Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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radiodiagnostic (suite)

Les statifs spécialisés sont utilisés en radiographie cardiaque et vasculaire. Ils comportent un appareil changeur de films permettant la prise de films à la cadence de six à huit par seconde. Dans certains cas, on utilise deux changeurs orientés à angle droit et permettant de prendre simultanément des clichés sériés de face et de profil. D’autres statifs sont spécialisés pour la radiographie du crâne. Dans beaucoup de cas, quel que soit le statif, il est possible d’adjoindre un appareil tomographique, mais, pour les organes d’exploration difficile, il est préférable d’utiliser un statif uniquement destiné à la tomographie.

Les équipements actuels de radiodiagnostic bénéficient de l’utilisation de l’amplificateur de luminance, qui est un convertisseur d’image électronique permettant d’obtenir une brillance très augmentée de l’écran radioscopique. L’image, considérablement améliorée, peut être vue directement grâce à une optique d’observation (le gain de luminosité est de 3 000 fois par rapport à l’écran ordinaire), mais surtout elle peut être projetée sur une chaîne de télévision à circuit fermé. L’examen radioscopique a lieu en lumière normale. En salle d’opération, le contrôle de l’intervention par la télévision transforme les conditions opératoires ; citons la chirurgie osseuse et particulièrement les ostéosynthèses et les prothèses fémorales. La projection de l’image examinée sur plusieurs écrans de télévision et même sur des récepteurs à distance dans un service hospitalier voisin transforme les conditions du travail en équipe et de l’enseignement médical. Fait plus important encore, la dose de radiations reçue par le patient est réduite de quatre cinquièmes. En ce qui concerne l’opérateur, la possibilité d’associer röntgentélévision et télécommande lui permet de pratiquer toutes les manœuvres d’un examen radiologique à partir d’une pièce voisine, ce qui le met entièrement à l’abri des radiations. Enfin, divers matériels d’enregistrement sont adaptables sur l’amplificateur de brillance : le radiocinéma, la photographie d’écran et l’enregistreur sur bande magnétique.

Le radiocinéma est utilisé électivement dans l’étude des organes en mouvement soit contractiles (radiologie du tube digestif), soit soumis au flux sanguin (radiologie vasculaire). En angiographie, il est intéressant de pratiquer les prises de vues de radiocinéma simultanément sur deux plans à angle droit. Enfin, les techniques modernes assurent de hautes cadences de prises de vues (600 images par seconde), autorisant des ralentis très importants (mise en évidence d’un reflux dans une insuffisance valvulaire discrète, étude de la dynamique circulatoire).

La radiophotographie de l’écran secondaire de l’amplificateur de brillance permet d’obtenir des clichés d’un format suffisant, qui, lus sur visionneuse, peuvent, pratiquement, remplacer la radiographie et sont particulièrement utiles dans les dépistages et les examens collectifs, L’enregistrement sur bande magnétique donne des images d’une remarquable finesse et offre la possibilité de revoir autant de fois qu’il est nécessaire l’image telle qu’elle a été enregistrée.

Le développement manuel des films radiologiques tend à être remplacé par le développement en machines, qui, en 90 secondes, fournit un film sec et maniable. Le fait de ce développement rapide, d’une part, et de l’accroissement de la vitesse des examens, d’autre part, grâce à la télécommande et aux perfectionnements de matériels (automaticité des systèmes antidiffusants, division immédiate des films dans les clichés en série) ont fait reconsidérer dans les techniques modernes l’étape concernant la manipulation de la cassette. Le marquage et le développement du film, puis le retour de la cassette en salle d’examen constituent une manipulation à la fois complexe et lente. Un système d’éclairage spécial (hi-light) permet de supprimer la cassette : le film est introduit directement entre deux écrans renforçateurs solidaires du statif, puis il est repris et mis dans la machine à développer. Dans un système voisin, dit « lumière du jour », des cassettes spéciales sont chargées automatiquement et déchargées dans la machine sans que le film voie le jour.

La tendance actuelle est de supprimer le stade intermédiaire de la cassette : un chargeur de 50 films vierges distribue les films, qui sont impressionnés et marqués dans le même temps, puis directement transmis à une machine à développer couplée à la table. Disons, en conclusion, que, pour illustrer l’importance du radiodiagnostic, il faut savoir qu’en France et dans les pays développés l’expansion de la radiologie se fait suivant une courbe de croissance exponentielle, dépassant de beaucoup la plupart des autres postes de l’économie. Dans les années à venir, l’ordinateur aura un rôle important en radiodiagnostic en procédant à la lecture automatique des images, mais le choix des données codées demeure pour l’instant d’une réalisation difficile ; de même, l’analyse des documents radiologiques par le balayage électronique rapide constitue un perfectionnement qu’il est permis d’envisager pour un avenir proche.

La tomographie

On sait que les radiographies habituelles donnent des images où se superposent tous les plans de la région examinée : elles réduisent en somme à une surface plane ce qui est un volume. La tomographie permet d’obtenir les seules images d’un plan privilégié, à l’exclusion de ce qui est situé en avant ou en arrière de ce plan, que l’on fait varier en profondeur afin de pratiquer l’exploration totale d’un organe, tranche par tranche. On découvre ainsi des images dissimulées par l’accumulation des autres images situées à une profondeur différente. On obtient des tomographies en mobilisant deux des trois éléments suivants : tube radiogène, sujet et film. Le plus souvent, le sujet reste fixe, et l’on imprime un déplacement en sens inverse du tube et du film : l’axe de ce déplacement constituera le plan de coupe ; les images contenues dans le plan privilégié demeurent seules lisibles sur le film. Les images des autres plans, du fait du mouvement tube-film, subissent un balayage et ne subsistent que sous forme de sillages, d’autant moins visibles que le procédé est plus efficace. Le déplacement peut être linéaire, pendulaire, spiroïde ou hypocycloïdal (polytome de Massiot). Un nouvel appareil de tomographie dite axiale, combiné à un ordinateur, permet d’obtenir de véritables coupes radiologiques du corps humain, comparables aux coupes réelles faites en anatomie. Cet appareil, nommé « scanner » dans les pays anglo-saxons, est fabriqué en France sous le nom de « densitome ».

E. W.

➙ Radiologie.