Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

Régence (suite)

Le Régent a défait une partie de l’œuvre de Louis XIV. Mais n’a-t-il pas abandonné des miettes de l’héritage pour conserver l’essentiel : le renforcement de l’unité française et le sens de l’État ? Qu’est-ce qu’un régent ? Un fantôme de roi contre qui tous peuvent se liguer sans rien craindre, pas même Dieu. Un siècle auparavant, la régence, c’était Dieu absent de la terre, et celle-ci livrée aux Grands. Plus d’État, des cabales, des guerres de clientèles, un Trésor public devenu la bourse de quelques particuliers, des moissons ravagées et des paysans qui pour avoir trop souffert se lançaient dans la jacquerie désespérée. Tout cela, le Régent a su l’éviter. Mais cela vient-il de son habileté manœuvrière ou du poids qu’exerçait encore le gouvernement de Louis XIV ?

J.-P. B.

➙ Law (J.) / Louis XIV / Louis XV / Orléans.

 A. de Seilhac, l’Abbé Dubois (Amyot, 1862). / L. Wiesener, le Régent, l’abbé Dubois et les Anglais, d’après les sources britanniques (Hachette, 1891-1899 ; 3 vol.). / M. de Lescure, les Maîtresses du régent (Dentu, 1892). / H. Leclercq, Histoire de la régence pendant la minorité de Louis XV (Champion, 1922, 3 vol.). / Centre aixois d’études et de recherches sur le xviiie s., la Régence (A. Colin, 1970).

Jalons chronologiques

1715

Le duc d’Orléans, Philippe, fait casser le testament de Louis XIV à son profit (2 sept.) ; l’abolition est entérinée (12 sept.) par un lit de justice du roi, qui n’a que cinq ans ; le duc d’Orléans devient président du Conseil de régence. La polysynodie est instaurée par les déclarations du 15 septembre.

1716

Projet de banque d’État par Law*.

1717

Triple-Alliance de La Haye (France, Angleterre, Provinces-Unies) [4 janv.].

1718

Élargissement de la Triple-Alliance en Quadruple-Alliance grâce à l’entrée de l’Autriche (2 août). Conspiration de Cellamare déjouée (5-13 déc.).

1719-20

Guerre contre l’Espagne, qui, vaincue, doit renvoyer Alberoni (19 déc. 1719) et adhérer à la Quadruple-Alliance (16 févr. et 20 mai 1720). Une conspiration de nobles bretons est éventée (sept.-oct. 1719).

1720

Banqueroute de Law.

1722

Dubois Premier ministre (22 août).

1723

Majorité de Louis XV (16 févr.) ; fin du Conseil de régence ; mort de Dubois (10 août) et du Régent (2 déc.).

Le cardinal Dubois

1656

Naissance de Guillaume Dubois, fils d’un médecin-apothicaire, à Brive-la-Gaillarde (6 sept.).

1683

Sous-précepteur du duc de Chartres (Philippe d’Orléans) [15 juin].

1687

Précepteur du duc de Chartres (2 août).

1716

Il entre au Conseil d’État (2 janv.).

1717

Il est membre du Conseil des affaires étrangères, qu’il dirige pratiquement (26 mars).

1718

Secrétaire d’État aux Affaires étrangères (24 sept.).

1720

Archevêque de Cambrai (4 févr.) ; on lui confère la prêtrise. Il fait enregistrer la bulle Unigenitus (4 déc.).

1721

Cardinal (25 juin).

1722

Premier ministre (22 août). Membre de l’Académie française (3 déc.).

1723

Mort du cardinal Dubois (10 août).

régénération

Restitution par l’organisme de parties amputées accidentellement ou spontanément (autotomie).


Ce phénomène, très général dans les règnes animal et végétal, varie cependant avec les différents groupes, sans qu’on puisse établir une relation étroite entre la capacité de régénérer et le degré d’évolution. Chez les animaux, par exemple, les Cnidaires, de nombreuses Annélides, mais aussi quelques Insectes, des Échinodermes et des Vertébrés possèdent la faculté de remplacer certaines parties détruites de leur corps, alors que cette propriété est absente chez les Cténaires, les Rotifères ou les Nématodes. Par contre, il existe évidemment un lien étroit entre la régénération et les possibilités de multiplication végétative.


Les étapes

Sur le plan histologique, on observe très généralement trois étapes successives après l’amputation.

• La cicatrisation. C’est la formation immédiate d’un bouchon cicatriciel provisoire par contraction de la musculature ou accumulation de matériel cellulaire, cellule cœlomique chez les Annélides, coagulum sanguin ou fibroblaste élaborateurs de fibres collagènes chez les Vertébrés... La continuité épithéliale se rétablit ensuite, les tissus se reconstituant à partir de leurs propres cellules. Dans de nombreux cas, les processus de réparation s’arrêtent à ce stade. Il n’y a véritablement régénération que lorsque suivent les deux étapes supplémentaires.

• La mise en place du blastème de régénération. Des cellules à caractères embryonnaires, indifférenciées, riches en acide ribonucléique et douées d’un pouvoir mitotique élevé, ou des cellules dédifférenciées qui peuvent, selon les cas, tirer leur origine de l’un des trois feuillets fondamentaux, émigrent vers le territoire lésé et s’y multiplient activement.

• La différenciation du blastème. Elle est accompagnée, habituellement, de la reconstitution de la partie manquante. Il arrive cependant que la différenciation aboutisse à une formation monstrueuse : phasme régénérant une patte à la place d’une antenne, ou Lézard auquel il pousse une queue à la place d’une patte amputée... Ces faits d’observation ainsi que des études expérimentales déjà anciennes conduisent à l’hypothèse de mécanismes régulateurs induisant la différenciation du blastème, tissu compétent, d’une façon comparable à ce qui peut être observé au cours des étapes du développement embryonnaire. Il est évident que les parties restantes interviennent, leur action étant d’abord stimulatrice, puis inhibitrice de la morphogenèse de réparation.


Les mécanismes

Les premières observations sur la régénération datent de la fin du xviie s. Dès cette époque, et tout au long du xviiie s., des expériences sont effectuées. Abraham Trembley (1710-1784) notamment, en 1742, montre que deux petits fragments d’une Hydre d’eau douce hachée se soudent et reforment un animal complet. La même année, Réaumur* découvre le pouvoir de régénération des Planaires, extraordinaires petits Vers plats qu’on peut, dans certaines espèces, sectionner de toutes les façons possibles, chaque fragment reconstituant un animal entier. La question qui se pose aujourd’hui est celle des mécanismes mis en cause par la régénération. Ils rappellent ceux qui interviennent au cours du développement de l’embryon et offrent les mêmes difficultés d’étude, auxquelles s’ajoutent celles que crée la présence des parties anciennes.