Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
Q

Quaternaire (suite)

L’interglaciaire Mindel-Riss paraît plus chaud et plus humide que le climat actuel. Aux abords de la mer Méditerranée, un paléosol rouge, le ferretto, est le témoin d’une altération des roches active et profonde. Le site de Saint-Acheul, qui a donné son nom à l’Acheuléen, est occupé par ses premiers habitants. En Chine, à Zhoukoudian (Tcheou-k’eou-tien), un Hominidé, le Sinanthrope, dont les ossements sont associés à des galets taillés et à des restes de Cerfs, occupait vraisemblablement la grotte du site I lors de l’interglaciaire Mindel-Riss.


Le Quaternaire supérieur

La glaciation rissienne commence il y a 200 000 ans et s’achève vers – 120 000. Au cours du premier interstade, dans une steppe peuplée de Rennes, de Chevaux et de Rhinocéros, vit l’Homme de Tautavel (Pyrénées-Orientales), qui a laissé le plus ancien crâne d’Hominidé daté avec certitude en Europe. Les derniers représentants de la faune de climat chaud, tels le Tigre à dents de sabre et le Rhinocéros étrusque, s’éteignent peu à peu. Au cours d’interstades, l’Éléphant antique et l’Hippopotame, repliés vers le sud, se répandent de nouveau. Mais, seul, le Rhinocéros de Merck atteint l’interglaciaire Riss-Würm en Europe. Le Renne et le Mammouth se multiplient. À proximité même de Terra Amata, la grotte du Lazaret, occupée vers – 150000, indique combien la faune a changé : le gibier est désormais composé de Bouquetins et de Marmottes.

L’interglaciaire Riss-Würm (de – 120000 à – 75000), représenté par l’Élémien de l’Europe du Nord, est défini par des dépôts lacustres et marins qui reposent sur des argiles morainiques rissiennes et qui supportent les dépôts fluvio-glaciaires de la dernière glaciation. Le niveau de la mer est alors à peine supérieur au niveau actuel (env. de 6 à 8 m). La reconquête de l’Europe du Nord par la chênaie mixte est en cours pendant la deuxième des six phases climatiques définies par Wilbur Selle, puis recule lors de la troisième phase, plus humide ; le Charme et l’Aulne se répandent jusqu’aux approches de la dernière glaciation, marquée, au cours de la cinquième phase, par la disparition des arbres à feuilles caduques. Les Paléanthropiens, comme l’Homme de Neandertal, dont le cerveau est plus développé dans la partie occipitale que dans l’aire frontale, sont dispersés à travers de vastes espaces.

Au Würm (de – 75000 à – 10000), dernière glaciation du Quaternaire, les glaciers n’ont pas rejoint partout la Limite extrême atteinte en Europe par les glaciers rissiens, mais le froid a été encore plus vif. La faune arctique, Renne, Bœuf musqué. Perdrix des neiges, envahit l’Europe ; Bouquetins, Chamois et Marmottes descendent vers les plaines, où ils rencontrent Bisons et Aurochs ; Cerfs et Sangliers prolifèrent lors des interstades, au cours desquels le climat se réchauffe. Au Würm moyen, vers – 35000, Homo sapiens apparaît à Cro-Magnon, à Chancelade, à Grimaldi ; les crânes de ces Néanthropiens révèlent la croissance de la partie antérieure du cerveau. À cette époque également, les industries se diversifient et les représentations artistiques sont de plus en plus nombreuses.

Lorsque se développe la civilisation aurignacienne, l’Homme fabrique des pointes de sagaie et des pics en bois de Renne, grave des signes et des formes animales ; cette civilisation a laissé des traces de l’extrémité de l’Europe occidentale à la vallée du Don ; son apparition semble plus tardive sur les rives orientales de la Méditerranée. La technique évolue : l’aiguille d’os et les pointes très minces en feuilles de Laurier signalent en Europe occidentale le passage au Solutréen, à partir de – 18000 environ.

Au Tardiglaciaire (Würm supérieur), des vagues de froid se poursuivent. La toundra, caractérisée par une Rosacée en coussinet, Dryas octopetala, qui a donné son nom aux trois stades du Dryas, s’étend sur l’Europe septentrionale et médiane. Mais, sous les latitudes moyennes, l’été est plus long et plus ensoleillé que dans la toundra actuelle. Les Hommes et de nombreux animaux, comme l’Ours des cavernes, se réfugient dans les grottes.


L’Holocène ou Postglaciaire

Une rapide fusion des glaciers, amorcée en Europe il y a dix mille ans environ, marque le début de la transgression flandrienne, qui modifie le tracé des littoraux. Les rivages, situés vraisemblablement entre 120 et 70 m au-dessous du niveau actuel lors du maximum glaciaire et entre 100 et 50 m au Würm, lors de la régression préflandrienne, se rapprochent du niveau actuel. Après avoir été libérées rapidement du poids des glaciers, les marges continentales se sont soulevées, lentement, par compensation isostatique. Le mouvement n’est pas encore achevé aujourd’hui ; il se poursuit au rythme de 10 m par millénaire dans les îles et les continents proches de la zone arctique. Le Mammouth, le Rhinocéros laineux et l’Ours des cavernes disparaissent ; le Renne remonte vers le nord. Au cours du Préboréal, la forêt colonise les plaines occupées auparavant par la toundra ; la tourbe commence à s’accumuler dans les dépressions mal drainées. La fusion de l’inlandsis scandinave provoque, au cours des périodes daniglaciale et gothiglaciale, le recul du front glaciaire et la formation d’un lac baltique où s’accumulent les argiles à varves. La mer à Yoldia submerge le lac à la suite du relèvement glacio-eustatique du niveau marin. Au Boréal (env. de 8500 à 7500 BP), l’Orme et la chênaie mixte se substituent aux Pins et aux Bouleaux, premiers colonisateurs de la toundra. En Fennoscandie, la compensation isostatique annule, entre 9000 et 8000 BP, les effets de la transgression ; le lac à Ancylus succède à la mer à Yoldia. Le climat, encore sec, devient humide au cours de l’Atlantique (de 7500 à 4500 BP) et se réchauffe. La reprise de la transgression flandrienne pendant cette période atlantique et le ralentissement du mouvement isostatique changent le lac Baltique en mer à Littorines vers 4000 BP ; le pas de Calais se forme à la même époque. Entre 4500 et 2800 BP environ, au Subboréal, le climat devient moins chaud et plus sec qu’au cours de l’Atlantique ; l’expansion du Hêtre, l’humification et l’acidification des tourbières indiquent ensuite un retour à l’humidité qui distingue le Subatlantique.