Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

radiodiffusion (suite)

 E. Rolin, Traité pratiqué des antennes (Dunod, 1953). / L. Thourel, les Antennes (Dunod, 1956 ; 2e éd., 1971). / M. Biblot, Cours de technologie radio (Eyrolles, 1960 ; 4e éd., 1964-65, 2 vol.) ; Schémas électroniques utilisés en réception (Eyrolles, 1963 ; 2 vol.). / J. Marcus, la Modulation de fréquence. Théorie et applications industrielles (Eyrolles, 1960). / H. M. Veaux, les Problèmes théoriques et pratiques des radiocommunications (Eyrolles, 1962). / R. F. Ficchi, Electrical Interference (New York, 1964 ; trad. fr. les Parasites en électricité et en électronique, Dunod, 1966). / D. J. W. Sjobbema, les Antennes. Antennes de réception F. M. et T. V. (Dunod, 1964). / E. Julander, Manuel de la technique de la radio (Dunod, 1965). / M. Rognon et P. Duru, le Dépannage des radio-récepteurs à transistors. Fonctionnement et maintenance (Dunod, 1965 ; 3e éd., 1971). / Texas Instrument Incorporated, Circuit Design for Audia, AM/FM and TV (New York, 1967 ; trad fr. Méthodes pratiques de calcul des circuits pour la radiotechnique et la télévision, Dunod, 1972).


Sociologie de la radiodiffusion


La radio parmi les techniques de diffusion

Dans l’univers de ce qu’on nomme les communications* de masse, ou mass media, la radiodiffusion occupe une place originale et importante. Elle est, en effet, le premier mode de diffusion électronique à grande portée et à communication instantanée qui ait fait son apparition dans le monde. À ce titre, elle a inauguré l’ère de la civilisation dite « de masse » et aussi celle de la société de l’ubiquité, puisque, grâce à cette technique, un message sonore émis en point du globe peut être entendu partout au même moment. L’homme, avec l’apparition de la radio, est devenu un témoin potentiel de l’univers actuel. Sans doute, le cinéma peut-il disputer à la radio la place de pionnier dans la grande mutation qui a mis fin à l’influence presque exclusive de l’écriture et qui a fait se développer la communication audiovisuelle. Mais, en diffusant le son à une époque où le cinéma, encore muet, ne répandait que des images, la radio entrait en concurrence plus directe avec le livre* ou le journal (v. presse). D’autre part, si, de nos jours, c’est indiscutablement la télévision* qui joue le premier rôle dans la promotion des messages audiovisuels, il ne faudrait pas, pour autant, sous-estimer la capacité que possède la radio, quoique limitée à la communication auditive, de faire tomber les derniers remparts d’une culture limitée à l’expression écrite, c’est-à-dire celle que Herbert Marshall McLuhan (né 1911) décrit à l’enseigne de la « Galaxie Gutenberg ». Le message radiophonique exerce en effet sur l’esprit, et en particulier sur l’imagination, une action comparable à celle de la lecture, puisqu’il n’impose pas la vision, qui s’associe à la suggestion des mots ou des sons. Enfin, il faut reconnaître aussi à ce type de communication de masse une influence décisive dans ce qu’on a parfois appelé la musicalisation de notre univers culturel. En tout cas, et quelles qu’aient pu être les réalisations en ce domaine, l’avènement de la radio faisait naître pour la diffusion de la musique une possibilité nouvelle, dont Alphons Silbermann (né en 1909) a bien mis en évidence la portée en conclusion d’une étude consacrée à ce sujet. « La radio et ses effets, écrit-il, sont l’exemple vivant de ce que la société humaine n’est plus soumise aux forces aveugles de la nature, qu’elle peut se créer elle-même les moyens de forger son univers, de répandre intégralement sa culture et de la maintenir » (la Musique, la radio et l’auditeur, 1954).

La radiodiffusion correspond à un vieux rêve de l’humanité, à son désir d’abolir les distances. « Il viendra un temps, écrivait l’érudit tchèque Comenius au xviie s., où l’on inventera des instruments permettant à des amis de se parler à des distances de plus de cent milles. »

Si le téléphone correspond exactement à cette prédiction, la radio, parce qu’elle utilise une technique de propagation sans fil, va bien au-delà dans son rayon d’action.


Évolution de la radio

Il est à peu près impossible de dire à quelle date est né ce procédé, qui consiste essentiellement dans la diffusion des sons par les ondes hertziennes, et de nommer son inventeur, car il s’agit du résultat lentement acquis d’une série de découvertes qui se sont succédé et se sont complétées progressivement au cours de nombreuses années (v. radiotechnique).

Jusqu’en 1914, la radiophonie resta le privilège de quelques rares amateurs, des savants et des techniciens. La Première Guerre mondiale accentua évidemment les progrès dans le sens des utilisations militaires. En novembre 1917, la radiodiffusion entra dans l’histoire lorsque le croiseur Aurore diffusa par ce moyen les décisions du Comité révolutionnaire russe dans les districts de Petrograd. Au printemps de 1918, Lénine fit créer plusieurs centres destinés aux émissions d’information politique. Après la guerre, les progrès furent rapides. En 1919, les Pays-Bas réalisèrent la première expérience importante de diffusion privée. En 1920, on capta à Paris un concert radiodiffusé de Londres, et à Pittsburgh, aux États-Unis, la station KDKA commença à émettre des programmes quotidiens. En France, le général Ferrié* procéda en 1921 aux premières émissions radiophoniques à partir de la tour Eiffel, avec des bulletins météorologiques, des bulletins économiques et financiers ; en 1922, les programmes de cette station devinrent réguliers. En 1923, le journaliste Maurice Privat (1887-1949) fut chargé de les organiser et en 1927 fut créé le « Radio-Journal de France ». À cette date, la radio, qu’on appelait alors T. S. F. (télégraphie sans fil), avait acquis droit de cité dans le grand public de la plupart des pays modernes, malgré les conditions d’écoute encore assez mauvaises. Aux États-Unis, on comptait alors 733 stations émettrices et près de 7 millions de postes récepteurs. En 1925 avait été créée l’Union internationale de radiodiffusion, et, aux États-Unis, la loi de1927 (Radio Act) réglementa les longueurs d’onde. Pendant toute cette période, des origines à 1927, la T. S. F. s’était imposée d’abord comme moyen d’information, avec, en outre, une fonction musicale, les « speakers » jouant un rôle important dans les programmes et la publicité s’imposant rapidement. Les régimes d’exploitation variaient du système privé au système étatique.