Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Ruminants (suite)

Au contraire, le jeune Bovin élevé pour avoir une croissance rapide doit devenir polygastrique de très bonne heure. Dès le début de sa vie, il est élevé au lait, puis on le fait passer rapidement à un régime à base de farineux et de foin. Pour qu’il soit un producteur de viande, il faut qu’il apprenne à ruminer très précocement, de sorte qu’il pourra fournir entre 15 et 18 mois une grande quantité de viande.

La physiologie digestive de l’adulte est donc toute différente de celle du jeune. Quand l’animal adulte prend son repas, tous les aliments mastiqués une première fois tombent dans le premier réservoir, la panse, où ils s’arrêtent, la gouttière œsophagienne les empêchant de continuer leur chemin plus loin. Ne pouvant pas pénétrer dans le bonnet, ils vont stagner longuement dans cette première partie de l’estomac. Quand l’animal sera au repos, il fera, sous l’action de contractions péristaltiques puissantes de la panse, remonter les aliments dans sa cavité buccale pour les remastiquer. C’est encore grâce à la gouttière œsophagienne que les aliments ne pourront pas gagner le bonnet.

Pendant que les aliments stagnent ainsi dans la panse, il s’y produit des réactions biochimiques intenses. Des fermentations microbiennes sont provoquées par des Bactéries anaérobies qui attaquent la cellulose. Celle-ci subit une dégradation et se trouve transformée en divers produits : d’abord des gaz (hydrogène, gaz carbonique) et de l’eau, puis des acides gras (acide acétique, acide butyrique), qui vont pouvoir passer dans l’intestin pour y être assimilés. Ces acides gras se combinent avec des savons et d’autres substances qui passent au travers de l’épithélium de la panse, et ils gagnent les veines qui circulent tout autour.

Il faut donc considérer la panse comme un réservoir où s’opère une intense fermentation : c’est l’usine qui est capable d’opérer la transformation de la cellulose. Le Ruminant, pas plus que l’Homme lui-même, ne peut utiliser la cellulose, car il n’a pas l’enzyme (cellulase) qui la transforme en produits assimilables. Il est donc obligé d’héberger des Bactéries pour effectuer un travail qu’il est incapable de réaliser seul.

Mais, en plus des Bactéries, le liquide de la panse contient une faune d’Infusoires (Holotriches, Entodiniomorphes). Ces êtres monocellulaires s’emparent des débris végétaux et les digèrent dans leur cytoplasme. Ils peuvent arriver à occuper le cinquième du contenu de la panse. Mais, plus tard, ils sont alors digérés par l’animal, qui reçoit ainsi une abondante quantité de matières protéiques (acides aminés, polysaccharides) et des vitamines. Il existe donc une véritable symbiose entre le Ruminant et les micro-organismes qu’il héberge. On estime que le bilan fermentaire peut s’établir ainsi : 80 p. 100 des acides gras volatils proviennent de l’activité directe de la flore microbienne, le reste étant élaboré avec le concours des Ciliés. En outre, tous les glucides sont fermentes dans le rumen.

Pour bien comprendre ce phénomène, il faut se rendre compte que le rumen est une cuve qui a une fermentation permanente très active. Le Bovin qui rumine éructe en permanence, évacuant sans cesse ses gaz. Si une cause mécanique vient à empêcher ce dégagement permanent de gaz (obstruction œsophagienne par une pomme par exemple), immédiatement l’animal se météorise. Il gonfle d’une façon inquiétante, et la panse prend un volume énorme ; elle appuie sur le diaphragme, et l’animal, ne pouvant plus respirer, meurt asphyxié. Une ponction au trocard devient alors le remède d’urgence.


Glandes tégumentaires

Les Ruminants possèdent des glandes tégumentaires dont l’emplacement est très variable : les glandes préorbitaires, ou larmiers, sont disposées dans une zone qui part de l’angle interne de l’œil et s’étend sur la face ; elles sont sébacées ou sudoripares. Elles sont localisées au maxillaire chez certaines Antilopes forestières. La substance sébacée qui en provient a une odeur propre à chaque espèce. Elle est utilisée par les animaux pour marquer leur territoire. À cet effet, ceux-ci frottent des branches avec leurs régions faciales, afin d’indiquer à leurs congénères que la place est prise.

Les glandes pédieuses n’existent pas chez tous les Ruminants. Les Ovins, par exemple, en possèdent ; ces glandes sont de type sébacé et sudoripare.

Des glandes inguinales sont situées de part et d’autre des mamelles.

Chez Moschus moschiferus, la glande à musc est un grand sac de 8 cm de long et de 6 cm de large qui se trouve entre le pénis et le nombril ; elle fournit un sébum très odorant, employé en parfumerie.

Ces glandes servent, outre au marquage des territoires, à indiquer les sexes. Les glandes pédieuses permettent aux Ruminants de marquer leurs pistes, mais cette pratique leur est plutôt nuisible.


Les Camélidés, ou Tylopoïdés

Ce sont des Artiodactyles qui marchent sur la surface plantaire des dernières et des avant-dernières phalanges de leurs doigts médians antérieurs et postérieurs. Ils ont de très petits sabots, semblables à des ongles, qui ne protègent que le devant de la dernière phalange. La surface plantaire des doigts, qui touche le sol, est revêtue d’un épais coussinet élastique qui facilite la marche sur le sable. Les Camélidés ont un estomac quadriloculaire et une gouttière œsophagienne peu développée. Ils vivent en Asie, en Afrique, et en Amérique du Sud.

Ils comprennent deux genres : Camelus et Lama.

• Pour le genre Camelus, v. Chameau.

• Le genre Lama est représenté par des animaux vivant dans les plaines des hautes montagnes de l’Amérique du Sud.

Les Lamas sont de taille moyenne : 1,10 m au garrot. Ils ont le cou proportionnellement moins long que celui du Chameau, et leur dos ne comporte pas de bosse.

Il y a deux races sauvages, la Vigogne et le Guanaco, dont sont issues deux races domestiquées, le Lama et l’Alpaca. Le Lama est un animal de bât ; l’Alpaca est un producteur de peaux et de laine pour l’industrie textile. Mais la Vigogne a une laine tellement fine et soyeuse qu’on a aussi essayé d’en faire l’élevage.

Elle vit en troupeaux à grande altitude ; elle est protégée depuis les civilisations précolombiennes.

Chez les Lamas, la gestation dure 11 mois, et la longévité potentielle est de 10 ans. Ces animaux sont difficiles à garder en captivité. Ils ont, comme le Chameau, des globules rouges elliptiques et en nombre considérable : 14 millions par millimètre cube.