Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

astrologie (suite)

Historique

Les premières manifestations connues de l’astrologie dans notre monde méditerranéen datent du viie s. avant notre ère, en Mésopotamie. Les thèmes ne sont pas encore individualisés, ne comportant ni ascendants ni maisons. En Ionie naissent des doctrines mathématiques et philosophiques, dues notamment à Thalès (viie s. - vie s.), à Pythagore, à Héraclite et à Hippocrate (v. 460 - v. 377) et qui préparent l’apparition de l’astrologie méditerranéenne. En définissant les mouvements des planètes autour d’elles-mêmes et autour du Soleil, les pythagoriciens montrent combien l’unité du monde est peu tributaire de la différence entre la réalité et la perception relative de ces rotations, prouvant de façon péremptoire que le concept astrologique ne repose pas, comme le disent ses détracteurs, sur une conception inexacte de l’Univers (Terre immobile et planètes tournant autour d’elle). On trouve trace d’une pénétration de l’influence mésopotamienne en Ionie par la présence de Bérose (v. 330 av. J.-C. - †?) auprès de l’école d’Hippocrate. Au ier s. av. J.-C., les Grecs utilisent la domification pour individualiser les thèmes, créant de toutes pièces l’astrologie judiciaire.

Aux colons d’Ionie succèdent Marcus Manilius (début du ier s. apr. J.-C.), Claude Ptolémée (v. 90 - † v. 168), Julius Firmicus Maternus (ive s.), sans oublier l’empereur Septime Sévère, grand protecteur des sciences, inspirateur de la construction à Rome du Septizonium, palais de l’astrologie. De même, le calife ‘abbāsside ‘Abd Allāh al-Ma’mūn (786-833) crée à Bagdad une académie astrologique, s’entoure d’illustres astrologues persans, arabes et juifs, et tente de disputer à l’empereur de Byzance la collaboration de Léon le Mathématicien. Près d’al-Ma’mūn vivent notamment le médecin arabe Abū Ma’char (ixe s.), connu sous le nom d’Albumasar, surnommé « le Prince des astrologues », et son maître, Abū Yūsuf Ya‘qūb ibn Isḥāq al-Kindī († v. 873), venu de Judée. C’est Albumasar qui annonça le premier la Révolution française de 1789, avant les prédictions du cardinal Pierre d’Ailly (1350-1420), légat d’Avignon, chancelier de l’Université de Paris, et celles de Nostradamus.

Louis XI (1423-1483) se montre un protecteur des recherches astrologiques, mais dans un but peut-être plus intéressé. Vers 1460, une chaire d’astrologie est créée à l’université de Cracovie. Dès 1470, son influence est très grande en Europe centrale. Parmi les astrologues formés à Cracovie figurent le maître de Nicolas Copernic, l’astronome Albert Brudzewski (1445-1497), et Copernic* lui-même. Bon nombre d’entre eux se fixent auprès de rois, de grands seigneurs, de papes, tandis que les ouvrages et les calendriers polonais se répandent en Allemagne. Vers la même époque, en Allemagne, Johann Müller, plus connu sous le nom de Regiomontanus (1436-1476), auteur d’un traité de trigonométrie, crée un système de domification encore utilisé aujourd’hui, en concurrence avec celui de Placidus de Tittis (1603 - †?). En Suisse, Theophrastus Bombastus von Hohenheim, dit Paracelse (1493-1541), médecin, occultiste, se consacre à l’astrologie médicale, comme l’avait fait au xiiie s. le médecin catalan Arnaud de Villeneuve (v. 1235-1313), ami de Raymond Lulle (1233 ou 1235-1315). Cette branche de l’astrologie judiciaire, consacrée au jugement des défauts du corps, s’est d’ailleurs prolongée jusqu’à nos jours, notamment avec le docteur Henri Hunwald (1908-1961), commentateur de Paracelse et praticien de la médecine astrologique. Michel de Nostre-Dame, dit Nostradamus (1503-1566), originaire de Saint-Rémy-de-Provence, est à la fois astrologue, voyant et médecin. Ses prédictions sont contenues dans ses célèbres et mystérieuses Centuries astrologiques (1555). Par son ascendance sémitique, il eut certainement accès à des traditions juives de grande valeur, qu’il n’a point divulguées. Assez curieusement, à la même époque, se manifeste en Annam un astrologue, Nguyên Binh Khiêm (1491-1585), connu également sous le nom de Trang Trinh, auteur de poèmes prophétiques qui permettent de le comparer à Nostradamus. Au Schleswig-Holstein, dont il est le gouverneur après son père, naît et travaille le grand astrologue Henri de Rantzau (1526-1598), célèbre aussi par ses ouvrages historiques et l’appui qu’il donne aux sciences et aux arts. Johannes Kepler* donne une expression particulière à la conception de l’unité du monde, souligne les correspondances musicales des rythmes planétaires et découvre les valeurs rythmiques des aspects. Jean-Baptiste Morin, originaire de Villefranche-sur-Saône (1583-1656), peut être considéré comme l’un des chefs de file de l’astrologie moderne en raison de ses travaux sur l’interprétation de thèmes. Enfin, Henri de Boulainvilliers (1658-1722), historien, philosophe et astrologue, écrit de nombreux livres, encore consultés de nos jours. Un ralentissement des travaux marque la période allant du milieu du xviiie s. au milieu du xixe. Toutefois, le philosophe et mathématicien polonais Joseph Marie Hoene Wronski (1778-1853), sans avoir été un astrologue proprement dit, redonne vie au célèbre ternaire d’Héraclite et est, à travers les travaux de Charles Henry et de Francis Warrain, l’inspirateur du colonel Eugène Caslant (1865-1940).


Procédés modernes de l’astrologie

L’opération de base de tout travail astrologique est le calcul d’une carte céleste. L’intersection du plan de l’écliptique et du plan de l’horizon définit l’ascendant (point oriental du thème) et le descendant (point occidental du thème). Le milieu du ciel et le fond du ciel sont déterminés par les intersections de l’écliptique et du méridien. Les maisons intermédiaires sont calculées suivant des méthodes diverses. Les planètes sont ensuite placées dans la figure selon les données des éphémérides. Le thème radical est érigé pour le lieu exact (longitude et latitude terrestres) et l’heure exacte de la naissance. La précision de celle-ci conditionne l’exactitude des positions de l’ascendant et du milieu du ciel, ainsi que les valeurs des longitudes zodiacales des planètes du Soleil et de la Lune. Une erreur de l’ordre de quinze minutes peut fausser nombre d’éléments d’appréciation, en particulier la structure des cartes de révolution solaire. Bien souvent, l’astrologue doit procéder à la rectification de l’heure indiquée par le natif ou l’état civil. Les procédés de rectification sont nombreux. Le plus logique consiste à prendre le problème à l’envers :
— rectifier les coordonnées d’un thème de prévisions, tel que la révolution solaire, pour situer le présage d’un fait biographique connu à sa vraie date ;
— modifier par conséquent les éléments horaires du thème de prévision ;
— reporter enfin sur la carte natale la correction qui en résulte.

Il est bon de répéter l’opération si cela est possible au moyen d’autres faits connus et de faire une moyenne des corrections obtenues. En effet, l’expérience prouve qu’il existe une sorte de coefficient d’inertie du sujet, donc un temps de réponse aux influences.