemini » les 6 et 7 décembre 1965, il est possible, désormais, d’assembler dans l’espace des stations de grandes dimensions, ce qui permettra un changement d’échelle dans l’utilisation de l’espace. Le lancement, par l’U. R. S. S., depuis 1971, d’engins « Saliout » préfigure cette nouvelle ère de la conquête spatiale. Il s’agit de stations d’environ 20 t de poids total susceptibles d’être habitées par un équipage de plusieurs cosmonautes pendant des durées de l’ordre d’un mois ; différents équipages peuvent ainsi se relayer, étant amenés à pied d’œuvre et ramenés sur la Terre par des cabines « Soyouz ». L’accostage du véhicule et de la station est réalisé suivant les techniques de rendez-vous désormais classiques. Long de 14,2 m, le « Saliout », constitué de modules cylindriques de diamètres différents placés bout à bout, comprend de l’avant vers l’arrière : un dispositif d’arrimage pour l’accouplement avec les vaisseaux « Soyouz » ; un compartiment de 2 m de diamètre et 3 m de long pour le passage des cosmonautes ; un compartiment de travail et d’habitation de plus de 9 m de long et d’environ 100 m3 de volume utile, formé de deux cylindres de 2,9 m et 4,3 m de diamètre réunis par une jupe tronconique ; enfin, un compartiment abritant les moteurs. Une grande part des missions porte sur des études astronomiques et sur des observations de la Terre. Des stations encore plus importantes sont en projet et pourraient, éventuellement, servir de bases de départ pour des voyages beaucoup plus lointains dans l’espace interplanétaire.

G. D., J. L. et P. de La C.

➙ Antenne / Astronautique / Courants porteurs (procédé de transmission par) / Faisceaux hertziens (procédé de transmission par).

 L’Utilisation de satellites de diffusion directe (P. U. F., 1970). / R. Clarke, l’Espion qui vient du ciel (Hachette, 1970).


Les satellites militaires

Dès le début de l’ère spatiale, les grandes possibilités d’emploi des satellites à des fins militaires donnèrent lieu à des programmes spécialisés tant en U. R. S. S. qu’aux États-Unis. Ces programmes furent, bien entendu, couverts par le secret. Mais, tandis qu’en U. R. S. S. le silence le plus absolu était gardé sur la recherche spatiale, aux États-Unis les programmes spatiaux du département de la Défense étaient portés à la connaissance du public et diffusés par la presse spécialisée : seules, toutefois, les techniques de réalisation restaient rigoureusement protégées. Il ne peut donc être fait état ici que des programmes américains, mais on peut admettre que les programmes soviétiques, dont les satellites ne sont connus que sous le terme général de « COSMOS », leur sont analogues, ainsi que le confirme l’analyse des paramètres d’orbites.

L’emploi de satellites à des fins militaires comprend la surveillance, la reconnaissance, l’alerte au lancement des missiles, la détection des explosions nucléaires, la localisation des navires et des sous-marins, les télécommunications militaires et, éventuellement, l’interception des satellites adverses.


Les satellites de surveillance et de reconnaissance militaires

Une période expérimentale s’est déroulée de 1959 à 1962 avec le programme « Discoverer », dont le but principal était la mise au point de la récupération, avant amerrissage, par des avions spécialement équipés, de capsules contenant les vues prises sur commande programmée au cours du vol du satellite. Celui-ci évoluant sur orbite polaire, l’éjection de la capsule avait lieu, sur ordre de la Terre, lors du passage au-dessus de l’Alaska et sa récupération au voisinage des îles Hawaii.

• Surveillance et reconnaissance photographique. Le programme, connu sous le nom de « SAMOS » (Satellite and Missile Observation System), comprend plusieurs types de satellites.

Certains sont équipés d’une caméra à grand champ donnant des images à faible résolution (de 7 à 9 m) ; leur but est d’exercer une surveillance générale en même temps qu’une localisation topographique. Les films, récupérés à l’origine dans une capsule éjectable et ensuite traités à terre, sont, depuis 1965, développés à bord du satellite, et les images sont transmises à des stations terrestres après lecture électronique. Ces satellites évoluent entre 250 et 350 km d’altitude. D’autres, évoluant aux mêmes altitudes et fournissant des images à haute résolution (de 1,50 à 2 m), permettent une étude très fouillée des installations nouvelles décelées par les précédents. Les films sont toujours récupérés.