Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Saint Empire romain germanique (suite)

Les entreprises françaises de la Révolution, puis de Napoléon Ier*, viennent retarder le règlement de compte définitif entre Hohenzollern et Habsbourg. L’empereur Léopold II, réconcilié un temps avec le roi de Prusse, tente de s’opposer à la poussée révolutionnaire et de sauvegarder le statu quo. La réorganisation brutale de l’Allemagne par Bonaparte en 1803 montre alors la faiblesse du pouvoir impérial, incapable de s’opposer valablement aux desseins du Premier consul : le recez imposé par Bonaparte à la diète remanie profondément l’Allemagne, en accord avec la Prusse. L’influence autrichienne recule devant le protectorat français sur les princes allemands de l’Ouest et du Sud. La France devient l’arbitre de l’Allemagne. Après le traité de Presbourg (1805), qui favorise les principautés du sud de l’Allemagne (Bavière, Wurtemberg), Napoléon crée la Confédération du Rhin (12 juill. 1806), où entrent seize princes allemands qui se séparent de l’Empire. Le 1er août 1806, la diète d’Empire se sépare et le 6 août 1806 François II renonce à son titre d’empereur du Saint Empire, pour s’appeler François Ier empereur d’Autriche. Le Saint Empire romain germanique a vécu et le problème de l’unité allemande reste posé entre Hohenzollern et Habsbourg.

P. R.

➙ Allemagne / Autriche / Bavière / Bohême / Charles V ou Charles Quint / Frédéric Ier Barberousse / Frédéric II de Hohenstaufen / Guelfes et gibelins / Habsbourg / Hohenstaufen / Hohenzollern / Hongrie / Investitures (querelle des) / Italie / Marie-Thérèse / Maximilien Ier / Otton Ier le Grand / Saxe / Wurtemberg.

 The Cambridge Medieval History, t. III : Germany and the Western Empire (Cambridge, 1911 ; rééd., 1957). / A. Cartellieri, Die Weltstellung des deutschen Reiches, 911-1047 (Munich, 1932). / J. Haller, Von den Karolingern zu den Staufern (Berlin, 1934 ; 4e éd. avec la coll. de H. Dannenbauer, 1958) ; Von den Staufern zu den Habsburgen (Berlin, 1935, 2e éd. avec la coll. de H. Dannenbauer, 1960). / O. Brandt, A. O. Meyer, F. Rudiger, Handbuch der deutschen Geschichte (Potsdam, 1936 et suiv. ; 3 vol.). / R. Folz, l’Idée d’Empire en Occident du ve au xive siècle (Aubier, 1953) ; la Naissance du Saint-Empire (A. Michel, 1967).

Saintes

Ch.-l. d’arrond. de la Charente-Maritime* ; 28 403 hab.


Des villes charentaises, Saintes est la plus ancienne, celle dont le passé est le plus prestigieux, comme l’attestent ses nombreux monuments antiques et médiévaux. C’est une ville-pont construite à un rétrécissement de la vallée de la Charente, tout au moins de la basse prairie inondable, la prée. La ville s’ordonne autour de l’axe est-ouest qu’emprunte ce pont et qui correspond à la route d’Angoulême à Rochefort : là est l’essentiel de l’activité commerciale. Tout autour, sur les deux rives du fleuve et s’étalant sur les bas plateaux, sont les quartiers résidentiels.

L’activité moderne de la cité reflète dans une large mesure la santé de la fonction ferroviaire, développée à partir de la pose des premières voies ferrées en 1867 et de la création des ateliers en 1877. La ville est aussi devenue un centre d’affaires et de tourisme ; elle abrite le siège de l’épicerie coopérative Coop.

S. L.


L’art

Saintes conserve de nombreux trésors artistiques de son passé. De l’époque romaine datent l’amphithéâtre elliptique, où se donnent des spectacles, et l’arc de Germanicus, arc de triomphe à décor corinthien, élevé en 21 par Caius Rufus en l’honneur de Tibère, de Germanicus et de Drusus. Le musée archéologique a recueilli des statues, des stèles et des bronzes romains provenant de la ville.

