raffinage (suite)
Raffineries spéciales
Le coût d’une raffinerie neuve dite « essence-fuel », c’est-à-dire du type le plus simple, pouvant traiter 5 Mt/an de bruts courants, est de l’ordre de 500 MF. Mais l’investissement peut s’élever au double de ce montant avec des fabrications de produits spéciaux, destinés à une clientèle particulière.
• La raffinerie à huiles est équipée de la chaîne d’unités spécialisées, ainsi que des stockages et offsites nécessaires pour la production des lubrifiants, paraffines, graisses, extraits, brais et bitumes, auxquels s’ajoute parfois le coke de pétrole.
• La raffinerie à hydrogène utilise un diagramme de fabrication fondé largement sur les procédés hydrogénants :
— hydrodésulfuration des essences, kérosènes et gas-oils ;
— hydrotraitement des produits intermédiaires, charges de reforming et de cracking catalytique ;
— hydroraffinage ou hydrofinition des lubrifiants ;
— hydrocraquage de distillats paraffineux et sulfureux valorisés en carburants et combustibles de haute qualité ;
— hydrodésulfuration des résidus, procédé encore peu répandu dont l’emploi découle des restrictions apportées à la vente du fuel-oil sulfureux dans les principaux pays industriels.
Ce type de raffinerie exige sa propre fabrication d’hydrogène, obtenu par reformage catalytique à la vapeur (steam-reforming), qu’elle peut éventuellement vendre à d’autres industries. La production de fuel-oil sulfureux, dont le rendement est inévitablement de 40 à 50 p. 100 dans une raffinerie simple, pourra être réduite, et même éliminée dans la raffinerie à hydrogène de l’avenir.
• La raffinerie pétrochimique est axée sur la fabrication directe de grands produits de base pour l’industrie chimique et pour la synthèse des élastomères, plastiques et textiles : éthylène, propylène, butadiène, benzène et xylènes, acétylène, etc. Les unités de procédés classiques sont donc complétées par un vapocraqueur (steam-cracking) et par l’extraction des aromatiques au minimum. À la limite, ce type de raffinerie ne produit plus de carburants ni de combustibles.
• La raffinerie à gaz, ou à énergie, destinée à suppléer la baisse de ressource en gaz naturel aux États-Unis, est pourvue d’unités pour la gazéification catalytique des produits pétroliers de moindre valeur : essence lourde, distillats et même résidus. Dans la raffinerie thermoélectrique, l’usine transforme le pétrole brut le plus sulfureux en deux produits : du courant électrique généré par turbine à gaz et du soufre solide.
• La raffinerie à protéines — dont il n’existe encore que deux ou trois exemplaires, dont l’une à Lavera (Bouches-du-Rhône) — élève des levures sur des hydrocarbures paraffiniques (alcanes) et en tire un concentré protéique pour l’enrichissement des aliments d’animaux.
Coût du raffinage
En présence d’une telle variété de types de raffineries, seuls peuvent être donnés des coûts très approximatifs : telle raffinerie simple et moderne, avec un effectif de 150 personnes, ne dépensera pas plus de 30 F par tonne de pétrole brut traité, tandis qu’une raffinerie complexe ancienne employant dix fois plus de personnel aura des frais d’exploitation directs doubles de la précédente.
A.-H. S.
➙ Additif / Aromatiques (hydrocarbures) / Bitume / Cracking / Désulfuration / Distillation du pétrole / Essence / Four / Fuel-oil / Gas-oil / Hydrogénation / Lubrifiant / Octane (indice d’) / Paraffine / Pétrole / Pollution / Protides / Reformage / Solvant / Soufre / Steam-cracking / Stockage.
W. L. Nelson, Petroleum Refinery Engineering (New York, 1936 ; 4e éd., 1958). / X. Normand, Leçons sommaires sur l’industrie du raffinage du pétrole (Technip, 1962-1964, 2 vol. ; 4e éd., 1972). / P. Wuithier, le Pétrole : raffinage et génie chimique (Technip, 1965 ; nouv. éd., 1972-73, 2 vol.).