Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

résistance des matériaux (suite)

Endurance

L’endurance d’un matériau est un type de résistance à la rupture pour un grand nombre d’efforts alternés ou ondulés, inférieurs à la résistance statique. La rupture par manque d’endurance peut se produire selon le nombre de répétitions d’efforts et selon l’effort maximal choisi, sans que ce dernier atteigne la limite de rupture statique, ou même la limite d’élasticité. Bien que la résilience et l’endurance soient de natures très distinctes, on a pu jadis les confondre du fait que les ruptures se font toutes deux sans effet prémonitoire, donc sans phase appréciable d’allongement plastique. L’endurance est étudiée par la machine Woehler, et la courbe d’endurance qui est déduite de l’étude (courbe de Woehler) permet de mettre en évidence une limite de résistance à la fatigue telle qu’un effort inférieur ou égal à cette limite peut donner lieu a un nombre infini d’alternances, en pratique 100 millions d’alternances, de cet effort de + ρ à – ρ sans jamais se rompre. C’est ainsi que, pour l’acier de construction du type AC 42, la résistance (statique) à la rupture est de 42 kg/mm2, la limite d’élasticité est de 24 kg/mm2 et la limite d’endurance 18 kg/mm2 (soit les de 42, ou les de 24).

M. D.

➙ Dynamique / Élasticité / Mécanique / Statique / Statique graphique.

 M. Lecornu, Cours de mécanique professés à l’École polytechnique (Gauthier-Villars, 1914-1918 ; 3 vol.). / H. Bouasse, Théorie de l’élasticité et résistance des matériaux (Delagrave, 1920). / G. Pigeaud, Résistance des matériaux et élasticité : Cours professé à l’École nationale des ponts et chaussées (Gauthier-Villars, 1920). / B. de Fontviolant, Résistance des matériaux. Analytique et graphique (Baillière, 1935 ; 3 vol.). / A. I. Caquot, Cours de résistance des matériaux (École nat. des ponts et chaussées, 1950). / Soc. acad. Hütte, Der Ingenieurs Taschenbuch (Berlin, 1951-1933, 5 vol. ; trad. fr. Manuel de l’ingénieur, Béranger, 1960-1962, 2 vol.). / M. Duriez et J. Arrambide, Nouveau Traité de matériaux de construction (Dunod, 1961-62 ; nouv. éd., 1970-71 ; 3 vol.). / M. Albiges et A. Coin, Résistance des matériaux appliquée (Eyrolles, 1969 ; 2 vol.). / M. Laredo, Résistance des matériaux (Dunod, 1970). / L. Aleinik et J. Durler, Résistance des matériaux (Dunod, 1973). / S. Laroze, Résistance des matériaux (Eyrolles, 1974 ; 2 vol.).

Resnais (Alain)

Metteur en scène de cinéma français (Vannes 1922).


Il entre à l’Institut des hautes études cinématographiques et réalise ses premiers films, en amateur. Il devient ensuite assistant de Nicole Védrès pour Paris 1900 (1947), qui lui révèle les infinies possibilités du montage. Chef monteur sur la Pointe courte (d’A. Varda, 1954), il a à cette époque déjà réalisé ses plus célèbres courts métrages : Van Gogh (1948), Gauguin (1950), L’alcool tue (1950), Guernica (en coll. avec Robert Hessens, 1950), Les statues meurent aussi (en coll. avec Chris Marker, 1952), Nuit et brouillard (1955). Ces films, parfois faits sur commande, contiennent déjà les thèmes fondamentaux : le temps, le délabrement physique et moral qu’entraîne celui-ci, la mémoire, l’imagination face aux atrocités de l’univers.

Toute la mémoire du monde (1956, court métrage), qu’il consacre à la Bibliothèque nationale, s’en prend à la culture traditionnelle et s’interroge sur son utilité. Le Chant du Styrène (1958) ironise et inquiète, grâce aussi au commentaire de R. Queneau, sur le monde envahi par les matières chimiques.

Puis, en 1959, c’est Hiroshima mon amour, sur un scénario de Marguerite Duras. L’histoire de cette Française venue tourner un film à Hiroshima et rencontrant un architecte japonais qui lui rappelle son premier amour de Nevers révèle en Resnais un des cinéastes les plus importants de la Nouvelle Vague*, à laquelle, d’emblée, tout l’oppose : au laisser-aller technique de celle-ci, il répond par une virtuosité extrême dans le maniement de la caméra et de l’image. L’art du montage allie séquences d’actualité, scènes documentaires et anecdotes fictives à un commentaire d’une grande force lyrique. Le succès international d’Hiroshima mon amour prouve que le public est prêt à accueillir avec ferveur de nouvelles expériences.

Deux ans plus tard, l’Année dernière à Marienbad (1961) confirme le talent d’A. Resnais. Prototype de l’œuvre-puzzle, ce film, écrit par Alain Robbe-Grillet, refuse la moindre réponse aux multiples questions que pose son déroulement. Magique comme un sérial de Louis Feuillade, à qui Resnais rend un hommage amusé, luxuriant et rutilant d’un humour subtil qu’une seule vision ne permet guère d’apprécier en totalité, l’Année dernière à Marienbad, avec ses décors décadents et ses silhouettes immobiles, est une interrogation sur le passé, le présent et le futur, qui pour Resnais se mêlent et s’affrontent sur un même plan de réalité.

Muriel (1963), écrit par Jean Cayrol, marque le retour d’Alain Resnais à des préoccupations plus quotidiennes. À la géométrie abstraite de l’Année dernière à Marienbad succède une structure éclatée, mais plus simple : dans le port triste de Boulogne, une femme se souvient de son premier amour, tandis que, par moments, des images terribles évoquent la guerre d’Algérie.

« Ce film est une tentative de toutes nos forces pour reprendre le monde à l’endroit précis où l’actualité, la politique, la vie sociale l’abandonnent. » Difficile, d’une froideur très concertée, Muriel irrite et envoûte comme la cantate de H. W. Henze qu’on y entend en ouverture.

Politique, La guerre est finie (1965) l’est encore davantage. Écrit avec Jorge Semprun, le film peint les tortures morales d’un militant espagnol antifranquiste partagé entre la lutte et l’amour de sa femme. Résumé ainsi, le film a l’air d’un mélodrame. Il est avant tout une quête douloureuse de la vérité.