Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Rome (suite)

➙ Architecture / Byzantin (Empire) / Campanie romaine / Étrusques / Grèce / Hellénistique (monde) / Paléochrétien (art) / Renaissance / Roman (art).

 OUVRAGES FONDAMENTAUX. R. Bianchi Bandinelli, Rome, le centre du pouvoir (Gallimard, 1969) ; Rome, la fin de l’art antique (Gallimard, 1970). / R. Bianchi Bandinelli et A. Giuliano, les Étrusques et l’Italie avant Rome (Gallimard, 1973). / B. Andreae, l’Art de l’ancienne Rome (Mazenod, 1974).
AUTRES OUVRAGES. D. Levi, Antioch Mosaic Pavements (Princeton, 1947 ; 2 vol.). / L. Crema, Architettura romana (Turin, 1959). / H. Kähler, Rom und sein Imperium (Baden-Baden, 1962 ; trad. fr. Rome et son empire, A. Michel, 1964). / G. Ch. Picard, l’Art romain (P. U. F., 1962) ; Rome (Nagel, 1969). / R. E. L. M. Wheeler, Roman Art and Architecture (Londres, 1964 ; trad. fr. l’Art romain, Larousse, 1965). / A. Boethius et J. B. Ward-Perkins, Etruscan and Roman Architecture (Harmondsworth, 1970).


La littérature

V. latine (littérature).


La mythologie romaine

En face de la richesse de la mythologie grecque, on ne peut que constater la relative pauvreté de la mythologie romaine. Cette dernière ne paraît être qu’un maladroit démarquage de la première qui, dès le vie s. av. J.-C., a su imprimer sa marque, donner des modèles, à tel point que les grandes divinités romaines ne sont que la transposition de divinités helléniques. Les dieux de l’Olympe s’appellent à Rome Jupiter, Junon, Minerve..., et leur identification aux dieux grecs ne fait que recouvrir les traits de dieux indigènes, dont les légendes propres sont très pauvres. Aussi a-t-on pu croire longtemps qu’il n’existait pas de véritable mythologie romaine, mais une simple mise en forme de mythes helléniques, totalement adaptés et assimilés.


Une mythologie nationale ?

Cette croyance est aujourd’hui remise en question, et l’on pense que, quel que soit l’apport hellénique, il existe à Rome une mythologie nationale qui ne doit rien à une influence grecque. Il est, en effet, un fonds mythique purement romain, celui de l’histoire, qui ne ressemble en aucune façon aux cosmogonies et aux théogonies helléniques. Le problème des origines de la cité constitue le lieu privilégié de l’expérience mythologique romaine, Tite-Live étant le plus fidèle écho des légendes qui s’y rattachent. Ce dernier veut conférer au récit de la naissance de sa nation l’autorité de l’histoire et sa véridicité, tout comme justifier les rites et les coutumes par leur projection dans le passé.

Des travaux récents, notamment ceux de Georges Dumézil, ont mis en lumière le fait que le substrat de la mythologie romaine remonte à des sources très lointaines. C’est ainsi que nombre de récits « historiques » latins ne seraient que l’adaptation de thèmes mythiques très anciens qui ressortissent aux peuples indo-européens et antérieurs même à leur venue en Italie. Il y aurait une correspondance entre ces éléments indo-européens et le fonds mythique romain. « Quand la Rome républicaine se constitua une « histoire primitive », les premiers responsables de l’annalistique ne laissèrent pas perdre la mythologie ancestrale qui subsistait de génération en génération [...]. Ils avaient entre autres à leur disposition le mythe qui justifiait primitivement la hiérarchie fonctionnelle des sociétés indo-européennes. » (Georges Dumézil, dans Naissance de Rome, 1944.) Ce mythe autorisa la reconstruction, plausible aux yeux des historiens latins, du passé lointain et oublié de la cité.

Cette fabrication d’une mythologie purement romaine dans un contexte indo-européen n’empêche pas qu’en dehors du domaine « historique » la majeure partie des légendes de Rome ne soit que le calque des mythes helléniques. Pourtant, dans la banalité de ces variantes d’un modèle grec apparaît souvent un élément essentiellement latin : par exemple, tel détail rituel, qui ne peut appartenir qu’à Rome, tel détail d’initiation, telle nuance politique. Qui plus est, se laisse déceler une certaine originalité dans les différents apports italiques, qu’ils soient latins, étrusques ou sabelliques. Ainsi, la légende d’Héraclès se trouve modifiée : Hercule a à combattre le géant Cacus, héros local de Rome ; Jupiter, loin de se confondre entièrement avec Zeus, subit également une influence étrusque ; celle-ci n’est pas non plus négligeable quand il s’agit des thèmes de la vie aux Enfers et dans l’Au-delà ou encore, par exemple, des dieux lares. Ajoutons, et c’était inévitable, que, progressivement, les imprégnations italiques ont fini par infléchir à Rome révolution de la mythologie grecque.

A. M.-B.

 W. H. Roscher, Ausführliches Lexikon der griechischen und römischen Mythologie (Leipzig, 1884-1937 ; 6 vol.). / G. Wissowa, Religion und Kultus der Römer (Munich, 1902). / G. Dumézil, Flamen - Brahman (Geuthner, 1936) ; Jupiter, Mars, Quirinus (Gallimard, 1941) ; Horace et les Curiaces (Gallimard, 1942) ; Servius et la Fortune (Gallimard, 1943) ; Naissance de Rome (Gallimard, 1944) ; Naissance d’archanges (Gallimard, 1946) ; Tarpeia (Gallimard, 1947) ; l’Héritage indo-européen à Rome (Gallimard, 1949) ; la Religion romaine archaïque (Payot, 1966) ; Mythe et épopée (Gallimard, 1968-1971 ; 2 vol.). / A. Grenier et coll. les Religions étrusque et romaine (P. U. F., 1948). / P. Grimal, Dictionnaire de la mythologie grecque et latine (P. U. F., 1951). / J. Bayet, Histoire politique et psychologique de la religion romaine (Payot, 1957 ; nouv. éd., 1969). / P. Grimal (sous la dir. de), Mythologies (Larousse, 1963-64 ; 2 vol.). / J. Schmidt, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine (Larousse, 1965). / P. Boyancé, Études sur la religion romaine (De Boccard, 1973). / Les Syncrétismes dans les religions grecque et romaine (P. U. F., 1973).

Rome

En ital. Roma, capitale de la République italienne et résidence du pape.


Rome est la première ville d’Italie par sa population (près de 3 millions d’hab.). C’est une ville exceptionnelle à plus d’un titre. On fait appel, en la désignant, aux termes de « cas géographique », de « Ville éternelle », d’« Urbs ». Depuis sa fondation, vers le milieu du viiie s. av. J.-C., Rome n’a cessé, avec des fortunes variables, d’avoir une large influence. Mais son originalité ne s’arrête pas là. Rome est restée, des siècles durant, à l’écart du développement économique. En 1870, quand elle est devenue la capitale politique de l’Italie unifiée, elle ne comptait que 210 000 habitants, et, depuis lors, son intense accroissement n’a pas eu pour fondement la mise en place d’activités hautement productives comme l’industrie. Aussi a-t-on pu écrire, non sans exagération, que « cette énorme ville a toutes sortes de fonctions, sauf la fonction économique » ou encore que c’était « une ville parasite ». La municipalité et l’État italien ont, cependant, déployé de grands efforts pour équiper la ville, et le tableau actuel montre une diversification grandissante des fonctions et une extension accélérée que l’on tente de coordonner.