Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Saint-Germain-en-Laye (suite)

Dans le cadre du IVe et du Ve Plan, une rénovation totale du musée est entreprise en 1962, et en 1965 les salles gallo-romaines et mérovingiennes sont inaugurées. L’intérêt muséographique de ces présentations est considérable. D’une part, l’éclairage artificiel met parfaitement les collections en valeur ; d’autre part, ce n’est plus à partir d’un entassement d’objets ou de classifications obscures que l’on a évoqué les diverses phases culturelles, mais à partir de thèmes : les dieux que vénère l’Homme, les sépultures qu’il offre à ses morts, les objets décoratifs ou utilitaires dont il s’entoure. Les milliers de pièces non exposées sont classées dans des réserves aménagées et accessibles aux spécialistes.

Les vitrines présentant le panthéon gallo-romain témoignent du syncrétisme de l’époque. Mars, Mercure ou Jupiter côtoient des divinités typiquement celtiques par leur attitude (dieu de Bouray) ou par leur parure et les symboles dont elles sont ornées (dieu d’Euffigneix portant le torque et sur la poitrine duquel est gravé un sanglier, animal sacré de la Gaule). De nombreuses céramiques, de la vaisselle d’argent et quantité d’ustensiles suggèrent la vie quotidienne, alors que les stèles ou les magnifiques bronzes animaliers de la tombe de la Bussière-Étable (Haute-Vienne) du iie s. rappellent le monde des morts.

L’époque mérovingienne est définie par les armes, une orfèvrerie extrêmement riche et de belles verreries. Les mobiliers funéraires n’ont pas été dissociés, le luxe de chaque sépulture est donc parfaitement perceptible (tombe princière de Lavoye, dans la Meuse, comprenant notamment une buire décorée de scènes de la vie du Christ).

Inaugurée en 1973, une seconde série de salles présente l’époque néolithique, l’âge du bronze et le premier âge du fer. La céramique, l’outillage osseux ou lithique (haches en pierre polie), les parures, ou encore la sépulture de Cys-la-Commune (Aisne), reconstituée dans l’état de sa découverte en 1965, révèlent le Néolithique. L’évolution typologique de l’âge du bronze n’est pas négligée, tandis qu’inhumations, mobilier funéraire et objets en or attestent une civilisation en pleine expansion. Le même principe est adopté pour l’âge du fer et la période de La Tène (évolution des armes, des objets usuels et du mobilier funéraire en or du tumulus de la Butte à Sainte-Colombe [Côte-d’Or) ou reconstitution de la tombe à char de La Gorge-Meillet [Marne]). Alésia*, qui d’une certaine façon fut à l’origine de la création du musée (premières fouilles ordonnées par Napoléon III), reste à l’honneur : plusieurs maquettes expliquent les systèmes défensifs et offensifs des armées qui se firent face à Alise-Sainte-Reine.

Le dernier groupe de salles, ouvertes en 1975 et consacrées au Paléolithique et au Mésolithique, est l’un des attraits principaux du musée, qui possède la plus importante collection de gravures et de sculptures de l’ère quaternaire. L’art paléolithique y est admirablement représenté : frise sculptée du Roc de Sers (Charente), sculptures sur ivoire telles que la dame de Brassempouy (Landes) et le petit cheval de Lourdes, Vénus de Sireuil (Dordogne) ou de Lespugue (Haute-Garonne), innombrables propulseurs, fragments de bois de renne sculptés ou gravés, sans oublier la très abondante industrie lithique et osseuse.

A. B.

➙ Gaule / Mérovingiens / Néolithique / Paléolithique / Préhistoire.

 R. Lantier, Guide illustré du musée des antiquités nationales au château de Saint-Germain-en-Laye (Musées nationaux, 1948). / M. Chollot, Musée des antiquités nationales. Collection Piette (Musées nationaux, 1965). / M. Rouvier-Jeanlin, les Figurines gallo-romaines en terre cuite au musée des antiquités nationales (C. N. R. S., 1973).

 P. Torry, Une paroisse royale, Saint-Germain-en-Laye (Floch, Mayenne, 1927). / G. Lacour-Gayet, le Château de Saint-Germain-en-Laye (Calmann-Lévy, 1935). / R. Lantier, Saint-Germain-en-Laye (Art et Tourisme, Angers, 1937).

Saint-Jacques-de-Compostelle

En esp. Santiago de Compostela, v. d’Espagne, en Galice, dans le nord-ouest du pays ; 65 000 hab.


À l’origine, la ville paraît avoir été le centre intérieur des nombreux petits ports galiciens, comme Padrón, où relâchaient les bateaux de pêche ou de commerce. Une tradition de sacralité était déjà implantée dans cette région, car on croyait que Padrón possédait des pierres sacrées. Ensuite, et d’après une tradition espagnole apparue vers le viie s., le corps de l’apôtre saint Jacques le Majeur, qui avait été martyrisé à Jérusalem peu après la mort de Jésus, aurait été amené en Espagne, où il aurait auparavant déjà prêché l’Évangile ; on l’aurait inhumé près de Padrón.

Ses restes auraient été miraculeusement découverts au début du ixe s., grâce à une étoile apparue au-dessus du campus stellae (le « champ de l’étoile »), d’où le nom de Compostelle.

Ces divers récits, surtout celui de l’« invention » du corps saint, relèvent des thèmes courants de l’hagiographie et paraissent purement légendaires.

Quoi qu’il en soit, vers l’année 829, l’évêque Teodomiro, aidé par le roi Alphonse II des Asturies, fait élever une église en l’honneur de saint Jacques le Majeur sur le lieu présumé de son tombeau.

À partir de cette date, la dynastie espagnole considère les reliques de saint Jacques comme son palladium, et le saint comme le protecteur de l’Espagne face aux envahisseurs musulmans. En 866, Alphonse III le Grand fait de Saint-Jacques-de-Compostelle un évêché. Une cathédrale y est inaugurée avec éclat en 899.

Le rayonnement du culte de saint Jacques contribua puissamment à cristalliser l’œuvre de la Reconquista* ; le cri de guerre contre les Maures est « ¡Santiago y cierra España! » (« Saint Jacques et attaque l’Espagne ! »).

La région nord-occidentale du pays est la seule épargnée par l’invasion. Il est donc naturel qu’elle ait été un des plus ardents foyers de la religion chrétienne et que la Reconquista soit partie de cette contrée.