Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Sarre (suite)

Détachée politiquement de l’Allemagne et intégrée économiquement à la France, la Sarre entre en 1950 au Conseil de l’Europe comme membre associé. Cependant, le Bundestag de Bonn déclare la Sarre partie intégrante de l’Allemagne (juill. 1953) ; soucieux de ne pas altérer ses relations avec la R. F. A., la France propose alors pour la Sarre un statut européen dans le cadre de l’Union européenne, qui maintiendrait l’union douanière franco-sarroise, mais établirait des liens économiques privilégiés avec la R. F. A. (1954). Soumis à la ratification du peuple sarrois, ce statut est repoussé (23 oct. 1955), si bien qu’à la suite des accords franco-allemands de 1956 le rattachement politique de la Sarre à l’Allemagne est réalisé le 1er janvier 1957 ; la réintégration économique est achevée le 6 juillet 1959.

P. P.

➙ Allemagne.

 R. Capot-Rey, le Développement économique des pays sarrois sous la Révolution et l’Empire, 1792-1815 (Les Belles Lettres, 1928). / J. Chardonnet, la Sarre (Éd. du Chêne, 1945). / J. Dircks-Dilly, la Sarre et son destin (la Colombe, 1956). / J. Freymond, la Sarre, 1945-1955 (Institut de sociologie Solvay, Bruxelles, 1960).

Sarthe. 72

Départ. de la Région Pays de la Loire ; 6 210 km2 ; 490 385 hab. (Sarthois). Ch.-l. Le Mans*. S.-pr. La Flèche, Mamers.


Le département correspond au haut Maine historique. Traversé par la rivière qui lui a donné son nom, il rassemble, au contact du Massif armoricain et du Bassin parisien, des pays très divers. À l’ouest et au nord, le socle primaire, disloqué, se résout en plateaux granitiques ou schisteux boisés (boucle appalachienne des Coëvrons, horst de la forêt de Perseigne [340 m]), au fond desquels la Sarthe surimposée se tord en gorges étroites (Alpes mancelles). S’appuyant sur lui, une série jurassique complexe, inclinée, fait alterner, sur le Bassin, Bocage sabolien (de Sablé), Champagne mancelle de Conlie, petites cuestas du Saosnois (Mamers). Le centre et le sud du département reposent sur des formations crétacées et tertiaires sableuses boisées (forêt de Bercé, pinèdes), valorisées par la pomme de terre, l’asperge, la fraise, les fourrages ; une « boutonnière » évidée par l’érosion dans des marnes oxfordiennes donne entre Le Mans et Écommoy le riche bassin laitier du Belinois. Vers l’est, la lente montée de la craie et de l’argile à silex qui la surmonte amorce le bombement bocager du Perche. Climat et traditions agraires ajoutent aux contrastes, créant une double dissymétrie. Au nord encore normand par son appartenance océanique, ses herbages et ses pommiers à cidre succèdent vers le sud de chaudes affinités ligériennes que soulignent, sur les coteaux du Loir, les vignobles de Marçon et du Clos des Jasnières. Aux petites exploitations d’élevage et aux mentalités conservatrices de l’Ouest s’opposent à l’est une économie de labour et des mentalités plus ouvertes, déjà parisiennes.

L’économie sarthoise se distribue entre un grand nombre d’activités. Son secteur primaire (54 300 actifs en 1968 sur 194 000, soit 28 p. 100 contre 16 p. 100 pour la France) la distingue dans l’Ouest. Alourdie sans doute par des structures mal adaptées à l’agriculture moderne (trop grand nombre d’exploitations, fermage couvrant les deux tiers des terres), elle est réputée en revanche pour ses productions fruitières (reinette du Mans, reine des reinettes) et surtout pour ses élevages représentant, à eux seuls, 75 p. 100 du revenu agricole : races bovines normande et frisonne, ovine « bleue du Maine », porcs large white, chevaux de selle, poulardes et chapons du Mans, poulets de Loué. L’industrie (35 p. 100 des actifs), d’origine ancienne et stimulée par la décentralisation à deux heures de Paris et dans une région de population jeune (37 p. 100 de « moins de vingt ans » contre 32 p. 100 pour la France), est restée fidèle à la fonderie (Sainte-Jamme-sur-Sarthe, Sablé-sur-Sarthe, La Ferté-Bernard), au secteur alimentaire (laiteries, fromageries, rillettes), au travail du bois (scieries), compte d’importantes usines de constructions mécaniques (automobiles, matériel de chemin de fer, pompes à moteur, armements au Mans, boulonnerie à Saint-Cosme-en-Vairais, emballages métalliques à La Flèche), de constructions électriques et électroniques (Le Mans, Champagne, Mamers, La Ferté-Bernard, Saint-Calais), de caoutchouc (Sougé-le-Ganelon, La Flèche, La Ferté-Bernard, La Suze-sur-Sarthe, Marolles-lès-Saint-Calais), de préfabriqués (Fyé), de papier (Bessé-sur-Braye), de bâtiment, lingerie, confection, tabac, couleurs fines (Le Mans), deux grosses imprimeries (Le Mans et La Flèche), des biscuiteries (Sablé-sur-Sarthe). Cinquante-cinq établissements industriels emploient plus de 200 salariés, dont quatre plus de 1 000. Un effort touristique judicieux met en valeur un patrimoine naturel et artistique trop longtemps méconnu (Alpes mancelles, cathédrale du Mans, abbayes de l’Épau et de Solesmes, châteaux du Lude et de Gallerande). Le Mans inaugurait en 1923 la célèbre course automobile des « Vingt-Quatre Heures » ; du Mans est parti en 1964 le mouvement des « stations vertes de vacances ».

La Sarthe tire une profonde cohésion de son armature urbaine, fortement hiérarchisée. Son taux d’urbanisation n’est pas élevé (52 p. 100 [France, 70 p. 100]). Au-dessus de centres locaux proches de la vie des campagnes et d’où n’émergent, par quelques industries, que Beaumont-sur-Sarthe, Bonnétable et Écommoy, un ensemble de petites villes, cependant, aux fonctions diversifiées, Sablé-sur-Sarthe (11 761 hab.), La Flèche (16 352 hab. [Prytanée militaire]), Château-du-Loir (6 155 hab.), Saint-Calais (4 577 hab.). La Ferté-Bernard (9 797 hab.), Mamers (6 815 hab.), en ordonnance la périphérie. Du centre, Le Mans (195 297 hab. pour l’agglomération), forte de sa position de carrefour, règne sur le département sans partage (fonctions de redistribution, organisations professionnelles agricoles, assurances, industries, marché de main-d’œuvre).

Son poids, qui freine l’émigration d’un département relativement peuplé (79 hab. au km2), mais en accroissement voisin de la moyenne nationale entre 1968 et 1975, peut enrayer les effets nuisibles d’une situation générale tiraillée entre l’éloignement de la capitale de Région, Nantes, et la proximité de Paris.

Y. B.

➙ Loire (Pays de la) / Maine / Mans (Le).

 G. Pierret, la Nécessité économique de l’aménagement du territoire dans le Maine (thèse, Le Mans, 1960). / P. Bois, Paysans de l’Ouest (Mouton, 1961). / M. Lévy-Leboyer, F. Dornic, G. Désert et R. Fauvel, Un siècle et demi d’économie sarthoise, 1815-1966 (Caen, 1969).