Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

Rhénanie-du-Nord-Westphalie

En allem. Nordrhein-Westfalen, État (Land) d’Allemagne fédérale ; 34 038 km2 ; 17 200 000 hab. Capit. Düsseldorf.


Le Land a été créé en 1946 à l’initiative du gouvernement militaire britannique, par la réunion des deux provinces prussiennes de Rhénanie et de Westphalie. Plus tard (janv. 1947), on y ajouta le territoire de Lippe-Detmold. Cette entité politique comprend donc deux groupes ethniques distincts, rhénan et westphalien, qui sont ainsi réunis pour la première fois dans l’histoire allemande. Le Land est le plus peuplé de la R. F. A.


Les milieux naturels

Très hétérogène sur le plan physique, le Land se compose d’au moins six éléments importants. Dans sa partie méridionale, il comprend les derniers éléments du Massif schisteux rhénan (Eifel, Siebengebirge), c’est-à-dire des éléments de massifs anciens sédimentaires plus ou moins arasés ainsi que des appareils volcaniques encore très frais. Les soulèvements se sont continués jusqu’au Quaternaire. Des fractures d’âge tertiaire ont créé des dépressions dont la plus importante est la « baie géologique » de Cologne, qui a vu s’installer le Rhin. La « baie » de Cologne fait la transition avec les bas pays rhénans. Les terrasses du Rhin plongent rapidement vers le nord, montrant la subsidence continue de la région. Les bas pays rhénans mènent vers le delta du Rhin. Ils sont constitués d’éléments tertiaires où prédominent argiles et sables. Ces dernières formations fossilisent dans la partie sud des gisements de lignites miocènes. Au pied du Massif schisteux s’étale un large ruban de terres lœssiques, les Börden, qu’on trouve de part et d’autre du Rhin (Börden de Jülich, Bergheim, Düren, Euskirchen, à l’ouest, le Hellweg et le sud du bassin de Münster à l’est). Souvent masqué par les sols lœssiques, surtout à l’est du Rhin, s’étend le bassin houiller de la Ruhr*. Mais le charbon se retrouve également sur l’autre rive du Rhin (Moers, Geldern), jusque dans la région d’Aix-la-Chapelle. Le nord-est du Land est formé par les collines crétacées du Teutoburger Wald, qui encadrent le bassin tertiaire de Münster, où se continuent les veines de houille. La région westphalienne commence à l’est du méridien de Dortmund. Mais c’est la vallée du Rhin qui a joué le rôle fédérateur.

Dans les régions basses, les précipitations sont souvent inférieures à 600 mm par an. Par contre l’Eifel septentrional et le Sauerland reçoivent plus de 1 000 mm par an. Les moyennes montagnes sont de véritables châteaux d’eau. C’est un atout pour les secteurs urbains et industriels des régions basses.


La population

L’évolution démographique reflète l’essor industriel rapide. En 1871, la superficie de l’actuel Land ne comptait encore que 4,3 millions d’habitants. Depuis, la progression a été continue : 8,5 en 1905 ; 11 en 1925 ; 13,2 en 1950 ; 17,2 en 1972. L’accroissement est dû, surtout, à l’immigration. Les densités actuelles varient entre 50 habitants au kilomètre carré (Eifel) et 1 500 au cœur de la zone industrielle ; 2,6 millions de réfugiés expulsés après la défaite de 1945 se sont installés dans le Land. La structure démographique est très voisine de la moyenne fédérale. Les jeunes de moins de 15 ans groupent 23,1 p. 100 de la population (R. F. A., 23,3) ; les personnes de 15 à 65 ans, 64,3 p. 100 (R. F. A., 64,6) ; celles de plus de 65 ans, 12,7 p. 100 (R. F. A., 12,1). L’excédent des naissances s’est considérablement amenuisé : en 1960, 102 000 ; en 1971, 12 400. La crise houillère qui a éclaté vers 1965 avait même entraîné un bilan migratoire négatif qui n’a disparu qu’avec l’amélioration de la situation économique à partir de 1972. La population active, avec 6,8 millions de travailleurs (1971), totalise plus du quart de la population active de la R. F. A. Les femmes représentent plus de 35 p. 100 des travailleurs. L’orientation industrielle du Land se lit à travers le fort taux des actifs industriels : 55,1 p. 100 (R. F. A., 49,3 p. 100). Le secteur tertiaire regroupe 41,1 p. 100 (R. F. A., 42,3) des travailleurs, et l’agriculture seulement 3,8 p. 100 (R. F. A., 8,4). Le taux de natalité, qui était encore de 17,5 p. 1 000 en 1960, est tombé à 12,4 p. 1 000 en 1971 ; par contre, la mortalité a légèrement augmenté, passant entre les mêmes dates de 11,1 à 11,7 p. 1 000. Moins de 15 p. 100 de la population vivent dans des communes de moins de 2 000 habitants, mais plus de 50 p. 100 dans les vingt-cinq villes du Land.


Une vie agricole diversifiée

La faiblesse du chiffre des actifs agricoles ne doit pas faire penser à une agriculture étiolée. Si dans les massifs montagneux les exploitations de taille moyenne (20 à 40 ha) s’orientent vers un élevage laitier intensif (4 000 kg de lait par vache et par an), les Börden fournissent des exemples d’agriculture des plus modernes et des plus intensifs en Europe. Les plaines des bas pays rhénans et du bassin de Münster enregistrent la prédominance d’un élevage intensif, laitier et d’embouche, fondé sur l’exploitation d’herbages bien soignés, à la manière hollandaise. Dans les Börden, la culture intensive des céréales, surtout du froment, est associée à celle de la betterave à sucre. C’est à l’ouest du Rhin que se trouve la plus grande région productrice de sucre de la R. F. A. Les betteraves sucrières peuvent occuper jusqu’à 35 p. 100 de la superficie des labours, selon les communes et la philosophie économique des entrepreneurs d’agriculture, qui de plus en plus remplacent les agriculteurs routiniers de jadis. De l’ensemble du territoire du Land, 31,6 p. 100 sont exploités en labours, 23,1 p. 100 en herbages, 23,9 p. 100 en forêts, le reste étant réservé à des fins non agricoles ; 178 000 exploitations agricoles emploient, au total, 280 000 actifs ; 70 000 exploitations ont moins de 5 ha. Les exploitations à temps complet oscillent entre 20 et 50 ha. Celles de plus de 100 ha sont rares. Vu la cherté de la main-d’œuvre, dans une région payant des salaires élevés dans l’industrie, il semble qu’un seuil de rentabilité agricole se situe aux alentours de 100 ha. Le Land compte 78 écoles agricoles, en partie combinées avec des bureaux de conseils.