Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

reliure (suite)

Ces nerfs entrent dans la décoration du dos, et l’artiste qui en élaborera le projet ou l’ouvrier qui exécutera le travail peuvent les placer où bon leur semble. Le plus fréquemment, on se conforme à une règle traditionnelle, qui détermine ces emplacements en fonction de la hauteur du volume. Pour une hauteur moyenne, de 130 à 320 mm, on se limite habituellement à cinq nerfs. La hauteur est divisée en vingt-sept parties égales ; le premier nerf, en tête, est placé à cinq divisions du bord supérieur ; les quatre autres nerfs sont disposés de telle sorte que l’espace entre chacun soit de quatre divisions ; le dernier nerf, le cinquième, se trouvera alors à six divisions du bord inférieur. On peut supprimer le nerf central (le troisième) : le dos à quatre nerfs sans aucune décoration est appelé dos janséniste.

Afin de faciliter l’ouverture du livre et pour que, en raison de la présence des fils, celui-ci n’apparaisse pas plus épais du côté du dos, on arrondit ce dernier, en cherchant à réaliser une courbe qui se rapproche de la figure géométrique à trois centres, dite « anse de panier ». On forme également les mors, emplacements dans lesquels viendront se loger les bords des plats de carton le long du dos. Pour cela, le volume est placé dans une presse verticale, les premiers et derniers cahiers sont rabattus sur les ais de la presse, et l’arrondi du dos est formé au marteau.

Les trois tranches, ou seulement la tranche de tête lorsqu’on désire conserver les barbes du papier sur la tranche de gouttière et la tranche de queue, sont rognées soit sur la même presse, soit à l’aide d’un massicot. La décoration des tranches intervient éventuellement. La dorure sur tranches, pratiquée depuis le xve s., consiste, sur la tranche préalablement enduite d’un apprêt albumineux, à coucher des feuilles d’or, que l’on fixe et polit à l’aide d’un frottoir d’agate. Les tranches peuvent aussi être simplement colorées ou recevoir une jaspure de terre de Sienne.

Les tranchefiles, petits galons de couleurs vives qu’on pose en haut et en bas du dos pour le protéger et l’orner, sont collées ou, comme autrefois, brodées à la main. Le signet, qui, dans les livres de piété, marque les propres des fêtes religieuses, devient, sous la forme d’un ruban soyeux large de 5 mm collé au dos des cahiers, le moyen de repère entre les feuillets à la disposition du lecteur.

La matière de recouvrement, cuir, tissu ou papier, est encollée à l’envers, appliquée sur l’ensemble et rempliée à l’intérieur des plats. Dans les reliures « pleines », une seule matière couvre le volume. Dans les demi-reliures, cette matière, cuir ou toile, ne couvre que le dos et le tiers, le quart ou le cinquième de la largeur des plats ; la partie qui déborde ainsi sur les plats s’appelle également le mors. Une autre matière, toile ou papier, en principe moins solide, est collée sur la partie des plats non couverte et est rempliée à l’intérieur. Des coins, de même matière que le dos, peuvent être collés sur les coins extérieurs des plats pour les protéger des chocs ou de l’usure : la hauteur du triangle formant le coin doit être égale à la largeur du mors.

Il reste à coller les gardes, formées de cahiers de quatre pages de mêmes dimensions que le volume. Les gardes de tête sont collées à l’envers du plat supérieur (plat recto) et sur la première page du premier cahier ; les gardes de fin sont collées à l’envers du plat inférieur (plat verso) et sur la dernière page du dernier cahier. On procède ensuite à la décoration extérieure du livre.

Les formats

• Le format d’une feuille de papier est l’indication numérique (format 50 × 64) ou conventionnelle (format raisin) d’une feuille rectangulaire d’un papier destiné à l’écriture ou à un usage industriel : imprimerie, emballage.

Un arrêt du 27 janvier 1739 avait fixé les dimensions des formes servant à la fabrication manuelle du papier et correspondant aux quarante-sept appellations alors en usage, depuis le grand aigle (0,985 5 × 0,668 25 m) jusqu’au petit jésus (0,357 75 × 0,288 7 m) ; le format tellière, dénommé ultérieurement format ministre, était, plié en deux, celui du papier à lettres de Michel Le Tellier, chancelier de France. La loi du 13 brumaire an VII (13 nov. 1798) prescrivait pour les actes civils et juridiques les formats dont les côtés étaient dans le rapport , que l’administration du Timbre respecta jusqu’en 1950. En 1928, les organisations professionnelles allemandes reprennent cette formule pour l’élaboration de leurs formats DIN et en suggèrent l’adoption internationale. Une première enquête ouverte en 1931 par l’Association française de normalisation fait ressortir l’hostilité des utilisateurs à cette proposition et leur attachement aux formats traditionnels ; elle aboutit à l’homologation, en 1935, de sept de ces formats, considérés comme présentant le maximum de facilités pour l’usager. Trois formats principaux, exprimés en centimètres :


et quatre formats auxiliaires, également exprimés en centimètres :

La feuille 21 × 27, qui provient du format carré coupé en quatre parties égales et façonné sur les côtés, est rendue obligatoire dans le secteur public par arrêt du 20 juin 1937 et est adoptée pour la correspondance commerciale. Mais, dans les rapports internationaux, elle se trouve en concurrence avec la feuille employée par les nations ralliées aux formats allemands DIN, basée sur le rapport des côtés et mesurant 21 × 29,7 cm. Aussi de nouvelles enquêtes aboutissent-elles à homologuer en France, en juillet 1967, la coexistence des formats retenus en 1935 et des formats ISO. Le format de base est une feuille de 1 m2 de surface et dont les côtés, mesurant 0,841 × 1,189 m, sont dans le rapport .

Une décision du 17 juillet 1969, applicable à l’ensemble du secteur public, annule l’arrêté de 1937 et prescrit l’utilisation des formats ISO à partir du 1er janvier 1970 : cette mesure entraînera l’élimination des formats traditionnels à partir du 1er janvier 1975. Cependant, des considérations commerciales ou artistiques tendent encore à imposer dans des cas particuliers l’emploi de feuilles dont les dimensions ne correspondent pas à celles des formats ISO.