Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

assistance technique

Mise à la disposition d’agents économiques, d’institutions ou de pays des compétences scientifiques et techniques leur permettant d’entreprendre des projets qui favorisent leur progrès économique. (Ce terme n’est généralement employé que pour désigner un aspect de l’aide aux pays sous-développés.)


Cette forme d’aide doit être distinguée de l’assistance culturelle (lutte contre l’analphabétisme) et de l’assistance financière, avec lesquelles elle se confond souvent, d’autant qu’elle leur est fréquemment liée dans la pratique. L’assistance technique est parfois nommée coopération technique — afin d’éviter toute interprétation péjorative du mot assistance —, mais cette formule contient la notion d’échange et a donc un sens plus restrictif.

L’assistance technique est née de l’initiative de l’Organisation des Nations unies, désireuse d’apporter aux pays sous-développés un remède approprié au manque de cadres et de travailleurs qualifiés, qui entravait tout effort de progrès. L’O. N. U. fut bientôt suivie en ce domaine par diverses organisations et par des pays industrialisés, agissant en leur nom propre. De cette prolifération des sources d’assistance technique résulte actuellement un réseau enchevêtré de programmes et de projets organisés selon des modalités différentes.

Ces modalités peuvent être regroupées sous trois formes principales, souvent utilisées simultanément : 1o l’envoi d’experts ou de personnel d’encadrement dans le pays assisté ; 2o la formation spécialisée de ses ressortissants ; 3o la fourniture de services administratifs et de matériel éducatif ou expérimental. Les experts accomplissent plusieurs sortes de missions : ils étudient un problème dans son contexte pour formuler des recommandations concernant les décisions à prendre ; ils effectuent la mise en place d’une politique déjà arrêtée ou d’une institution nouvelle (fréquemment, ils assurent alors la formation du personnel national destiné à leur succéder) ; enfin, ils remplissent la fonction de conseil dans un organisme déjà établi. Les diverses formes de l’assistance technique sont employées soit dans le cadre d’un programme portant sur plusieurs années et visant à la mise en valeur de l’ensemble des ressources d’un pays ou d’un groupe de pays, soit pour réaliser un projet spécifique, peu étendu dans le temps, ne concernant qu’un secteur limité ou une région de l’État assisté.

Parmi les organismes intergouvernementaux pratiquant l’assistance technique, l’O. N. U. et ses institutions spécialisées jouent un rôle prépondérant. Dès 1948, l’Assemblée générale des Nations unies a défini les principes de l’action de l’Organisation dans le cadre du « programme ordinaire d’assistance technique ». Ce programme, dépendant du secrétariat général, portait essentiellement sur l’envoi d’experts et de fonctionnaires internationaux ayant des tâches administratives. Parallèlement, des programmes ordinaires semblables étaient mis en œuvre dans la plupart des institutions spécialisées : O. M. S., Unesco et O. I. T. En 1950 fut mis en place le « programme élargi d’assistance technique » [P. E. A. T.], au sein duquel coopéraient l’O. N. U. et ses institutions spécialisées, auxquelles vinrent s’adjoindre la B. I. R. D. et le F. M. I. En 1966, le P. E. A. T. fut intégré dans le « programme des Nations unies pour le développement » avec le Fonds spécial, créé en 1958, qui a pour objet des opérations de préinvestissement (études économiques, création d’instituts de recherche, exécution de projets pilotes) dont il finance une partie.

Les autres organisations intergouvernementales, consacrant une part de leurs activités et de leurs ressources à l’assistance technique, ont une zone d’intérêt géographique plus restreinte que celle de l’O. N. U. Ainsi, la C. E. E. (indépendamment de l’action de ses membres) procure aux États africains et malgaches associés une assistance technique réglementée par la Convention de Yaoundé. Par des accords particuliers, elle joue aussi un rôle en cette matière vis-à-vis d’États tiers. L’Organisation des États américains, pour le continent américain, et l’Organisation de l’unité africaine, pour l’Afrique, fournissent à leurs membres des services d’assistance technique. Des organismes internationaux, n’assurant eux-mêmes que peu ou pas d’assistance, coordonnent les initiatives de leurs membres : l’O. C. D. E., par le Comité d’aide au développement ; le Comecon, pour les démocraties populaires ; le plan de Colombo, qui concerne l’Asie du Sud et du Sud-Est.

Les pays industrialisés dispensent une part de leur aide au tiers monde sous forme d’assistance technique. Les États-Unis y consacrent en moyenne un peu plus de 10 p. 100 de leur budget d’aide ; la France, depuis 1964, y affecte 40 p. 100 ; la Grande-Bretagne et l’Allemagne lui réservent chacune environ 20 p. 100. Les autres États occidentaux s’intéressent aussi à cette forme d’aide. L’U. R. S. S., les pays du Comecon et la Chine envoient surtout des techniciens. Il faut également mentionner l’assistance technique de source non gouvernementale, fournie par des organisations sans but lucratif, qui se sont partiellement regroupées en un Conseil international des agences bénévoles.

L’assistance technique nécessite des préalables pour être efficace : les dispensateurs doivent choisir un personnel compétent, mais surtout capable d’adaptation ; les bénéficiaires doivent mettre en œuvre une planification ou au moins structurer leur administration et leur économie. À l’échelle mondiale se posent deux problèmes essentiels : influence politique et assistance vont trop souvent de pair pour que cette dernière n’en subisse pas le contrecoup ; les besoins en assistance dépassent largement les ressources qui y sont affectées.

L’avenir de l’assistance technique apparaît donc uniquement tributaire des efforts qui seront faits en sa faveur (efforts d’adaptation, d’élargissement, de coordination, sinon d’organisation mondiale), car l’assistance n’aura atteint son but que quand elle sera devenue inutile.

T. M.

➙ Colonialisme / Coopération / Développement.

 M. E. Opler, les Problèmes sociaux de l’assistance technique (Unesco, 1954). / M. Domergue, l’Assistance technique (O. C. D. E., 1961). / F. Luchaire, l’Aide aux pays sous-développés (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1966 ; 2e éd., 1967).