Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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raffinage (suite)

Raffineries spéciales

Le coût d’une raffinerie neuve dite « essence-fuel », c’est-à-dire du type le plus simple, pouvant traiter 5 Mt/an de bruts courants, est de l’ordre de 500 MF. Mais l’investissement peut s’élever au double de ce montant avec des fabrications de produits spéciaux, destinés à une clientèle particulière.

• La raffinerie à huiles est équipée de la chaîne d’unités spécialisées, ainsi que des stockages et offsites nécessaires pour la production des lubrifiants, paraffines, graisses, extraits, brais et bitumes, auxquels s’ajoute parfois le coke de pétrole.

• La raffinerie à hydrogène utilise un diagramme de fabrication fondé largement sur les procédés hydrogénants :
— hydrodésulfuration des essences, kérosènes et gas-oils ;
— hydrotraitement des produits intermédiaires, charges de reforming et de cracking catalytique ;
— hydroraffinage ou hydrofinition des lubrifiants ;
— hydrocraquage de distillats paraffineux et sulfureux valorisés en carburants et combustibles de haute qualité ;
— hydrodésulfuration des résidus, procédé encore peu répandu dont l’emploi découle des restrictions apportées à la vente du fuel-oil sulfureux dans les principaux pays industriels.

Ce type de raffinerie exige sa propre fabrication d’hydrogène, obtenu par reformage catalytique à la vapeur (steam-reforming), qu’elle peut éventuellement vendre à d’autres industries. La production de fuel-oil sulfureux, dont le rendement est inévitablement de 40 à 50 p. 100 dans une raffinerie simple, pourra être réduite, et même éliminée dans la raffinerie à hydrogène de l’avenir.

• La raffinerie pétrochimique est axée sur la fabrication directe de grands produits de base pour l’industrie chimique et pour la synthèse des élastomères, plastiques et textiles : éthylène, propylène, butadiène, benzène et xylènes, acétylène, etc. Les unités de procédés classiques sont donc complétées par un vapocraqueur (steam-cracking) et par l’extraction des aromatiques au minimum. À la limite, ce type de raffinerie ne produit plus de carburants ni de combustibles.

• La raffinerie à gaz, ou à énergie, destinée à suppléer la baisse de ressource en gaz naturel aux États-Unis, est pourvue d’unités pour la gazéification catalytique des produits pétroliers de moindre valeur : essence lourde, distillats et même résidus. Dans la raffinerie thermoélectrique, l’usine transforme le pétrole brut le plus sulfureux en deux produits : du courant électrique généré par turbine à gaz et du soufre solide.

• La raffinerie à protéines — dont il n’existe encore que deux ou trois exemplaires, dont l’une à Lavera (Bouches-du-Rhône) — élève des levures sur des hydrocarbures paraffiniques (alcanes) et en tire un concentré protéique pour l’enrichissement des aliments d’animaux.


Coût du raffinage

En présence d’une telle variété de types de raffineries, seuls peuvent être donnés des coûts très approximatifs : telle raffinerie simple et moderne, avec un effectif de 150 personnes, ne dépensera pas plus de 30 F par tonne de pétrole brut traité, tandis qu’une raffinerie complexe ancienne employant dix fois plus de personnel aura des frais d’exploitation directs doubles de la précédente.

A.-H. S.

➙ Additif / Aromatiques (hydrocarbures) / Bitume / Cracking / Désulfuration / Distillation du pétrole / Essence / Four / Fuel-oil / Gas-oil / Hydrogénation / Lubrifiant / Octane (indice d’) / Paraffine / Pétrole / Pollution / Protides / Reformage / Solvant / Soufre / Steam-cracking / Stockage.

 W. L. Nelson, Petroleum Refinery Engineering (New York, 1936 ; 4e éd., 1958). / X. Normand, Leçons sommaires sur l’industrie du raffinage du pétrole (Technip, 1962-1964, 2 vol. ; 4e éd., 1972). / P. Wuithier, le Pétrole : raffinage et génie chimique (Technip, 1965 ; nouv. éd., 1972-73, 2 vol.).

rage

Encéphalomyélite (affection du cerveau et de la moelle) mortelle d’origine virale.


Le Virus rabique est dans la grande majorité des cas inoculé à l’Homme à l’occasion d’une morsure (c’est la bave qui est contagieuse). Cette morsure peut être le fait d’animaux sauvages (Loups, Renards, Blaireaux, Chacals, etc.) [rage sylvatique] ou bien encore d’animaux domestiques enragés (Chats, Chiens) [rage dite « des rues »]. Il y a quelques années a été mis en évidence le rôle de certaines Chauves-Souris (Vampires d’Amérique centrale et du Sud) qui, porteuses d’une infection rabique inapparente, sont responsables de certains cas humains et surtout bovins.

Le Virus rabique a une électivité très remarquable pour le système nerveux ; il semble remonter le long des nerfs jusqu’aux centres nerveux, ce qui explique le risque tout particulier qu’impliquent les morsures profondes en territoires richement innervés, et l’habituelle brièveté d’incubation lorsque la morsure est proche des centres nerveux. Le Virus est éliminé par la salive, mais de façon intermittente. Il s’agit d’un gros Virus à acide ribonucléique (A. R. N.) inactivé par la chaleur et le formol. Par repiquages successifs (de 60 à 80), le Virus peut se « fixer » et est capable alors de conférer une immunité sans entraîner la maladie, sauf en cas d’inoculation dans les centres nerveux. C’est ce qui a amené Pasteur* à la vaccination. Le sérum d’animaux réceptifs plusieurs fois inoculés acquiert un certain pouvoir protecteur pour l’Homme (sérum antirabique).

La rage du Chien, comme celle du Chat, se déclare, après un temps de latence de 1 à 6 mois, par une modification du comportement, aboutissant dans la majorité des cas à la forme furieuse. L’animal se sauve, cherche à mordre, à griffer : chez le Chien, les aboiements prennent un ton enroué. La mort survient en 3 ou 4 jours ; quelquefois s’observe à l’inverse une grande prostration avec paralysie du train postérieur. Il est à noter que les animaux continuent à boire, à la différence de l’Homme.

La rage humaine a une incubation qui se situe entre 1 à 2 mois, mais elle peut être plus prolongée. Le tableau clinique se caractérise soit par des spasmes douloureux à la moindre excitation sensorielle, soit plus rarement par des paralysies ; la fièvre est élevée ; la conscience n’est généralement pas altérée ; la répulsion à l’égard de l’eau (hydrophobie) est très suggestive, correspondant à un spasme de la glotte en face d’un verre d’eau, alors même que les aliments solides ne déclenchent pas ce phénomène. La mort survient inéluctablement en quelques jours.