Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

remorquage maritime (suite)

Le remorquage portuaire est en France réservé au pavillon national. Il est assuré par un petit nombre d’entreprises spécialisées possédant, ensemble, un peu plus d’une centaine d’unités. Il n’y a, le plus souvent, dans chaque port, qu’une seule entreprise, mais celle-ci peut s’établir dans plusieurs ports. Les tarifs pratiqués sont strictement réglementés et homologués par décision préfectorale.


Remorqueurs de haute mer

Ils sont destinés à déplacer sur des distances parfois très grandes soit des navires ne se trouvant plus en mesure de se mouvoir par leurs propres moyens, soit divers engins flottants non conçus pour naviguer en autonomie. Ces unités se distinguent des remorqueurs de port par des dimensions plus importantes, une vitesse plus élevée et une meilleure défense contre la mer. Leur puissance de traction peut atteindre 150 t. La nécessité de les doter d’un très large rayon d’action conduit à les munir de soutes à combustible de grande capacité et des emménagements nécessaires à la vie à bord de l’équipage. La spécialisation de ces unités ne permet pas, en général, de les utiliser pour le remorquage portuaire. En revanche, des remorqueurs de port peuvent éventuellement accomplir en mer certaines missions.

Les remorqueurs de haute mer appelés à participer à des opérations d’assistance sont munis d’un matériel approprié. Il s’agit, en particulier, de pompes d’épuisement et d’incendie, de canons à eau et à mousse, d’appareils de scaphandre, de matériel de découpage et de soudure sous-marine, etc. Le recours à de telles unités n’étant pas très courant, il n’existe dans le monde qu’un très petit nombre d’entreprises spécialisées dans ces opérations. Leurs remorqueurs sont, en général, basés aux points les plus favorables à leurs éventuelles interventions : entrée de la Manche, Açores, Bermudes, etc.

Depuis peu s’est développé en Europe le remorquage en haute mer de barges de 10 000 à 20 000 t de port en lourd, par des remorqueurs ou des pousseurs, formule économique pour de nombreux transports et utilisée depuis longtemps aux États-Unis et au Canada.

H. C.

➙ Sauvetage.

 B. Parizot, les Navires de commerce. Navires divers. Les remorqueurs (École nat. sup. de techniques avancées, 1970). / R. Rodière, Traité général de droit maritime, t. III (Dalloz, 1970). / M. Cangardel, le Remorqueur de port, hier et aujourd’hui (Académie de marine, 1972).

Renaissance

Mouvement de rénovation culturelle et artistique qui s’est produit en Europe au xve et au xvie s.



Définitions, problèmes, étapes

Dans le domaine des arts, seul abordé ici, le terme Rinascita, exprimant leur transformation et leur rénovation sous l’influence de l’Antiquité gréco-romaine retrouvée, apparaît en 1568, dans la seconde édition des célèbres Vite de Vasari*. Il traduit d’ailleurs un état d’esprit qui remonte au siècle précédent, mais qui s’est durci. Vasari condamne avec véhémence « le style trouvé par les Goths, qui ruinèrent les édifices antiques », « ces travaux qu’on appelle tudesques [...], que les grands maîtres évitent comme monstrueux, barbares, et ne répondant plus à aucun ordre » : « Renaissance » s’opposera désormais à « Moyen Âge ». Et le romantisme, qui vulgarisera le terme en France, le chargera de symboles : culte de la beauté pure, de la science et de la raison, de la liberté créatrice face aux fantômes de la routine, de l’ignorance, de la superstition — Michelet* développe l’antithèse avec éclat. Plus tard, Jacob Burckhardt (1818-1897) et Taine* nourrissent le concept individualiste de l’artiste renaissant d’un abondant terreau de faits sociaux et de portraits. À la fin du xixe s., une certaine image de la Renaissance paraît définitive : elle n’est pas remise en question par ceux-là même qui la détestent, un Ruskin* pleurant la « naïveté » perdue des « Primitifs », Louis Courajod (1841-1896) dénonçant l’assassinat d’un art gothique* en pleine vitalité.

Son déroulement historique, tel que le présente par exemple Eugène Müntz (1845-1902), ne laisse place à aucun doute. Les arts atteignent leur apogée au début du xvie s., dans la Rome de Jules II et de Léon X, foyer de cette « Haute Renaissance » (terme préféré des historiens allemands) dont Raphaël, génie « classique » par excellence, apporte l’expression la plus parfaite. Une lente ascension, qui commence avec Giotto, l’a préparée pendant deux cents ans ; un brusque déclin la suit très vite — dès le deuxième tiers du xvie s., alors que la Renaissance conquiert l’Europe —, lorsque les élèves de Michel-Ange, ne sachant comment lutter avec leurs aînés, s’éloignent de la nature pour sombrer dans la virtuosité creuse, l’emphase et la bizarrerie. Cette confuse décadence se poursuit jusqu’aux dernières années du siècle, où surgissent deux pôles nouveaux : en face du naturalisme brutal du Caravage, les Carrache sont les initiateurs de ce retour à Raphaël qui définira le classicisme* du xviie s.

Les perspectives sont moins transparentes pour les historiens actuels. Dès la fin du xixe s., les réactions de Courajod, malgré leur nationalisme souvent puéril, avaient utilement rappelé que durant une grande partie du xvie s. deux arts, gothique et Renaissance, avaient coexisté en Europe. Au début du xxe s., de Adolfo Venturi (1856-1941) à Bernard Berenson (1865-1959), une étude approfondie du quattrocento, mettant l’accent sur les recherches spatiales et « tactiles » des Florentins, les situait non plus comme des précurseurs, mais comme des « renaissants » à part entière. Mais c’est depuis moins d’un demi-siècle que les études iconologiques d’un Érwin Panofsky (v. iconographie ou iconologie), autant que l’exploration par les historiens italiens comme G. Briganti de ce maniérisme* décrié, ont non seulement modifié les jugements de valeur, mais mis en cause la conception même de la Renaissance en tant que cycle historique : celui-ci s’allonge ou se rétrécit, au départ ou à l’arrivée, au gré de ses historiens.