Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

Réforme (musique de la) (suite)

Perspectives d’avenir

Issu de la Réforme, le psautier huguenot, produit de Strasbourg, Genève et Lausanne, se maintient dans la tradition genevoise ; la langue de Th. de Bèze a été modernisée par V. Conrart, B. Pictet, Roger Chapal. En France et en Suisse, l’« harmonie consonante au verbe » (Cl. Goudimel) s’intègre toujours dans le culte dominical.

Le choral connaît en Allemagne, à partir de 1523, un essor prodigieux jusqu’à la mort de J.-S. Bach (1750). Son évolution est remarquable depuis la génération de M. Luther, en passant par H. Schein, S. Scheidt, H. Schütz*, né un siècle avant J.-S. Bach (qui disposera de 5 000 chorals). Cette forme envahit la musique vocale concertante (cantate, motet, passions...) et la musique d’orgue ; aux xixe et xxe s., on la retrouve dans la musique symphonique. Les musiciens contemporains allemands renouent avec une tradition médiévale en superposant des chorals. À l’Église, cette forme exécutée par les fidèles reste conforme aux exigences de L. Osiander, qui, en 1586, harmonisait des chorals « de manière à ce que toute une assemblée chrétienne puisse participer au chant ».

Les « services » et « anthems », issus de la Réforme en Angleterre, traités par William Byrd, J. Blow* et H. Purcell*, connaissent ensuite un déclin. Cependant, le style syllabique du Book of Common Prayer est toujours en usage, selon les recommandations de l’archevêque Thomas Cranmer. Si la Haute Église anglicane, calviniste par ses dogmes, reste proche du catholicisme par sa liturgie, l’Église d’Écosse laisse, dans le service, une large place aux psaumes et renoue avec le principe de Cranmer : « One syllable, one note », condition essentielle pour l’intelligibilité du texte.

Plus de quatre siècles après la Réforme, le répertoire qu’elle a suscité est plus vivant que jamais.

E. W.

➙ Anglicanisme / Calvin (J.) / Cantique / Choral / Luther (M.) / Protestantisme / Psaume protestant.

 F. Blume, Die evangelische Kirchenmusik (Postdam, 1931-1934, 5 vol. ; nouv. éd., Geschichte der evangelischen Kirchenmusik, Kassel, 1965). / P. Le Huray, Music and the Reformation in England, 1549-1660 (Londres, 1967). / E. Weber, « la Réforme en Allemagne et en France », in Encyclopédie des musiques sacrées sous la dir. de J. Porte, t. II (Labergerie, 1969).

réfractaire (produit)

Produit céramique caractérisé par une bonne tenue mécanique et une absence de réactivité chimique à haute température.


Les produits réfractaires, dont l’usage est essentiellement industriel, sont très variés, étant donné les propriétés qu’on leur demande en fonction de leur destination : résistance aux gaz et à la température des flammes (voûtes des fours Martin, des fours de verrerie), aux attaques des flux traités (sidérurgie, métaux non ferreux, verre), à l’abrasion (fours tubulaires de cimenterie), aux rayonnements (industrie nucléaire), etc.


Produits de silice

Le premier emploi est signalé en 1822 au pays de Galles. Les briques de silice contiennent de 93 à 97 p. 100 de silice pure SiO2, le reste étant constitué par des alcalino-terreux (CaO, MgO), un peu d’alcalins, du fer et du titane. La matière première est le quartzite, forme dense de la silice, (d = 2,65), très répandue dans la nature. La cuisson la transforme en deux formes légères, stables à haute température : la tridymite (d = 2,26 ; Tf = 1 670 °C) et la cristobalite (d = 2,32 ; Tf = 1 710 °C). L’avantage des briques de silice réside dans le fait que le point de ramollissement est très voisin du point de fusion. Elles sont donc utilisables jusqu’à la dernière limite, ce qui les destine aux voûtes de four exposées aux flammes. L’inconvénient des briques de silice provient de leur coefficient de dilatation élevé, ce qui oblige à ménager des joints dans la voûte, et surtout des anomalies de dilatation : celles de la tridymite entre 100 et 150 °C, celle, importante, de la cristobalite entre 200 et 230 °C et celle relative à la transformation du quartz α en quartz β à 573 °C, anomalies qui se retrouvent dans la dilatation de la brique où le quartz n’est pas complètement transformé. La transformation ultime de celui-ci se fait au-dessus de 1 200 °C. Une brique totalement transformée (d = 2,32) présente une dilatation de 1,7 p. 100 de la température ambiante à la température de 1 400 °C. Lors de l’attrempage d’un four, la montée de la température doit être conduite d’une manière telle qu’elle ménage des paliers pour le franchissement de ces zones dangereuses.

Les briques de silice sont moulées à partir de quartzite broyé, malaxé avec un lait de chaux, et comprimées à la presse hydraulique. La cuisson s’opère à 1 500 °C.


Produits silico-alumineux

Ce sont les plus anciennement connus. Ils sont fabriqués à partir de terres argileuses dégraissées à la chamotte (terre déjà cuite et broyée). La proportion de chamotte peut aller de 40 à 70 p. 100 pour constituer la pâte molle avec 20 p. 100 d’eau, jusqu’à 80 p. 100 pour la pâte sèche (6 p. 100 d’eau). Ces terres sont des kaolins du Limousin, de l’Allier ou de l’argile de Provins, de Normandie, de Charente. La préparation de la pâte sèche à la grosse presse et au choc pneumatique (surcomprimés) supprime le temps de séchage, qui, pour les pâtes molles, peut atteindre plusieurs semaines. La cuisson s’effectue de 1 200 à 1 410 °C. Les réactions intervenant au cours de la cuisson dépendent de la proportion initiale de silice et d’alumine. L’eutectique correspond à 95 p. 100 de silice SiO2, 5 p. 100 d’alumine A12O3 et fond à 1 545 °C. Plus le mélange contient d’alumine, plus la réfractairité croît. Pour 71,8 p. 100 d’alumine A12O3 et 28,2 p. 100 de silice SiO2, ce qui correspond au composé 3Al2O3, 2SiO2, la silice ne se manifeste plus dans une phase vitreuse ; le produit est constitué par un mélange de cristaux de mullite et de corindon. Au-dessus de 1 810 °C, la mullite se transforme en corindon en libérant de la silice, qui fait apparaître une nouvelle phase vitreuse fluide ; la réfractairité passe ainsi par un maximum pour la composition 3Al2O3, 2SiO2. En dehors de cette composition, la phase vitreuse, qui a l’avantage de lier les grains et de diminuer la porosité, a en contrepartie l’inconvénient de provoquer un affaissement sous charge bien avant l’effondrement final. La porosité est par ailleurs diminuée par la grésification, qui commence à 1 250 °C (température variable suivant les terres), et la surcuisson, qui commence à 1 450 °C. Parallèlement, la température d’affaissement commençant, sous charge, s’élève. Du point de vue industriel, cette opération onéreuse est peu pratiquée, et on utilise de préférence les réfractaires silico-alumineux dans les parties d’un four qui n’ont pas à subir de grosses charges (pieds-droits, blocs de cuve) ou pour la fabrication des pots.