Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

Réunion (île de la) (suite)

 G. Azéma, Histoire de l’île Bourbon depuis 1643 jusqu’au 20 décembre 1848 (Plon, 1859). / A. Brunet, Trois Cents Ans de colonisation française à l’île Bourbon (Éd. de l’Empire, 1948). / Recueil de documents et travaux inédits pour servir à l’histoire de la Réunion (Impr. Couderc, Nérac, 1954-1960 ; 4 vol.). / Y. Pérotin, Chroniques de Bourbon (Impr. Couderc, Nérac, 1957). / J. Defos du Rau, le Relief de l’île de la Réunion (Institut de géographie, Bordeaux, 1960) ; l’Île de la Réunion, Étude de géographie humaine (Institut de géographie, Bordeaux, 1960). / A. Toussaint, Histoire de l’océan Indien (P. U. F., 1961). / A. Schérer, Histoire de la Réunion (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1965 ; 3e éd., 1974). / J.-C. Leloutre, la Réunion, département français (Maspero, 1968).

rêve

Activité psychique du dormeur.


Pendant de longs siècles, le rêve a été étudié avant tout par les prêtres, les devins et les prophètes. Il n’est entré définitivement dans le domaine scientifique qu’au xixe s., quand les philosophes et les psychologues en firent un objet de recherche. De 1900, date de parution du livre de Freud* l’Interprétation des rêves, à 1953, date de la première étude psychophysiologique de E. Aserinsky, ce sont les psychanalystes, presque exclusivement, qui ont étudié le rêve.

Avant d’envisager successivement le point de vue psychanalytique et le point de vue physiologique, on doit préciser que le rêve, est en soi inconnaissable et que ce qu’il est convenu d’appeler « rêve » n’est connu qu’a posteriori par le récit qu’en fait le dormeur à son réveil. Ce fait, si évident, est actuellement à l’origine des discussions qui opposent entre eux les physiologistes. Pour les psychanalystes, ce fait est de moindre importance, car ce qui compte pour eux c’est uniquement le discours qui leur est adressé pendant la séance.


Le point de vue psychanalytique

Jusqu’à Freud, le rêve n’était qu’un objet de mépris et de dédain de la part des médecins et des physiologistes qui étudiaient le sommeil. Pour Freud, le rêve était à comprendre, au même titre que les symptômes des névroses ou les actes manques de la vie quotidienne. Il devait avoir un sens et une fonction, il devait être le résultat de processus psychiques définis.

Le rêve ne peut être interprété de façon automatique en usant de telle ou telle clé des songes. Seule la méthode de libre association permet d’accéder à son sens. Cette méthode consiste, pour le sujet, à exprimer sans discrimination toutes les pensées qui lui viennent à l’esprit à partir de tous les éléments du récit de son rêve. Celte méthode, qui est à la base de la technique psychanalytique, a permis à Freud de découvrir les lois du rêve en prenant pour objet d’étude soit ses propres rêves, soit ceux de ses patients.

Par cette méthode d’investigation, l’on découvre que le rêve présente un contenu manifeste (le récit du rêve) et un contenu latent (les pensées liées aux associations), le récit du rêve n’étant qu’une « sorte d’ersatz » des pensées du rêve. Le problème est alors de savoir comment s’opère la transformation du latent en manifeste.

Du fait du sommeil (isolement sensoriel et régression psychique), l’activité mentale est soumise à certains processus qui jouent alors un rôle primordial. Nous insisterons surtout sur la condensation et le déplacement. Ce sont eux qui donnent à certains récits de rêve leur aspect confus, bizarre et irréel, illogique et incompréhensible.

Avant de les envisager, rappelons que le premier travail qui s’impose au rêve est de dramatiser, c’est-à-dire de transformer en action figurée, en situation, ce qui au préalable n’était que pensée. Ce processus de dramatisation est indissociable de celui de figuration, dont nous dirons un mot plus loin.

Quand on compare le contenu manifeste et le contenu latent, on s’aperçoit que les deux sont intimement liés, mais que la richesse du second a subi un énorme travail de condensation, si bien que le même élément du récit du rêve peut se trouver en relation avec un grand nombre de pensées latentes, qu’un personnage, par exemple, peut être composé de détails appartenant à plusieurs personnes connues du rêveur. Chaque détail du rêve provient ainsi de multiples origines. Inversement, la même pensée latente du rêve peut être représentée par plusieurs éléments différents du contenu manifeste.

À la dramatisation et à la condensation s’associe le déplacement. En effet, contenu manifeste et contenu latent sont différemment centrés ; ce qui est important dans l’un devient accessoire dans l’autre, ce qui est clair ici devient là obscur. Il y a comme un renversement des valeurs psychiques, ce qui contribue à dérouter les tentatives d’interprétation. Mais l’expérience montre que c’est souvent derrière le détail inaperçu ou resurgi inopinément que se cachent les pensées latentes qui révéleront le sens du rêve.

Un dernier processus contribue à la métamorphose des pensées en rêve, c’est la figuration. Freud compare la figuration au travail qui consisterait à remplacer les phrases d’un éditorial politique par une suite d’images dessinées. Ce qui le conduit à comparer le rêve à un rébus.

Les matériaux servant à construire le rêve ont trois origines : les souvenirs infantiles, les restes diurnes, en particulier de la journée précédente, et les stimulations, d’origine interne ou externe, perçues par le dormeur. Tous ces matériaux sont soumis au travail du rêve, qui empêche de les rendre d’emblée reconnaissables ; c’est ainsi que les stimuli perçus pendant la nuit sont intégrés aux pensées du rêve, perdant alors leur signification première : par exemple la sonnerie du réveil devient un agréable bruit de cloches.

Toutefois, l’élément fondateur, créateur et moteur du rêve est toujours le désir inconscient, le plus souvent infantile et refoulé. Cette notion de désir, centrale en psychanalyse, a justement été définie par Freud à propos du rêve : le désir cherche à rétablir la situation de la première satisfaction du besoin, et la réapparition de la perception de cette satisfaction est l’accomplissement du désir. Pour rétablir une situation de satisfaction, deux voies sont possibles : l’une, courte et d’une efficacité transitoire, est l’hallucination, comme dans le rêve ; l’autre, longue et efficace, exige de retrouver la satisfaction dans la réalité. La voie courte est ce qu’on appelle le processus primaire, la voie longue le processus secondaire.