Ensemble des troubles provoqués par l’arrêt de la respiration.
Longtemps, ce mot a été employé dans le sens que nous donnons au mot syncope (cessation des battements du cœur) et, étymologiquement, il veut bien dire « absence de pouls ». Détournée de son sens primitif, l’asphyxie est aujourd’hui la conséquence de l’arrêt de la respiration et de l’arrêt du cœur. En réalité, seule l’interprétation est changée, le résultat restant la « mort cérébrale » par manque d’oxygène (sans manque de sang) et excès d’acide carbonique. Ces deux éléments peuvent se trouver isolément dans les états dits « d’anoxie* » et « d’hypercapnie ». Il est évident que l’arrêt respiratoire produit les deux.
Tous les états qui empêchent les échanges gazeux respiratoires peuvent provoquer l’asphyxie : la submersion, la strangulation, la suffocation et aussi le confinement. Mais l’inhalation de gaz non respirables (azote, hydrogène, protoxyde d’azote) ou de gaz délétères (oxydes de carbone, sulfures gazeux) ne donne pas de véritable asphyxie. Il s’agit alors d’anoxie : tant que les mouvements respiratoires s’exercent, le gaz carbonique peut encore s’échapper. Dans les cas où le gaz carbonique serait retenu dans l’organisme par un autre effet, il y aurait hypercarbie, c’est-à-dire que ce gaz ne pourrait pas s’échapper, même si les mouvements respiratoires étaient entretenus artificiellement.
L’analyse des gaz du sang confirme quantitativement ces notions : dans l’asphyxie vraie, l’hémoglobine est désaturée et l’anhydride carbonique en excès ; dans l’anoxie pure, le taux d’anhydride carbonique peut être faible. Dans l’hypercarbie, l’oxygène peut être présent dans le sang à un taux relativement élevé.
Le dosage de ces mêmes corps dans l’air alvéolaire du poumon est aussi significatif. La pression partielle de l’oxygène est basse dans l’asphyxie, alors que le taux de CO2 est élevé, comme celui des autres occupants naturels de l’alvéole : azote et vapeur d’eau. Dans l’anoxie pure, la pression partielle du gaz carbonique est peu augmentée et peut même être diminuée. Dans l’hypercapnie seule, la concentration de l’air alvéolaire en gaz carbonique est plusieurs fois celle que l’on trouve habituellement, mais l’oxygène n’y manque pas.
L’asphyxie se termine toujours, quand elle n’est pas corrigée à temps, par l’arrêt des mouvements respiratoires spontanés (syncope respiratoire), suivi, après un temps très variable, de l’arrêt cardiaque (syncope circulatoire), qui témoigne de l’épuisement du myocarde, pourtant relativement bien adapté à une vie « anaérobie » de courte durée. De ces considérations dérivent les principes thérapeutiques sur lesquels se fondent les mesures de sauvetage modernes.
1. Le temps de survie du cœur étant indéterminé a priori, tout doit être, dans tous les cas, même apparemment désespérés, mis en œuvre pour assurer la correction de l’asphyxie.
2. La vie anaérobie du cœur est considérablement facilitée par la correction de l’acidose. D’où les indications des thérapeutiques alcalines (sérum bicarbonaté) concomitantes des gestes de réanimation physique (massage cardiaque et respiration* artificielle). [V. réanimation.]
Malheureusement, le cerveau n’a pas les mêmes facultés de survie précaire que le cœur, et un certain nombre d’asphyxiés « récupérés » restent affectés pour la vie de troubles nerveux plus ou moins graves, liés à la dévitalisation de secteurs très divers de l’encéphale.
Asphyxie des nouveau-nés
Elle affecte deux formes bien différentes suivant que l’asphyxie survient avant la naissance ou juste après. Dans la première, l’accident asphyxique a pour origine une interruption prolongée du passage de l’oxygène maternel au sang fœtal (anomalie du placenta ou du cordon). Si le délai entre cet accident et la naissance est trop long, l’enfant naît bleu, flasque, en état de mort apparente. Les chances de succès du traitement sont faibles. Dans la seconde, l’accident a pour cause l’obstruction de la respiration (quel que soit son mécanisme) après une naissance normale. L’enfant devient bleu, mais, à l’instant de l’expulsion, il était rose et tonique. Traitée immédiatement, cette asphyxie est, dans l’immense majorité des cas, rapidement levée, sans séquelle d’aucune sorte.
J.-C. Le P.