Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

recherche (suite)

En même temps que se développe cette recherche fondamentale orientée, les recherches concernant les sciences de base se diversifient en fonction des moyens mis en œuvre dans les laboratoires. Les disciplines nouvelles telles que la physique atomique, les sciences spatiales et l’océanographie nécessitent rapidement la mise en œuvre de potentiels scientifiques et techniques importants, exigeant des investissements* financiers considérables. Réclamant des équipements lourds, tels que des accélérateurs de particules, des ensembles de calcul, des équipements aéronautiques, etc., la recherche fondamentale a pris dans les disciplines appelées par les Anglo-Saxons Big Science un caractère industriel, dû non seulement à la taille des équipements et des laboratoires, mais aussi au fait qu’elle dépend beaucoup des progrès de la technologie pour la mise au point des instruments dont elle a besoin.

À côté de ce premier type de recherches subsistent des recherches exigeant des moyens beaucoup plus réduits (Little Science), auxquelles œuvrent généralement des équipes de dimension plus modeste, travaillant dans des laboratoires de style universitaire plus classique, par ailleurs chargés de former des hommes.

Le développement des recherches dans les disciplines nouvelles relevant de la « macroscience » a posé des problèmes d’équilibre difficiles à résoudre dans le cadre des universités traditionnelles, ce qui a conduit à la création d’instituts ou d’organismes de recherche spécialisés, où est mobilisé un ensemble de moyens importants dont la coordination exige une infrastructure administrative parfois complexe.


Recherche appliquée et recherche de développement

Ces orientations ont abouti à une symbiose toujours plus grande entre recherche fondamentale et recherche appliquée. Par exemple, un grand nombre, de firmes industrielles ont jugé indispensable de faire cohabiter dans leurs laboratoires (dont la vocation est essentiellement la recherche appliquée) des équipes de recherche fondamentale et de recherche appliquée. Cette politique est surtout celle des firmes américaines.

Enfin, la recherche de développement a connu un grand essor. En effet, on observe un vieillissement très rapide des produits sous la poussée de la consommation : aux États-Unis, dans certaines branches, 40 p. 100 des ventes actuellement opérées concernent des biens qui n’existaient pas il y a dix ou quinze ans. Le rajeunissement dans le domaine des produits contraint les firmes à dépasser la stratégie neutre (d’adaptation naturelle) ou celle de survie (défensive) pour mettre en œuvre une stratégie agressive d’expansion dynamique (la concurrence* étant très vive tant dans le domaine national qu’international).

G. R.


L’organisation de la recherche en France

Avant le début du xxe s., il n’existe aucun organisme assumant ou venant apporter une assistance à la recherche, qui demeure entièrement abandonnée à l’initiative privée ou ne vit que du soutien que lui apportent éventuellement un certain nombre de mécènes : on sait le climat dans lequel de grands savants comme Pasteur ou Branly effectuèrent leurs découvertes. En 1901 apparaît un organisme de financement de la recherche, la Caisse des recherches scientifiques (dans le dessein de favoriser des travaux de recherche pure, notamment en matière de santé), amorce d’une intervention de l’État dans ce domaine. En 1921, Jean Perrin est à l’origine de la création, par Edmond de Rothschild, d’une Fondation pour le développement de la recherche scientifique et, en 1930, il obtient d’Édouard Herriot la fondation d’une Caisse nationale des sciences en vue de permettre à des scientifiques d’assurer de la recherche à plein temps. Un décret du 30 octobre 1935 substitue aux caisses antécédentes une Caisse nationale de la recherche scientifique, un Service central de la recherche scientifique est créé au ministère de l’Éducation nationale par la loi de finances du 31 décembre 1936.

En recherche appliquée est créée pendant la Première Guerre mondiale une Direction des inventions, qui devient en 1919 la Direction des recherches industrielles et des inventions, et en 1938 le Centre national de la recherche scientifique appliquée.

La fin de la IIIe République marque une étape importante dans le domaine de la recherche. Le gouvernement Daladier prend le 19 octobre 1939 un décret-loi créant le C. N. R. S. (Centre national de la recherche scientifique), qui absorbe les organismes antérieurs. Le C. N. R. S. reçoit une double mission : animer le développement de la recherche scientifique et coordonner les travaux s’y rapportant. Il sera réorganisé sous la Ve République.


Le C. N. R. S.

L’article 2 du décret du 9 décembre 1959 organise le C. N. R. S., dont les missions sont d’orienter et de coordonner les recherches scientifiques ainsi que de travailler à leur développement, soit en les aidant, soit en créant de lui-même des centres de recherche : il doit organiser la formation de chercheurs dans ses laboratoires propres et dans les laboratoires universitaires, assurer la publication de travaux scientifiques, attribuer des subventions pour des missions scientifiques, etc. Le Centre national de la recherche scientifique est doté d’un conseil d’administration et d’un directeur général, d’un collège de directeurs scientifiques et d’un directeur administratif et financier. L’activité du C. N. R. S. est déterminée par un Comité national de la recherche scientifique.


La Délégation générale à la recherche scientifique et technique

Créée en 1958, organisée en 1961, elle est sous l’autorité d’un délégué général nommé par le Conseil des ministres, assisté d’un délégué général adjoint. Elle prépare les décisions qui sont soumises à l’avis d’un Comité consultatif de la recherche scientifique et technique (C. C. R. S. T.), puis la politique est délibérée au sein du Comité interministériel de la recherche scientifique et technique (C. I. R. S. T.).


La Commission de la recherche du Plan