rayonnement thermique (suite)
Rayonnement des corps non noirs
Il obéit à la loi de Kirchhoff* ,
le rapport de la luminance énergétique lλ du corps non noir à son facteur d’absorption αλ est égal à la luminance énergétique du corps noir pour la même longueur d’onde et la même température. Cette loi entraîne de nombreuses conséquences ; en particulier, le rayonnement d’un corps non noir est inférieur à celui du corps noir à la même température. Pour certains corps, que l’on appelle gris (graphite), αλ est pratiquement indépendant de λ et la courbe de répartition spectrale est de même forme que celle du corps noir. Il en est à peu près de même pour le tungstène, avec, cependant, un décalage du maximum vers les courtes longueurs d’onde, ce qui accroît la puissance rayonnée dans le visible. Pour les oxydes de terres rares (manchon Auer), αλ varie beaucoup avec λ et est important dans le visible, où se trouve une bande d’absorption : d’après la loi de Kirchhoff, il en est de même de lλ ; d’où la forme de la courbe de répartition spectrale (fig. 3) et un accroissement du rendement lumineux.
Applications
En dehors de l’éclairage, les lois du rayonnement sont utilisées pour la mesure des températures* des corps incandescents ; on emploie pour cela des pyromètres, dont certains donnent une indication de la température liée au rayonnement total, alors que d’autres déduisent cette température de la valeur du rayonnement émis par la source au voisinage d’une longueur d’onde choisie une fois pour toutes. Tous ces pyromètres fournissent en principe, après étalonnage, la température du corps noir et conviennent pratiquement pour les fours ; mais l’indication qu’ils donnent en face d’un corps incandescent quelconque, par exemple filament de lampe, diffère sensiblement de la température réelle du corps : c’est, suivant l’appareil utilisé, la température apparente de rayonnement total ou la température de luminance pour la longueur d’onde choisie ; celles-ci sont toujours inférieures à la température réelle. Pour les corps dont le facteur d’absorption varie peu dans le domaine du visible, la partie correspondante de la courbe de répartition spectrale à la température T peut, par multiplication des ordonnées par un facteur constant convenable, être amenée à coïncider à peu près avec celle du corps noir à une certaine température Tc, qu’on appelle température de couleur du corps considéré. Égale à la température réelle pour un corps gris, cette température lui est supérieure pour certains métaux, tel le tungstène.
R. D.
➙ Mécanique ondulatoire ou mécanique quantique / Ondes électromagnétiques / Radiations / Température.
A. Blanc et M. Déribéré, Rayonnement (A. Colin, 1965). / U. Filippi, Matière, rayonnement, énergie (Dunod, 1966).
Trois savants
Heinrich Rubens,
physicien allemand (Wiesbaden 1865 - Berlin 1922). Auteur d’études sur les radiations infrarouges (1897), il effectua sur le rayonnement du corps noir des mesures qui confirmèrent la théorie des quanta.
Josef Stefan,
physicien autrichien (Sankt Peter, près de Klagenfurt, 1835 - Vienne 1893). Auteur de théories sur la diffusion et la conductibilité calorifique des gaz, il a donné la loi fournissant la puissance de rayonnement du corps noir.
Wilhelm Wien,
physicien allemand (Gaffken, Prusse-Orientale, 1864 - Munich 1928). Il a mesuré les masses et les vitesses des rayons positifs et énoncé la loi donnant la répartition spectrale du corps noir.