Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

Roumanie (suite)

Elle peut également s’enorgueillir d’avoir une excellente école d’animation, à la tête de laquelle on retrouve les noms de Ion Popescu-Gopo (Courte Histoire, 1957 ; les Sept Arts, 1958 ; Homo sapiens, 1960 ; Allô, allô, 1962 ; Anatomie, 1967) et de Bob Călinescu, créateur de films poupées. Mais les festivals internationaux d’animation (dont celui de Mamaia) ont révélé d’autres spécialistes talentueux, comme Gheorghe Sibianu, Olimp Vărăşteanu, Iulian Hermeneanu, Ştefan Munteanu, Florin Anghelescu, Liviu Ghigorţ, Constantin Musteţea et Sabin Bălaşa.

J.-L. P.


L’art en Roumanie


Les origines

Parmi les civilisations néolithiques dont les vestiges ont été retrouvés sur le territoire roumain, celle de Cucuteni (entre Carpates et Dniepr) se signale par une magnifique céramique à décor géométrique polychrome (spirales, méandres...). Vers la fin du IIe millénaire et au début du ier av. J.-C., outils et parures en or et en bronze prennent une importance rarement atteinte en Europe.

La période du fer coïncide avec celle de la formation du peuple dace, dont les riches trésors (parures, armes et vases à décor zoomorphe), aujourd’hui conservés au musée national des Antiquités de Bucarest, illustrent l’activité culturelle : trésor d’argent doré d’Agighiol (département de Tulcea), trésor d’argent de Craiova, tous deux du ive s. av. J.-C. (époque « thraco-gétique »). Puis viennent les souvenirs des cités grecques du littoral de la mer Noire (Histria, Tomis, Callatis), avec des objets d’art décoratif, de l’orfèvrerie, de la céramique. On a retrouvé des restes de sanctuaires et de citadelles daces (Sarmizegetusa) ainsi que de nouveaux trésors d’argent où la tendance au décor « abstractisant » se superpose aux formules de l’art classique (époque dace, ier s. av. J.-C.).

Trois monuments attestent la pénétration romaine au début du iie s. apr. J.-C. : la célèbre inscription des Portes de Fer, sur un rocher, qui rappelle les campagnes de Trajan contre les Daces ; dans la même région, les restes d’un pont sur le Danube ; enfin le trophée monumental de Trajan (Tropaeum Trajani) après sa victoire définitive sur Décébale (106), rotonde massive de 30 m de haut, près de Constanţa.

À l’occupation romaine succède la période des migrations « barbares », qui voit l’accumulation de pièces d’orfèvrerie (trésor d’or et pierreries de Pietroasa, départ. de Buzău, ive s.) relevant de techniques et d’esthétiques très différentes : gréco-romaines (décor figuratif), orientales (décor cloisonné d’or et de pierres fines telles que le grenat) ou daciques (stylisation).


L’art chrétien

À partir du Moyen Âge et jusqu’au milieu du xixe s., l’art savant, presque uniquement religieux, va se développer en Roumanie à partir des modèles byzantins ou occidentaux, tandis que le vieux fond dacique, entre autres sources, nourrira un art populaire plein de vitalité.


Architecture

La Transylvanie est le pays de l’architecture de bois, dont les réalisations anciennes ont disparu ; les constructions conservées ne sont pas antérieures au xviiie s., tout en reflétant leurs devancières. Maison paysanne et église ont bien des points communs, mais l’église comporte presque toujours une élégante flèche (Fildul de Sus, 1727). Les églises de pierre de Densus (fin du xiiie s.), de Strei et de Gurasada (xive s.) associent éléments byzantins et occidentaux. La cathédrale Saint-Michel d’Alba Iulia (fin du xiiie s. - début du xive) incline vers les formes romanes ; le gothique, par contre, propagé par les Hongrois et les Allemands, marque au xve s. l’église Saint-Michel de Cluj et l’église Noire de Braşov. La Renaissance semble passer sans s’arrêter, mais le baroque s’impose, notamment dans les palais (Brukenthal à Sibiu, Banffy à Cluj).

Par opposition avec la Transylvanie, la Valachie a une architecture d’inspiration essentiellement byzantine. Le plus ancien monument conservé est la petite église « princière » de Curtea de Argeş, du xive s., à plan en croix grecque et à coupole. Dans la même ville, l’église dite « épiscopale », en réalité destinée à la sépulture des princes valaques, est beaucoup plus originale, voire exceptionnelle. Consacrée en 1517 et très restaurée au xixe s., elle possède un sanctuaire tréflé, un vaste narthex servant de « chambre des tombeaux » et des coupolettes sur hauts tambours, à décor polychrome non moins féerique que celui du mur extérieur (torsade, stalactites...). L’église du monastère de Cozia (xive s.) est fortement imprégnée de caractère serbe. Un style proprement valaque se constitue à partir du xvie s. (monastère de Dealu, près de Tîrgovişte, église Mihai Vodă de Bucarest) et se développe au siècle suivant, à l’époque de Matei Basarab (monastères de Strehaia, de Brebu, de Cornetu). Au temps de Constantin Brîncoveanu (fin du xviie s. - début du xviiie), les édifices civils (palais de Mogoşoaia, près de Bucarest) et les monastères (Hurezi (département de Vîlcea], Văcăreşti à Bucarest) présentent la même richesse décorative, d’une exubérance orientale, à laquelle concourent la sculpture sur pierre, le stuc, la peinture.

C’est en Moldavie qu’interfèrent le plus les influences orientales et occidentales. La décoration fait appel aux motifs syriens, persans, etc. ; d’autres viennent de Valachie. Ces divers apports, amalgamés au fond régional, sécrètent une architecture religieuse originale. Les églises sont souvent à cinq compartiments : deux narthex — le premier s’ouvrant par des arcades —, une salle funéraire destinée aux tombeaux des fondateurs, une nef et un sanctuaire tréflé ; les coupoles, portées par des encorbellements successifs, ont un diamètre réduit ; la sculpture ornementale joue un rôle important, mais, surtout, un grand nombre de ces églises sont entièrement revêtues de peintures à l’intérieur et à l’extérieur. Les monastères fortifiés comportent un quadrilatère de bâtiments enserrant une surface gazonnée, au centre de laquelle se dresse l’église. Au xive s., byzantin et gothique voisinent ; le style moldave se dégage surtout avec les fondations d’Étienne III le Grand (1457-1504) ; église de Voroneţ, monastère de Neamţ, forteresses de Suceava et de Neamţ... Viennent ensuite les églises des monastères de Moldoviţa et de Suceviţa. Cette grande époque se prolonge au xviie s. avec le monastère de Dragomirna, l’église des Trois-Hiérarques de Iaşi ornée à l’extérieur d’une fastueuse décoration sculptée de type oriental (ensemble trop restauré par E. A. Lecomte du Noüy 11844-1914], disciple français de Viollet-le-Duc), et, dans la même ville, l’église Golia, dont les coupoles et les frontons baroques montrent une influence russe.