Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Saint-Marin (suite)

La population de cette petite république s’élève à quelque 20 000 personnes (un nombre égal vit à l’étranger). Près de 4 000 sont regroupées dans la capitale, Saint-Marin, qui se trouve à 700 m d’altitude sur le versant occidental du monte Titano. Le reste de la population est dispersé, à l’exception de deux autres gros bourgs, Borgo Maggiore et Serravalle. L’économie traditionnelle est fondée sur l’agriculture et l’élevage. Il n’y a guère ici de différence avec le reste de l’Émilie. On y cultive la vigne, les céréales, on y élève des bovins. Mais la grande ressource économique est aujourd’hui le tourisme. Saint-Marin s’assure des recettes avec de fréquentes émissions de timbres. Des artisans fabriquent des souvenirs pour les touristes (céramiques notamment). Ceux-ci viennent en excursion depuis les plages de l’Adriatique pour admirer le point de vue sur l’Apennin, visiter une cité médiévale dominée par les trois massives constructions de la Rocca, la Cesta et il Montale. Une intense activité commerciale s’est développée pour satisfaire à ce tourisme de passage qui amène chaque année plusieurs millions de visiteurs.

E. D.


L’histoire

Selon une légende, Saint-Marin aurait été fondé au ive s. par un ermite de Dalmatie, ancien tailleur de pierre, du nom de Marin. Ce n’est qu’en 754 cependant que l’on trouve la première mention d’un Castellum Sancti Marini, et un document fait état d’un abbé de Saint-Marin en 885.

Le pape Honorius II (1124-1130) donne la cité à l’évêque de Montefeltro en 1126, puis Saint-Marin parvient à s’émanciper au xiiie s. et devient une république gibeline, partisane de l’empereur, ce qui lui vaut l’inimitié des papes, au point qu’elle est quelque temps frappée d’interdit par Innocent IV (1243-1254).

Au xive s., la cité se place de nouveau sous la protection de la papauté et des seigneurs de Montefeltro, les futurs ducs d’Urbino. Au xve s., un système original de gouvernement y est institué ; un Grand Conseil de 60 membres, se recrutant par cooptation et où nobles, bourgeois et paysans se trouvent représentés, gouverne le pays.

Mais Saint-Marin subit les assauts des Malatesta et principalement de Sigismondo Pandolfo (1417-1468), seigneur de Rimini, entre 1460 et 1463 ; en 1503, l’ambitieux César Borgia* parvient à s’en emparer, mais pour peu de temps, et Saint-Marin retrouve bientôt sa liberté.

En prenant possession du duché d’Urbino en 1631, le pape Urbain VIII (1623-1644) reconnaît solennellement l’indépendance de la république, qu’en 1739-40 le cardinal Alberoni (1664-1752) ne parvient pas à entamer. Cette indépendance est également respectée par Bonaparte, qui en 1797 offre même à Saint-Marin d’agrandir son territoire, proposition que la république refuse. Plus tard, Napoléon, devenu empereur, la conserve : « Gardons-la, s’écria-t-il, comme un modèle de république. »

Reconnue par le congrès de Vienne en 1815, la république de Saint-Marin sert de refuge aux libéraux italiens persécutés par les souverains et par le gouvernement pontifical, qui ne parvient jamais à obtenir l’extradition de ses ressortissants (Garibaldi* notamment y trouve asile en juillet 1849). Aussi, en juin 1851, des soldats autrichiens et pontificaux violent-ils son territoire. Le 22 mars 1862, la république de Saint-Marin se place sous la protection du jeune royaume d’Italie en signant un traité d’amitié qui sera renouvelé en 1872, en 1897 puis en 1939 et en 1953.

La neutralité de la république est respectée durant la Seconde Guerre mondiale, mais la cité souffre néanmoins de graves bombardements.

Le suffrage universel avait été institué en 1906, mais le vote des femmes n’est décidé qu’en 1960. Le pouvoir est exercé par un Grand Conseil général de soixante membres élu au suffrage universel ; ses membres délèguent à deux d’entre eux (capitani reggenti) le pouvoir exécutif pour une durée de six mois

P. P. et P. R.

 C. Malagola, L’Archivio governativo della Repubblica di San Marino (Bologne, 1891). / C. Ricci, La Repubblica di San Marino (Bergame, 1903). / M. Fattori, Ricordi storici della Repubblica di San Marino (Foligno, 1912 ; 8e éd. Florence, 1956). / C. Joncker, la République sérénissime de Saint-Marin (Éd. l’Oblitération, Bruxelles, 1959). / U. Toschi, Emilia-Romagna (Turin, 1961). / G. Zani, Il territorio ed il castello di San Marino attraverso i secoli (Faenza, 1963).

Saint-Pierre-et-Miquelon

Département français d’outre-mer, situé près de Terre-Neuve ; 242 km2 ; 5 235 hab. Ch.-l. Saint-Pierre.


Dernier témoin d’un empire colonial qui s’étendait de la Louisiane à Terre-Neuve, cet archipel comprend, à l’est, l’île de Saint-Pierre (8 km du sud-ouest au nord-est) et les îlots voisins et, à l’ouest, Miquelon (80 km du nord au sud) ; celle-ci se divise en une île du nord (Miquelon ou Grande Miquelon) et une île du sud (Langlade ou Petite Miquelon), reliées par un isthme sableux.

Appartenant géologiquement à Terre-Neuve, ces îles sont formées de terrains volcaniques et sédimentaires métamorphisés d’âge précambrien. Les altitudes sont modestes (240 m à la Grande Miquelon, 210 à Saint-Pierre). Des plateaux vallonnés, troués de petits lacs et de grandes cuvettes tourbeuses, tombent sur la mer par de hautes falaises (ouest de Saint-Pierre, Petite Miquelon). Outre ces abrupts rocheux, le littoral est composé de flèches sableuses, souvent modelées en dunes et fermant des lagunes, comme celle qui unit les deux îles et celles qui bordent les côtes de la Grande Miquelon.

Le climat est froid et humide. La température moyenne de février est de – 3 °C, et celle d’août de 16 °C ; les glaces de dérive retardent l’arrivée du printemps ; les brouillards limitent le réchauffement estival. Un tiers des 1 500 mm de précipitations tombe sous forme de neige. Les vents très violents interdisent la croissance des arbres en dehors des lieux abrités ; landes, tourbières et roches nues composent le paysage habituel.