Deux églises représentent l’art roman de Saintonge : Saint-Eutrope et l’Abbaye-aux-Dames. La première, sanctuaire de pèlerinage au Moyen Âge, conserve sa vaste crypte, véritable église basse au-dessous du chœur, dont les collatéraux se dressent presque aussi haut que le vaisseau principal. Sainte-Marie, église de l’ancienne Abbaye-aux-Dames, avec sa nef unique voutée de coupoles sur pendentifs et son clocher de croisée, s’apparente à de nombreuses églises de l’Ouest. L’extérieur du chevet de Saint-Eutrope, le portail occidental de l’Abbaye-aux-Dames présentent un ensemble de sculptures romanes remarquables, le second en particulier avec sa porte sans tympan qu’encadrent de riches voussures.

Saint-Pierre, l’ancienne cathédrale, à la nef simplement charpentée, appartient à l’art gothique de la fin du Moyen Âge et à la Renaissance. Sa « vis torte », ou escalier de pierre du xve s. au noyau central ajouré, est un chef-d’œuvre du style flamboyant, auquel appartient aussi la fenêtre du chevet de l’église ruinée des Jacobins. L’ancien Échevinage garde son beffroi du xvie s.

De l’époque classique datent l’ancienne chapelle des Carmélites, la chapelle du collège et plusieurs hôtels, comme celui du Présidial (xviie s.), l’hôtel d’Argenson (xviiie s.) et l’hôtel Monconseil, qui abrite le musée Mestreau, où sont conservées des collections de boiseries, do cheminées, de meubles, d’armes, de costumes et d’objets provenant de la région.

A. P.

➙ Aunis, Saintonge et Angoumois.

Saint-Étienne

Ch.-l. du départ. de la Loire ; 221 775 hab. (Stéphanois). [L’agglomération compte près de 340 000 hab.]


L’agglomération est constituée de trois éléments : Saint-Étienne (vallée du Furan) et deux axes latéraux, la vallée du Gier (Saint-Chamond, L’Horme, La Grand-Croix, Lorette, Rive-de-Gier) et la vallée de l’Ondaine (La Ricamarie, Le Chambon-Feugerolles, Firminy, Fraisse, Unieux). L’ensemble de l’agglomération a une structure à la fois linéaire (suivant les talwegs) et nodulaire.


Un site et une évolution contraignants

L’agglomération se trouve à l’articulation de la dépression du Forez et de la vallée du Gier, cette dernière assurant la liaison entre le Forez et l’axe rhodanien. La divergence des trois vallées constitue un site très étroit qui a longtemps limité l’extension du tissu urbain, lequel se développe depuis vingt ans sur les hauteurs environnantes (contreforts du Pilat, monts du Lyonnais au nord-est, monts du Forez à l’ouest). L’aire de peuplement originel et longtemps dominant a été la plaine du Forez (peuplement des Segusiani, rôle historique de Feurs), mais la dépendance à l’égard de Lyon s’instaure dès la fin de la période romaine et jusqu’au ixe s. La constitution du comté du Forez distend momentanément les liens avec la métropole rhodanienne, mais, dès le xvie s., la domination économique de Lyon se manifeste de nouveau et de manière définitive. Le développement de la cité et de l’agglomération est inséparable de la mise en valeur artisanale, manufacturière (fabrication des armes peut-être depuis François Ier, manufacture royale d’armes dès 1766), puis industrielle des ressources naturelles et géologiques locales (charbon extrait à Terrenoire dès 1296, ressources hydrauliques et forestières du Pilat, travail du fer à partir de petits gisements locaux). Cependant, ce développement industriel, intéressant au départ, a été trop précoce. La révolution industrielle, qui se manifeste dès la fin du xviiie s. sur la base charbon-métallurgie, et la configuration géologique du gisement de houille, dont le centre est à Saint-Étienne et les deux ailes dans les vallées (avec en outre l’annexe de Roche-la-Molière), expliquent la structure de l’agglomération. Sur cette évolution historique s’est en effet fondée une spécialisation perpétuée au moins dans l’image que l’on se fait de la ville. Ces bases industrielles se sont complétées par des industries de transformation (mécanique et armement) et par l’industrie textile. L’agglomération a stagné d’une manière assez surprenante des années 1900 a 1950.