Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

réalisme socialiste (suite)

En dénonçant les influences étrangères et les survivances de la littérature prérévolutionnaire, en glorifiant les traditions du xixe s. russe, Jdanov réaffirme également les normes du réalisme socialiste telles qu’elles se manifestent dans la pratique de l’édition des classiques russes et des auteurs étrangers ainsi que dans les études et les recherches d’histoire littéraire. La littérature russe du xixe s., élevée au rang de modèle, est, cependant, amputée de quelques-uns de ses plus grands noms (celui de Dostoïevski notamment). La littérature moderne, y compris la littérature soviétique des années 20, est presque entièrement bannie, de même que la plupart des écrivains étrangers contemporains, même communistes.


Problèmes

Réuni en 1954, après la mort de Staline, le deuxième congrès de l’Union des écrivains condamne la « théorie de l’absence de conflit » (teoria bezkonfliktnosti), selon laquelle il ne saurait y avoir au sein de la société soviétique de conflit qu’entre le « bon » et le « meilleur » : c’est une première prise de conscience de l’impasse où une application dogmatique du réalisme socialiste mène la littérature soviétique. La fin de la terreur et un certain relâchement de la censure favorisent la montée d’une nouvelle génération d’écrivains qui ignorent les interdits qui ont pesé sur leurs aînés. On voit apparaître des œuvres controversées, soit pour leur forme novatrice (en poésie), soit parce qu’elles lèvent le voile sur des aspects cachés de la réalité soviétique et soulèvent des problèmes sans solution préconçue. La réhabilitation des victimes de l’arbitraire stalinien, tels Pilniak, Babel, Mandelstam, Boulgakov, Platonov*, et l’abaissement des barrières qui séparent l’U. R. S. S. du monde extérieur entraînent un élargissement de l’horizon littéraire.

Contesté dans son principe même par certains critiques, comme Andreï Donatovitch Siniavski (né en 1925), dont le pamphlet Qu’est-ce que le réalisme socialiste ? paraît en France en 1959 (sous le pseudonyme d’« Abram Tertz »), le réalisme socialiste reste la doctrine officielle de l’Union des écrivains, qui conserve sa position de monopole. Cependant, la nécessité de faire une place dans la littérature soviétique à des écrivains non orthodoxes et de tenir compte de l’évolution des littératures étrangères impose un assouplissement de la doctrine. Dans le débat qui s’ouvre alors en U. R. S. S. et qui n’est pas clos, on voit se dessiner un dilemme. Certains critiques continuent à mettre l’accent sur le premier terme de la formule (réalisme), ce qui les amène à bannir tout l’art moderne de l’Occident, mais aussi à admettre la survivance, en U. R. S. S., d’un réalisme « critique » (par exemple dans l’œuvre d’un Soljenitsyne*) : mais c’est remettre en question l’universalité du réalisme socialiste et la légitimité du monopole qu’il exerce en U. R. S. S. D’autres, au contraire, soulignent le second terme (socialiste), ce qui les amène soit à élargir à l’infini la notion de « réalisme » et à la vider ainsi de tout contenu, soit à admettre qu’il puisse exister un « art socialiste » qui n’obéisse pas à l’esthétique réaliste. Dans l’un et l’autre cas, c’est l’unité et l’homogénéité du concept de « réalisme socialiste » qui est remise en question par les débats actuels, c’est-à-dire la validité de la catégorie de « méthode de création », qui, dès qu’on s’efforce de la préciser, tend, inévitablement, à s’identifier soit à celle de « contenu idéologique », soit à celle de « tendance littéraire ».

M. A.

 H. Ermolaev, Soviet Literary Theories, 1917-1934. The Genesis of Socialist Realism (Berkeley, 1963). / A. Tertz (pseud. de A. Siniavski), « Qu’est-ce que le réalisme socialiste ? », dans le Verglas (trad. du russe, Plon, 1963). / L. Timofeïev, Littérature soviétique. Méthode, style, stylistique (en russe, Moscou, 1964). / V. Ivanov, les Sources du réalisme socialiste (en russe, Moscou, 1965). / A. Ovtcharenko, le Réalisme socialiste et l’évolution littéraire contemporaine (en russe, Moscou, 1968). / S. Chechoukov, les Zélateurs frénétiques (en russe, Moscou, 1970).

réanimation

Dans son sens le plus large, ensemble des méthodes et des techniques qui sont capables de ramener le grand malade ou le grand blessé à la vie. Dans son sens moderne, plus restreint, c’est l’art d’appliquer les connaissances médicales au maintien plus ou moins artificiel de la constance du milieu intérieur.



Introduction

En réanimation, il est fait appel à tous les procédés de respiration artificielle, de perfusion d’eau, d’électrolytes et de protéines — dont le sang —, d’épuration des déchets du métabolisme, de médications à visée protectrice, substitutive, vicariante ou stimulante. En raison des nécessités de la spécialisation on en est arrivé à l’établissement de services de réanimation cardiologique, néphrologique, chirurgical, médical ou pédiatrique. Les grands services de réanimation générale abritent des patients atteints d’affections extrêmement variées, depuis l’intoxication par l’oxyde de carbone jusqu’aux brûlures, aux chocs opératoires, aux insuffisances rénales, etc.

Sous cette grande diversité d’applications, les principes directeurs sont relativement univoques. La correction de tous les déséquilibres décelés par l’examen clinique ou les épreuves de laboratoires doit être judicieusement organisée et poursuivie sous contrôle régulier. Les moyens utilisés sont très nombreux, et la mise en œuvre l’ail appel à une grande quantité de notions de physique, de mécanique, d’hydraulique, de rhéologie, d’électricité et d’électronique.

Les premiers soins et les plus constants doivent être appliqués aux systèmes respiratoire et cardio-vasculaire. Le volume sanguin doit être restauré en quantité, avant d’être exactement recomposé dans ses multiples constituants, et dans les proportions normales. Il faut protéger la fonction hépatique et l’alimenter aussi parfaitement que possible, bien que par des voies anormales, non digestives. La fonction rénale doit être favorisée d’abord, stimulée ensuite si nécessaire. Toutes les fonctions sont théoriquement à la charge des soignants ; d’où l’addition à ce qui mérite le nom d’alimentation parentérale (non intestinale) de tous les éléments minéraux comme de tous les nutriments et de toutes les hormones, indispensables, quelquefois, à l’état de traces.