Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

Résistance française (la) (suite)

Malgré diversités et divergences, Comac et organisations militaires ont au moins une idée en commun : tous sont opposés à des opérations militaires défensives dans des réduits. Il est curieux de constater qu’il y eut pourtant d’importantes opérations de ce type, qui, par l’esprit de sacrifice, la combativité et le patriotisme attachés à leurs noms, demeurent dans l’histoire comme les symboles de l’action militaire de la Résistance française.


Les Glières (février-mars 1944)

Dans les Alpes, A. S. et O. R. A. ont fusionné en 1943, et la résistance militaire est conduite par les anciens des unités alpines. En Haute-Savoie, le chef départemental, Romans-Petit, veut mettre sur pied, comme il l’a fait dans l’Ain, une organisation dispersée des maquis dans les vallées avec une aire commune de parachutage sur le plateau des Glières. Le 29 janvier 1944, le lieutenant Théodore Morel (dit « Tom »), du 27e B. C. A., monte au plateau avec 120 hommes. Un mois plus tard, il en a 500. L’attaque des maquis par la police explique ce regroupement ; Morel l’accepte, mais, devant l’ampleur du dispositif d’attaque, demande s’il ne faut pas se disperser en attendant les parachutages promis. La question est posée à Londres, qui répond : « Considérons Glières comme tête de pont, parachuterons un bataillon, si opération réussie parachuterons en masse... » Seulement 664 containers de matériel sont parachutés du 15 février au 10 mars. Pendant plus de quarante jours, les escarmouches se succèdent dans des conditions difficiles. Pour rompre l’encerclement, Morel attaque : le 1er mars, il enlève le poste de Saint-Jean-de-Sixt, tenu par les policiers ; le 10 mars, il attaque celui d’Entremont, mais l’officier de police Lefèvre le tue par trahison. Les 12 et 17 mars, la Luftwaffe bombarde les Glières. Le 18, le capitaine Anjot (1904-1944) succède à Morel. La 157e division de réserve de la Wehrmacht relève la Milice de Joseph Darnand (1897-1945) et les forces de police de Vichy ; le 26, l’assaut est donné par trois bataillons allemands, et la lutte se poursuit au corps à corps : à 22 h commence le repli par petits groupes, qui continue toute la journée du 27 à travers le dispositif très dense de l’ennemi. Plus de 200 défenseurs des Glières sont capturés : la plupart sont torturés ; 83 sont fusillés !


Les Forces françaises de l’intérieur (F. F. I.)

Pour coordonner l’action des maquis avec les opérations alliées et affirmer l’unité de la France en guerre, le Comité français de libération nationale crée en février 1944 un commandement des Forces françaises de l’intérieur, confié au général Marie Pierre Kœnig (1898-1970), qui, en mars, est accrédité à Londres auprès du général Eisenhower*. En liaison avec le B. C. R. A. sont élaborés les plans d’actions confiées aux forces de la Résistance intérieure : plan vert (paralysie des voies ferrées), plan bleu (coupure des lignes électriques), plan rouge (mise en état de siège des réduits)...


Le Vercors (juin-août 1944)

À l’origine de la bataille du Vercors se trouve le plan Montagnards que le général Delestraint a fait approuver à Londres en février 1943. Dans l’hypothèse d’un débarquement en Méditerranée, le Vercors doit être un réduit d’où seront lancées des attaques contre les communications allemandes. La mise en place initiale en est confiée au lieutenant Alain Le Ray (né en 1910), mais, au printemps 1944, sous l’influence de la mission Union envoyée de Londres (colonel Fourcaud), le but fixé s’oriente vers une action défensive contraire à l’avis des chefs A. S. ou O. R. A. consultés. Les 1er et 2 juin, pour ne pas dévoiler la zone du débarquement, l’état major allié lance les ordres d’exécution correspondant aux plans d’action prévus sur l’ensemble du territoire français. Le 8 juin, la mobilisation du Vercors est prescrite par le commandant François Huet (1905-1968) : en quelques jours, l’effectif atteint 8 000 hommes. Le 10, Kœnig, qui n’a pas été consulté, transmet de Londres un ordre de freinage, mais le commandant Marcel Descour (né en 1899), chef de la région de Lyon, reçoit d’Alger l’ordre de poursuivre la mission Vercors... Le point faible de la défense est la brèche de Saint-Nizier-du-Moucherotte : les 600 hommes du capitaine Costa de Beauregard en assurent la défense du 13 au 15 juin contre 1 500 Allemands, qui, le 15, les contraignent au repli. Après une période de calme relatif employé à recevoir les parachutages et à instruire les unités, les indices d’une offensive se précisent le 13 juillet. Le 14, la Luftwaffe bombarde Vassieux-en-Vercors et détruit au sol plus de 500 containers d’armes. Le 20, l’encerclement est réalisé et le 21 est lancée l’attaque générale allemande avec des éléments blindés et des SS. Au matin, 400 SS sont posés en planeur dans la cuvette de Vassieux. Après l’échec d’une contre-attaque dirigée contre eux, un conseil de chefs réuni le soir décide de se battre jusqu’à épuisement des moyens, puis de se disperser en guérillas. Le 22 juillet, les Français se replient au nord, tandis qu’au sud l’ennemi arrose le plateau à coups de mortiers et occupe Die, où il massacre à l’hôpital tous les blessés du maquis. Au centre, c’est l’échec d’une nouvelle contre-attaque à Vassieux, tandis qu’une autre réussit dans le val de Valchevrière. C’est là que, le 23 juillet, se joue l’acte final avec le repli de deux compagnies du 6e bataillon de chasseurs alpins, qui sont submergées. Dès lors, il ne reste plus aux Allemands qu’à nettoyer le plateau et à s’y livrer aux représailles habituelles, marquées ici du 10 au 30 juillet par le massacre des habitants de Vassieux (21 juill.), des blessés de la grotte de la Luire (27 juill.) et de ceux qui les soignaient. Les pertes des maquis seront sévères (plusieurs centaines d’hommes et une vingtaine d’officiers).


Massif central et mont Mouchet

Envisagée tour à tour comme réduit puis comme base, la région du Massif central est mobilisée en accord avec Londres le 20 mai 1944. Le 1er juin, la zone du mont Mouchet (Haute-Loire) compte plus de 2 000 hommes. Elle est attaquée par plus de 10 000 Allemands le 2 juin, puis de nouveau le 10. Le combat reprend le 11, mais le soir les munitions manquent et les maquis doivent se replier sur la Truyère. Les pertes s’élèveront à 160 morts et 100 blessés.