Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Rocheuses et cordillères pacifiques (suite)

Dans la Vallée Centrale de Californie et dans les plateaux intramontains, la diminution des précipitations et l’augmentation des températures du nord au sud provoquent un passage graduel du climat subhumide au climat semi-aride, puis désertique : dans la moitié méridionale de la Vallée Centrale et au sud du 44e parallèle à l’est de la sierra Nevada et des Cascades, le montant annuel de l’évaporation dépasse celui des précipitations. L’aridité est un des traits géographiques majeurs de ces régions.


La végétation

Par suite des conditions climatiques, les paysages végétaux présentent une grande variété depuis les forêts et les alpages des montagnes élevées et des régions septentrionales (sauf l’extrême Nord) jusqu’aux déserts des régions méridionales de faible altitude, avec tous les types intermédiaires. Les cordillères pacifiques septentrionales, fortement arrosées et enneigées, portent des forêts de conifères géants (sapin de Douglas, épicéa d’Engelmann, Sequoia semper virens) ; les Rocheuses du Nord (Montana et Canada), des forêts de pins (parties basses ou moins arrosées) ou d’épicéas (en altitude et sur les versants au vent) ; les Rocheuses du Sud, différentes espèces de pins selon les mêmes facteurs d’altitude et d’exposition. Dans le sud des Chaînes côtières (Californie), le manteau originel comporte ici des forêts claires de chênes xérophiles et sempervirents, là une sorte de maquis à épineux (chaparral). Les montagnes et hauts plateaux de l’intérieur (Wasatch, plateau du Colorado) portent, selon leur altitude et leur pluviométrie, soit des pinèdes, soit des forêts claires xérophiles de pins et genévriers. Dans l’intérieur de la Colombie britannique, on observe des forêts de conifères dans la partie septentrionale (qui comprend surtout des hauts plateaux et des montagnes), puis des forêts claires et, tout au sud, dans les vallées, soit la prairie haute, soit la steppe. À l’état naturel, le plateau du fleuve Columbia (notamment la Palouse, au nom significatif) et la Vallée Centrale de Californie étaient couverts de formations herbacées, steppe ou prairie, avec des îlots forestiers ou des bois clairs xérophiles. Le bassin du Wyoming, la haute vallée de la Snake et le bassin d’Harney (Oregon) sont le domaine de la steppe à armoises. Le Grand Bassin (Nevada) et les confins mexicains sont proprement désertiques avec des plantes grasses (cactus, agaves, euphorbes, larreas), épineuses (acacias) ou halophiles (comme le shad scale, ou Atriplex confertifolia).


L’agriculture

En ce qui concerne l’utilisation agricole et pastorale de l’Ouest nord-américain, on peut distinguer deux régions séparées par le 44e parallèle. Les bas plateaux et les vallées de la région septentrionale bénéficient d’une humidité relative malgré de faibles précipitations, les températures fraîches de l’été réduisant les pertes par évaporation. Le recours à l’eau des montagnes voisines n’est pas indispensable, sauf dans le cas des vallées, plus sèches et plus chaudes, aménagées en vergers de pêchers et pommiers en Colombie britannique (Okanagan et Kootenay) et au Washington (Yakima).

L’agriculture sèche (dry farming) est possible (rotation blé d’hiver-pois dans la Palouse du Washington), de même que l’élevage bovin extensif (ranches du plateau du Fraser) ou l’élevage laitier semi-intensif (Puget Sound, Willamette).

Au sud du 44e parallèle, il n’y a pas de vie rurale sans association de la montagne à la plaine : non seulement la montagne accueille en été le bétail dans ses bois et ses alpages, mais elle fournit l’eau indispensable aux cultures. Les Cascades, les monts de l’Idaho, les Wasatch, les Rocheuses du Sud, la sierra Nevada et les monts Klamath constituent à cet égard de véritables châteaux d’eau. L’agriculture irriguée fut introduite dans l’Utah en 1847 par les mormons. Aujourd’hui, la haute Snake, le pied des Wasatch, le haut Rio Grande, le Gila, la vallée Impériale et surtout la Vallée Centrale de Californie sont les sites des principales oasis. On y cultive de façon très intensive soit des plantes des pays tempérés dans celles du Nord (blé, betterave à sucre, légumes, fourrages et de nombreux fruits), soit des plantes des pays tropicaux et subtropicaux dans celles du Sud (vigne, coton, figuier, dattier, citronnier) ; la Vallée Centrale de Californie bénéficie de ces deux types de plantes cultivées.

Les bovins sont élevés sous une forme extensive dans les Rocheuses du Montana, du Wyoming et du Colorado. L’élevage du petit bétail est pratiqué, notamment par les Indiens, dans la steppe à armoises avec transhumance estivale en montagne ou, selon un mode semi-nomade, dans les régions subdésertiques, comme c’est le cas chez les Hopis et les Navahos du plateau du Colorado.


L’industrie et les villes

Les ressources minérales de l’Ouest montagneux sont très abondantes ; elles ont souvent fixé les premiers centres habités et donné une importance nationale, voire mondiale, à certains États ou provinces de cette région. Ces richesses apparaissent très fréquemment à l’intérieur ou au voisinage des fragments du socle, emballés ou non dans les orogènes crétacés et tertiaires. Les Rocheuses, prospectées et exploitées depuis plus d’un siècle, fournissent surtout des métaux non ferreux : cuivre (Montana, Utah), étain (Colorado), uranium (Nouveau-Mexique), plomb (Montana, Colorado), zinc (Montana, Idaho) ; on extrait du pétrole dans le Piedmont des Rocheuses (Wyoming, Alberta). Dans les plateaux intérieurs, on exploite des mines de cuivre (sud de la Colombie britannique, sud de l’Arizona), de charbon (Utah), d’évaporites (potasse dans le sud de la Californie, sels en Utah). La sierra Nevada recèle des filons d’or (dont la célèbre Mother Lode), qui attirèrent une ruée de prospecteurs et de mineurs en 1848 ; la Vallée Centrale de Californie et la plaine de Los Angeles produisent du pétrole, et les batholites de la Chaîne côtière canadienne une très grande variété de minerais métalliques.