Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

astronautique (suite)

Durant la Seconde Guerre mondiale, les recherches et réalisations militaires allemandes au centre de Peenemünde, notamment la mise au point de la fusée de représailles « V2 », constituent les premiers balbutiements pratiques de l’astronautique. C’est, en effet, à partir de cette fusée « V2 » que toutes les réalisations, tant américaines que soviétiques, commencent à être étudiées et expérimentées après les hostilités. L’évolution brusque de la technologie ouvre de nouveaux horizons et les ouvrages théoriques sur les satellites artificiels se multiplient (Arthur C. Clarke [1945], Ernest Esclangon [1947-1948] et R. Engel [1949]), tandis qu’en 1950 se déroule à Paris le premier Congrès international d’astronautique.

Bien que, dès 1948, l’idée d’un programme de lancement de satellite artificiel ait été proposée aux États-Unis par James V. Forrestal, ce n’est que le 29 juillet 1955 que ce pays affirme officiellement son intention de procéder à un lancement de satellite artificiel de la Terre pendant l’année géophysique internationale 1957-1958. Quarante-huit heures plus tard, la même annonce est faite par l’U. R. S. S.

C’est à ce moment précis que débute l’histoire de l’astronautique. « Spoutnik 1 », premier satellite artificiel de la Terre, est alors lancé par les Russes le 4 octobre 1957. Boule de 83,6 kg et d’une soixantaine de centimètres de diamètre, ce satellite restera sur orbite jusqu’au 4 janvier 1958. Le deuxième satellite, « Spoutnik 2 », est beaucoup plus gros : il pèse 508,3 kg. Lancé le 3 novembre 1957, il emporte à son bord une petite chienne.

Les Américains suivent rapidement avec le lancement d’« Explorer 1 » le 31 janvier 1958. C’est le plus petit satellite (14 kg), mais il permet d’expérimenter avec succès la miniaturisation, qui sera si utile dans la suite des programmes spatiaux. Technique inconnue quelques mois auparavant, l’astronautique va aller très rapidement dans la voie des réalisations, et, en moins de dix-huit mois, dix satellites russes et américains seront lancés dans l’espace. Le 28 février 1959, les Américains réussissent un très grand exploit avec le premier satellite mis sur orbite polaire : « Discoverer 1 ». Mais déjà des buts plus lointains sont assignés aux recherches astronautiques. La Lune commence à attirer. Le 2 janvier 1959, « Lunik 1 » manque son but ; transformé en planétoïde artificiel, il tourne autour du Soleil en quinze mois environ avec un périhélie situé à 146 400 000 km. Le 3 mars, aux États-Unis, une fusée « Juno II » lance le planétoïde « Pioneer 4 » (6 kg contre 1 450 à « Luna 1 »). La série des « Lunik » continue à accroître l’avance de l’astronautique soviétique. Le 13 septembre 1959, à 22 h 2 mn 24 s, « Luna 2 » s’écrase sur la Lune. Pour la première fois un mobile terrestre atteint un autre corps céleste. Le 6 octobre, « Luna 3 » passe à 6 200 km de la surface lunaire et prend les premières photographies de la face cachée de la Lune. Le 27 octobre, repassant à proximité de la Terre, il les retransmet. Le 11 juin 1960, les Américains établissent le record de télécommunication à grande distance en maintenant le contact radio avec « Pioneer 5 » jusqu’à une trentaine de millions de kilomètres.

Les lancements de satellites se multiplient, mais, désormais, ils s’orientent vers la conquête de l’espace par l’homme. Le premier stade est la récupération des satellites, pour préparer les moyens de retour des astronautes sur la Terre. Le 12 août 1960, les Américains font pour la première fois revenir sur notre globe un satellite : la capsule « Discoverer 13 ». Une semaine plus tard, les Russes récupèrent « Spoutnik 5 », qui avait emmené deux chiens dans l’espace. La course entre les États-Unis et l’U. R. S. S. tourne une fois encore au bénéfice des Russes. Le premier astronaute à être satellisé est un Soviétique : Iouri Alexeïevitch Gagarine. C’est le 12 avril 1961. Les Américains font effectuer un vol balistique à Alan B. Shepard le 5 mai, un autre à Virgil I. Grissom le 21 juillet, puis satellisent le premier astronaute, John H. Glenn Jr., le 20 février 1962. Un véritable match oppose alors Russes et Américains. En juillet 1969, ceux-ci permettent aux premiers hommes de poser le pied sur la Lune.


Les grands précurseurs de l’astronautique


Wernher von Braun,

ingénieur américain d’origine allemande (Wirsitz 1912). Assistant du professeur allemand Hermann Oberth, il est nommé, en 1932, adjoint de Walter Dornberger, qui dirige la station expérimentale de Kummersdorf. Directeur technique du centre de Peenemünde en 1937, il parvient, en 1942, à faire voler le prototype du « V2 », qui devient opérationnel en 1944. En 1945, il arrive aux États-Unis et dirige, à White Sands (Nouveau-Mexique), les essais de lancement à haute altitude des fusées « V2 » capturées en Allemagne. En 1950, avec 120 de ses collègues de Peenemünde, il est au Redstone Arsenal de Huntsville (Alabama) comme directeur civil du plan de recherches et de développement sur les fusées. La même année, il reçoit la nationalité américaine avec 80 de ses collaborateurs. En 1960, le président Kennedy mute de nouveau l’équipe de Wernher von Braun de l’Army Ballistic Missile Agency à la NASA, où elle est responsable du développement et du lancement des grands véhicules spatiaux. En 1972, von Braun quitte la NASA.


Robert Esnault-Pelterie,

ingénieur français (Paris 1881 - Nice 1957). D’abord attiré par la télégraphie sans fil et l’automobile, il se tourne rapidement vers l’aviation et invente le manche à balai. En 1908, il s’oriente également vers l’astronautique, et, le 15 novembre 1912, il présente à la Société française de physique une première conférence dont le thème est Considérations sur les résultats d’un allégement indéfini des moteurs. Le 8 juin 1927, il fait à la Société astronomique de France une communication intitulée l’Exploration par fusées de la très haute atmosphère et la possibilité des voyages interplanétaires. En 1930, il publie son célèbre livre l’Astronautique. Avec le général Ferrié, il est l’un des premiers à préconiser l’utilisation de l’énergie nucléaire pour la propulsion des vaisseaux interplanétaires. (Acad. des sciences, 1936.)


Robert Hutchings Goddard,