Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

roche (suite)

Exemple de série métamorphique

Dans le métamorphisme général, les roches se rencontrent dans un ordre déterminé correspondant à l’augmentation progressive de la température et de la pression. La nature de ces roches dépend pour une large part de celle des roches primitives et on distingue diverses séquences de roches métamorphiques selon leur origine. Une des plus fréquentes est la séquence pélitique, qui correspond à la succession des roches sédimentaires sablo-argileuses. Certains des minéraux formés permettent en outre de préciser les conditions de pression et de température.

Lorsque l’intensité du métamorphisme augmente, on se rapproche des conditions de fusion des roches, conditions qui ont d’ailleurs pu être reproduites en laboratoire. Cette fusion, ou anatexie, aboutit généralement à la formation de granites (granites d’anatexie). Le phénomène est graduel et, entre les gneiss et les granites, on rencontre des roches dont la composition a été fortement modifiée par apports de fluides riches en silice et en alcalins. Parmi ces roches méta-somatiques figurent les gneiss œillés et les embréchites.

M. S.

➙ Argiles / Calcaire / Cristallines (roches) / Cristallographie / Érosion / Géologie / Granite / Métamorphisme / Minéralogie / Pétrographie et pétrologie / Volcanisme.

 A. Cailleux, les Roches (P. U. F., coll. « Que sais-je ? »., 1952 ; 6e éd., 1968). / C. Pomerol et R. Fouet, les Roches éruptives (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1952) ; les Roches sédimentaires (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1953 ; 4e éd., 1965) ; les Roches métamorphiques (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1954 ; 4e éd., 1969). / J. Jung, Précis de pétrographie (Masson, 1958 ; 3e éd., 1969). / F. J. Turner et J. Verhoogen, Igneous and Metamorphic Petrology (New York, 1960). / H. G. F. Winkler, Die Genese der metamorphen Gesteine (Berlin, 1965 ; trad. fr. la Genèse des roches métamorphiques, Ophrys, Gap, 1966). / B. Mason, Principales of Geochemistry (New York, 1966). / J. Aubouin, R. Brousse et J.-P. Lehmann, Précis de géologie, t. I : Pétrologie (Dunod, 1968). / B. Bayly, Introduction to Petrology (Englewood Cliffs, N. J., 1968). / W. G. Ernst, Earth Materials (Englewood Cliffs, N. J., 1969). / J. Goguel (sous la dir. de), Géologie, t. I : la Composition de la Terre (Gallimard, « Encycl. de la Pléiade », 1972).

Rochefort (Henri)

Journaliste et homme politique français (Paris 1831 - Aix-les-Bains 1913).


De souche roturière par sa mère, le marquis Henri de Rochefort-Luçay descendait d’une famille qui avait servi la monarchie française. Son père Armand de Rochefort-Luçay (1790-1871), ancien émigré ruiné, était vaudevilliste et journaliste dans les feuilles légitimistes.

Henri débute comme modeste fonctionnaire à l’Hôtel de Ville de Paris. Il collabore en même temps à plusieurs journaux satiriques dont le Charivari (900 articles), tout en amusant le public des boulevards par une vingtaine de succès dramatiques (1856-1866). Républicain, il refuse le poste d’inspecteur des beaux-arts que lui offre Haussmann (1862) et met sa verve sarcastique au service du Figaro (1863-1868). Il se bat en duel avec Paul de Cassagnac et le prince Murat. La barbe satanique, la mâchoire étroite, le visage méphistophélique sous une touffe de cheveux en broussailles, tel apparaît Rochefort au moment où, déjà célèbre, il lance la Lanterne (30 mai 1868), véritable brûlot contre l’Empire, qui fait de lui « l’idole du populaire ».

Dès lors sa carrière de polémiste et celle d’homme politique se mêlent étroitement, et sa plume batailleuse lui attire duels, procès, incarcérations et, par deux fois, la peine de détention à vie (1872 et 1889).

Député de Belleville (1869), il soulève les Parisiens lors des obsèques de son ami Victor Noir, rédacteur à la Marseillaise abattu par Pierre Bonaparte (janv. 1870). Membre radical du gouvernement de Défense* nationale (4 sept. 1870), il se brouille avec Trochu (1er nov. 1870) et met son Mot d’ordre au service de la Commune* (mars 1871), dont il approuve les actes sinon les méthodes. En froid avec Félix Pyat (1810-1889, écrivain et membre de la Commune), il quitte Paris le 20 mai 1871, mais, compromis, il est jugé à Versailles et déporté au fort Boyard (1872), puis à Nouméa (1873) avec Louise Michel. Il s’évade, gagne les États-Unis, puis Londres et Genève d’où il participe aux Droits de l’homme et à la Lanterne (1875-76) en signant « X...y ».

L’amnistie de 1880 le ramène en France, au milieu de l’enthousiasme populaire : c’est « le retour de l’île d’Elbe ». Dès juillet 1880, Rochefort place parmi les journaux radicaux son Intransigeant. Socialiste de type quarante-huitard, antibonapartiste, antimonarchiste, le voilà désormais anti-opportuniste (il forge le nom). Rochefort se déchaîne contre Gambetta, contre Jules Ferry et le colonialisme.

Les duels se succèdent. Il siège quelques mois à la Chambre (oct. 1885 - févr. 1886). Démissionnaire, lui l’antimilitariste qui déteste les sabreurs, il rallie Boulanger* par patriotisme. Il accepte l’exil pour préserver l’Intransigeant (1889), mais son activisme autour du « général Revanche » lui vaut la condamnation à la « détention à vie ». De Londres, puis de Suisse, il s’acharne contre les « panamistes », les fusilleurs de Fourmies (1er mai 1891) et applaudit aux premiers succès des socialistes. L’élection de Félix Faure (1895) l’amnistie de nouveau. Cent mille parisiens acclament « le grand proscrit » à la gare du Nord.

On comprend mal que l’Intransigeant se range parmi les journaux antidreyfusards lors de « l’Affaire ». Sous sa plume, Joseph Reinach devient « Boule de juif ». Le tournant du siècle marque la fin de sa carrière. Devenu nationaliste, Rochefort perd la direction de l’Intran (1907) et collabore à la Patrie.

Ses obsèques au cimetière Montmartre regroupent les anciens proscrits de 1871.

Plus que « l’ombre d’un pied de nez au mur » (Séverine), Rochefort fut l’un des grands de la presse de combat dans la seconde moitié du xixe s.

P. M.

➙ Commune (la) / Défense nationale (gouvernement de la).