Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

respiration (suite)

Épreuves fonctionnelles respiratoires

Il s’agit essentiellement de la spirométrie, qui a pour objet l’étude et la mesure des volumes gazeux pulmonaires mobilisés par les mouvements de la cage thoracique. L’examen se fait le matin, chez un sujet à jeun, en position assise. L’appareil utilisé est un spirographe, à analyseur d’hélium incorporé. À l’état normal, on obtient les valeurs suivantes :
— Fréquence respiratoire : de 12 à 16 mouvements par minute.
— Volume courant (V. C. ou Vt) : 500 millilitres.
— Ventilation par minute : 6 litres.
— Consommation d’O2 : 250 millilitres par minute.
— Capacité vitale (C. V.) : de 3 à 5 litres (selon le sexe, l’âge, l’entraînement).
— Volume expiratoire maximal à la seconde (V. E. M. S.) : variable selon le sujet. C’est le rapport rapport de Tiffeneau, qui compte ; il est normalement de 70 à 80 p. 100.
— Volume résiduel : 1 litre.

La spirographie permet de mettre en évidence des syndromes pathologiques :
le syndrome ventilatoire restrictif, dans les affections de la plèvre, les traumatismes thoraciques après exérèse pulmonaire ;
le syndrome ventilatoire obstructif, dans l’asthme ou l’emphysème ;
le syndrome mixte, dans les bronchites chroniques, la tuberculose ancienne et la silicose.

Certaines épreuves pharmacodynamiques sont effectuées à l’aide de l’isoprénaline, de l’acétylcholine, de pneumo-allergènes, permettant de tester la sensibilité de l’organisme à ces produits. Parallèlement, on peut effectuer une gazométrie par ponction de sang artériel (au niveau de l’artère fémorale) : on étudie la teneur du sang en O2, CO2, et son pH. D’autres épreuves sont plus rares : bronchospirométrie séparée, détermination de la capacité de diffusion pulmonaire. Les épreuves fonctionnelles respiratoires trouvent leur intérêt dans les affections pulmonaires, bronchiques, pleurales, dans les altérations de la cage thoracique, dans les affections cardiaques, avant l’anesthésie et avant les interventions thoraciques.


Respiration pathologique

V. asphyxie, dyspnée.

Respiration assistée

C’est une méthode de réanimation qui s’impose chaque fois que les poumons ne peuvent assurer leurs fonctions durant une période prolongée. Elle recourt à des appareils différents selon les méthodes employées. Certains appareils permettent d’exercer alternativement des pressions et des dépressions sur le thorax. Le type en est le « poumon d’acier », dont le principe est également celui de la cuirasse thoraco-abdominale. Actuellement, on préfère les appareils qui insufflent directement l’air dans les poumons. Le sujet est intubé soit par la bouche, avec une canule, soit par trachéotomie. La canule est reliée à un appareil respirateur qui envoie régulièrement le volume gazeux dans les poumons. On peut introduire dans l’air insufflé de l’oxygène, des gaz anesthésiques. Sans avoir recours à de gros appareils, on peut insuffler manuellement l’air à l’aide d’un masque et d’un ballon que l’on presse au rythme de sa propre respiration.

La respiration artificielle

C’est un traitement qui a pour but d’obtenir une ventilation alvéolaire suffisante et d’éviter l’apparition d’un syndrome asphyxique (hypoxie, hypercapnie). On utilise des méthodes par action externe, par balancement, par action interne.

Respiration artificielle par manœuvres externes

• Méthode de Holger-Nielsen. Le sujet est mis en décubitus ventral, la tête tournée sur le côté, les bras en abduction, coudes fléchis, mains placées l’une sur l’autre, de sorte que le front du sujet repose sur elles. Le sauveteur s’agenouille à la tête du sujet et place le talon de ses mains à la partie supérieure des omoplates ; il se porte vers l’avant jusqu’à ce que ses bras soient pratiquement verticaux et exerce une pression forte qui chasse l’air du thorax. Puis il revient en arrière, saisit les bras du sujet juste au-dessous des épaules, les soulève ; cette manœuvre, soulevant et produisant une expansion du thorax, fait pénétrer l’air dans les poumons. Ensuite, le sauveteur abaisse les bras du sujet et commence un autre cycle. Le cycle prend 6 secondes.

• Méthode de Schaefer. Le sujet est également en décubitus ventral, la tête tournée sur le côté, les mains sous son front. Le sauveteur s’agenouille « à cheval » sur le sujet et place ses deux mains sur les deux côtés du thorax, à la partie basse, au niveau des dernières côtes. Il se penche en avant et, avec le poids de son corps, appuie sur la taille : l’air est ainsi expulsé des poumons ; puis il relâche la pression graduellement, ce qui attire l’air dans les poumons. Le cycle est recommencé régulièrement 12 fois par minute.

• Méthode de Sylvester. Le sujet est en décubitus dorsal, tête maintenue en hyperextension par un vêtement roulé sous les épaules. Le sauveteur saisit les poignets du sujet et les croise en les appuyant sur le thorax. Cela chasse l’air. Puis il étend les bras en arrière, ce qui distend la cage thoracique et fait pénétrer l’air dans les poumons.

• Méthode par balancement (méthode d’Eve). Le sujet est fixé sur un brancard, la tête et les pieds sont alternativement descendus de 45 degrés, 8 ou 9 mouvements sont faits par minute. Dans la position tête basse, le poids du contenu abdominal pousse le diaphragme sur le thorax, produisant une expiration ; la position pied en bas produit l’inspiration.

Méthode par action interne

C’est la méthode dite du bouche-à-bouche ou du bouche-à-nez. Elle est très ancienne et a toujours été employée pour la réanimation du nouveau-né.

Elle consiste à faire une insufflation sous pression au patient, tandis que l’expiration est soit passive, soit active, par pression sur le thorax. La tête doit être en extension forcée, la mâchoire ouverte et subluxée (tirée en avant). Cette méthode peut être associée au massage cardiaque, en cas d’arrêt du cœur. Elle est difficile, voire impossible, en cas de traumatisme cranio-facial.