Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Rhizopodes

Protozoaires (Protistes* eucaryotes à affinités animales), uni- ou plurinucléés, dont au moins les stades végétatifs, ou trophozoïtes, dits « adultes », sont caractérisés par la présence, parfois temporaire et en nombre variable, d’expansions cytoplasmiques de forme, nature et fonctions diverses, les pseudopodes.


On a longtemps voulu voir en eux les Protozoaires les plus primitifs, mais cela est bien douteux depuis qu’il est établi que les Monères anucléées et amiboïdes de Haeckel n’étaient que des fragments issus accidentellement (plasmoptyse) d’autres Protozoaires, et voués à la mort. Le fait de « vivre avec des pseudopodes », caractère d’appréciation délicate et souvent subjective, ne doit pas nous abuser ; il n’implique aucune affinité zoologique réelle entre les êtres qui sont relégués dans le groupe des Rhizopodes, du fait de l’insuffisance patente des études les concernant. Cela est si vrai que la valeur systématique du groupe des Rhizopodes et son contenu varient selon les auteurs, et qu’il avait même été éliminé d’ouvrages spécialisés (Jepps, 1956). Nos connaissances à leur égard sont en pleine évolution grâce aux études ultrastructurales et à l’analyse systématique des modes mitotiques.

La démarcation entre Rhizopodes et Flagellés* est des plus imprécises ; s’il est vrai qu’un Phytoflagellé devenant amiboïde conserve le chimisme de son groupe d’origine (Rhizochrysis, Chrysomonadines), ce que l’on oublie trop souvent, il subsiste un groupe frontière très hétérogène d’animalcules se présentant tantôt sous l’aspect de Flagellés à 1, 2 ou 4 flagelles, tantôt sous l’aspect d’Amibes nues rampant sur le substrat. Réunis dans l’ordre des Rhizomastigines et rattachés aux Rhizopodes par nécessité didactique, ils justifieraient déjà amplement le rapprochement des deux vastes ensembles en un seul sous-embranchement des Rhizoflagellés. Mastigamœba et Mastigella vivent en eaux douces et sont assez fréquentes ; Tetramitus (coprophile) est Amibe en présence d’oxygène et en faible salinité et Flagellé dans les conditions inverses.

L’ensemble des « Protozoaires à pseudopodes » est alors regroupé sous le nom de Sarcodinés et divisé en deux classes : les Actinopodes et les Rhizopodes au sens strict, comprenant essentiellement trois ordres : les Gymnamœbiens, les Thécamœbiens (Amibiens* au sens large) et les Foraminifères. Seuls ces derniers semblent constituer un groupe homogène ; presque tous marins, possédant une coque (faussement externe) d’où s’échappent des pseudopodes fins et réticulés, ils semblent montrer une alternance de générations sexuées et asexuées couplée à un dualisme nucléaire (diploïde-haploïde) strict.

Les Amibiens*, au contraire, ne montrent que peu de cas de sexualité ; il semble même que celle-ci soit effectivement inexistante dans la plupart des familles. Le cycle de vie se résume le plus souvent en une succession de proliférations et d’enkystements, mais il se pourrait que les individus sortant du kyste ne soient pas toujours de simples trophozoïtes : des cas de conjugaison ont été décrits dans quelques genres de Thécamœbiens (Trinema, Euglypha), suivis de copulations nucléaires. Si la majorité des Amibiens possèdent des pseudopodes lobés (lobopodes), il existe également des formes mues ou testacées pourvues de pseudopodes soit acuminés et très effilés (filipodes), soit anastomosés et réticulés. La plupart n’ont été étudiés que par un seul observateur, et leur cytologie, si elle a été minutieusement décrite, ne nous renseigne guère sur la phylogénie et les affinités réelles de ces Protozoaires.

Les modes mitotiques sont très variables selon l’importance des nucléoles dans le noyau quiescent, mais en règle générale il n’y a pas effacement de la membrane nucléaire ni de véritables centrioles aux pôles du fuseau. Aucun Rhizopode n’a encore révélé de caryocinèse assimilable à l’orthomitose des Métazoaires.

Un autre groupe est âprement disputé et controversé : ce sont les Mycétozoaires (Myxomycètes* et leurs alliés). Caractérisés par une phase amœboïde (myxamibe) temporaire suivie d’une agrégation en un volumineux plasmode, on peut leur reconnaître des caractères rhizopodiques certains. La suite du cycle, montrant une ségrégation d’éléments somatiques (périssables) et reproducteurs (potentiellement pérennes), les écarte même de l’ensemble des autres Protozoaires, où ce dualisme est rarissime. Le fait qu’ils soient aptes à élaborer de la cellulose les fait encore couramment classer parmi les êtres végétaux inférieurs.

J. B. C.

Rhodes

En gr. Rodos ou Ródha, île grecque de la mer Égée, située sur la côte sud-ouest de l’Asie Mineure.


Rhodes subit d’abord l’influence de la civilisation crétoise. Dans la légende de l’époque, elle était considérée comme une colonie d’Hercule et comme l’île de hardis navigateurs, les « enfants du Soleil ».

À l’époque historique, Rhodes est occupée par des Doriens venus d’Argos, à la suite de l’invasion dorienne en Grèce. Ils y fondent trois cités principales, Lindos, Ialysos et Camiros, qui appartiennent à la ligue des Six Villes, association qui permettait aux Doriens d’Asie Mineure de se protéger de leurs voisins continentaux.

Une expansion commerciale intense et une active colonisation caractérisent l’histoire de ces villes, dont les opulents tombeaux retrouvés à Camiros portent témoignage. Rhodes fonde des colonies sur la côte sud d’Asie Mineure (Lycie, Cilicie) et en Grèce d’Occident, sur les côtes orientales de l’Italie, en Sicile (Gela, îles Lipari) et jusqu’en Espagne, à Rhodé (l’actuelle Rosas).

Au cours des guerres médiques, au vie s. av. J.-C., les cités rhodiennes font partie de la ligue de Délos, sous l’hégémonie athénienne, mais en 412 av. J.-C. elles secouent le joug d’Athènes et deviennent des bases maritimes pour ses ennemis lacédémoniens.