Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

radicalisme (suite)

Le général de Gaulle réélu président de la République, R. Billères amène la majorité des radicaux à une union avec les socialistes de la S. F. I. O. et les « conventionnels » de F. Mitterrand dans la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (F. G. D. S.). Le 22 février 1968, le Comité exécutif du parti désigne F. Gaillard et M. Faure pour figurer parmi les représentants radicaux au sein du futur Comité exécutif de la F. G. D. S. Mais l’échec de celle-ci aux élections de juin 1968 remet tout en question.

Réélu président en octobre 1969, M. Faure déclare vouloir faire du parti radical l’« axe de la majorité de rechange » et estime indispensable une entente avec les socialistes. Mais voici que monte l’étoile de Jean-Jacques Servan-Schreiber (né en 1924) : ce dernier veut « décoloniser la France », qui est, selon lui, « prisonnière de l’État ». Élu en 1969 secrétaire général du parti, il fait approuver le 15 février 1970, par un congrès extraordinaire, son « manifeste du parti radical », Ciel et Terre, dans lequel il se déclare partisan d’une réforme profonde de l’État et d’une répartition plus juste du revenu. Élu député de Nancy le 28 juin 1970, il s’apparente au groupe socialiste ; le 17 octobre 1971, il est élu président du parti. Mais, en novembre, il entre, avec Jean Lecanuet, dans le Mouvement des réformateurs, ce qui provoque des remous au sein du parti. Lorsque, pour préparer les élections législatives de 1973, la gauche adopte un programme commun de gouvernement (27 juin 1972), une fraction des radicaux, dont la majorité des parlementaires, hostile à J.-J. Servan-Schreiber, fait bloc, sous la conduite de Robert Fabre, avec l’Union de la gauche : ces radicaux de gauche (qui, en décembre 1973, se constitueront en parti : le Mouvement des radicaux de gauche) remportent 11 sièges (3 de plus qu’en 1968) lors des élections de mars 1973, les réformateurs en ayant 31 (16 de plus qu’en 1968). En mai 1974, les radicaux de gauche soutiennent la candidature de F. Mitterrand à la présidence de la République. En octobre de la même année, J.-J. Servan-Schreiber, qui a participé quelques jours au gouvernement Chirac après l’élection de V. Giscard d’Estaing à la présidence de la République, annonce son intention de rassembler la « gauche réformatrice » en un « parti radical socialiste réformateur » ; mais ce souhait ne se concrétisera pas.

P. P.

➙ Cartel des gauches / Front populaire / République (IIIe) / République (IVe) / République (Ve).

 F. Goguel, la Politique des partis sous la IIIe République (Éd. du Seuil, 1946 ; 2 vol.). / A. Milhaud, Histoire du radicalisme (Caillard et Cie, 1951). / S. Mitard, les Origines du radicalisme démocratique : l’affaire Ledru-Rollin (Rivière, 1952). / C. Nicolet, le Radicalisme (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1957 ; 4e éd., 1974). / J. Kayser, les Grandes Batailles du radicalisme, des origines aux portes du pouvoir, 1820-1901 (Rivière, 1962). / R. Bloch, Histoire du parti radical-socialiste (L. G. D. J., 1968). / M. Soulié, De Ledru-Rollin à J. J. S. S. Le parti radical entre son passé et son avenir (Épi, 1971). / J. T. Nordmann, Histoire des radicaux, 1820-1973 (La Table ronde, 1974).

radioactivité

Désintégration spontanée d’un atome avec émission de divers rayonnements. (On écrit également parfois radio-activité.)



Introduction

Il convient de distinguer la radioactivité naturelle, celle qui existe dans la nature, et la radioactivité artificielle, celle que l’homme crée.

La radioactivité naturelle fut découverte par Becquerel* au début de l’année 1896 ; il remarqua que des sels d’uranium avaient la propriété d’impressionner une plaque photographique ; le rayonnement émis par ces sels — qu’on appela à l’origine rayons uraniques ou rayons de Becquerel — se révélait analogue aux rayons X, découverts par Röntgen en 1895. Pierre et Marie Curie* mirent en évidence la radioactivité du thorium et découvrirent le polonium et le radium (1898). En 1899, Rutherford*, étudiant les rayons de Becquerel, observa que ceux-ci étaient décomposés lorsqu’ils traversaient un champ magnétique ; il identifia le rayonnement α et le rayonnement β ; un an après, Paul Villard (1860-1934) précisa que le troisième faisceau, ou rayonnement γ, était de même nature que les rayons X. En 1934, Irène et Frédéric Joliot-Curie* découvrirent la radioactivité artificielle.

Avec la découverte de la radioactivité naturelle, l’homme analysa le phénomène et, avec la radioactivité artificielle, il en réalisa la synthèse.


Définition de la radioactivité

C’est la propriété que possèdent les noyaux de certains éléments d’émettre spontanément un rayonnement complexe ; les noyaux qui rayonnent transmutent en d’autres noyaux pour finalement aboutir à un élément stable.

Cette définition appelle diverses remarques.
1. La radioactivité est un phénomène nucléaire et non atomique, en ce sens que son siège n’est pas l’atome, mais le noyau de celui-ci.
2. Il s’agit là d’un phénomène spontané. Les noyaux explosent et se désagrègent : la radioactivité concrétise donc la mort des noyaux. Cette émission de rayonnements n’est pas constante : elle diminue avec le temps.
3. Il ne s’agit pas d’un rayonnement unique, mais d’un rayonnement triple, que l’on représente par les lettres alpha (α), bêta (β), gamma (γ) ; ces rayonnements sont différents bien qu’ils aient des propriétés communes.
4. Quand un noyau émet un rayonnement, il meurt en tant que noyau de l’élément considéré, mais il renaît aussitôt en tant que noyau d’un nouvel élément.

Ce cycle, toutefois, n’est pas éternel, et il arrive finalement un moment où l’élément ne rayonne plus : il est devenu stable, et le processus s’arrête.