Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
Q

quasar (suite)

Nature

On pense que les quasars peuvent être des galaxies elliptiques géantes, analogues à celles qui sont associées à certaines radiosources dans le noyau desquelles on observerait un phénomène cataclysmique à une échelle gigantesque et qui, peut-être, serait la première étape dans l’évolution des radiogalaxies. Environ 300 quasars sont actuellement connus et on continue de les étudier intensément dans tous les domaines : radioélectrique, infrarouge, optique, X.

P. V.

➙ Astronomie / Galaxie / Nébulosité galactique / Pulsar / Radioastronomie / Univers.

 F. Hoyle, Galaxies, Nuclei and Quasars (New York, 1965). / G. et M. Burbidge, Quasi Stellar Objects (San Francisco, 1967). / F. D. Kahn et H. P. Palmer, Quasars. Their Importance in Astronomy and Physics (Cambridge, 1967). / P. Véron, les Quasars (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1967 ; 2e éd., 1974).

Quasimodo (Salvatore)

Poète italien (Modica 1901 - Amalfi 1968).


Si le prix Nobel de littérature, qui lui fut décerné en 1959, a assuré la notoriété de Quasimodo, il l’a desservi auprès de la critique, qui, lui pardonnant mal d’avoir été préféré à G. Ungaretti* et à E. Montale* par le jury suédois, s’est crue dès lors autorisée à négliger son œuvre. Comme le déplorait Gianfranco Contini, les dernières œuvres de ce poète célèbre sont mal connues. Or, plus que tel ou tel de ses recueils, c’est l’évolution de toute son œuvre qui fait de Quasimodo un des représentants les plus significatifs de la poésie italienne à la veille et au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

Entré en littérature à l’époque de l’hermétisme, dont il adopta et illustra, avec une perfection toute parnassienne, le symbolisme quintessencié, il fut ensuite un des premiers poètes de sa génération à rompre avec cette esthétique pour chanter à un plus vaste public l’épopée de la Résistance et la difficile conquête quotidienne de la liberté par l’homme moderne. Infiniment moins novateur que Montale ou Ungaretti — à l’égard de qui Quasimodo tout le premier a reconnu sa dette —, il a été beaucoup plus tôt et beaucoup plus largement traduit qu’eux. C’est sans doute qu’il accréditait conjointement deux des mythes les plus chers à l’idéologie littéraire petite-bourgeoise : l’art pour l’art et l’engagement. Inscrit au parti communiste, qu’il quittera bientôt, à la Libération, Quasimodo n’a jamais manqué d’affirmer par la suite, et non seulement dans sa poésie, ses idées de gauche ; d’où, entre autres, l’éloge d’Aragon. Mais loin de se renier et de s’effacer derrière le militant, l’esthète qu’il n’a jamais cessé d’être ne demande guère à ses convictions politiques que d’appuyer sa prétention à parler au nom de tous.

Le paysage sicilien où se déroula son enfance marque durablement la sensibilité et l’inspiration de Quasimodo. Il est particulièrement impressionné, encore enfant, par le spectacle de mort et de désolation qu’offre Messine, où son père, chef de gare, est muté au lendemain du terrible tremblement de terre de 1908. Si la tradition gréco-romaine l’aidera plus tard à prendre conscience de lui-même et de sa vocation poétique, il n’apprend le latin et le grec qu’assez tard, en autodidacte, à Rome, où il séjourne et vit d’expédients de 1919 à 1926 après une scolarité technique prématurément interrompue et poursuivie çà et là en Sicile, au hasard des affectations paternelles (Gela, Palerme, Messine). Après une carrière itinérante dans les Ponts et Chaussées (Calabre, la Valteline, Florence), il s’établit définitivement à Milan, où il est journaliste avant d’être nommé, en 1939, professeur de littérature italienne au conservatoire Giuseppe-Verdi. Ses dernières années sont constellées de prix littéraires et de voyages à l’étranger, dont un à Moscou, en 1958, où les suites d’une crise cardiaque l’obligent à une longue convalescence. Et c’est en allant présider un prix de poésie qu’il meurt à Amalfi, en 1968.

En 1929, son beau-frère le romancier Elio Vittorini l’invite à collaborer à la revue florentine Solaria, qui, de 1926 à 1936, jouera un rôle de premier plan dans le renouveau des lettres italiennes (découverte de U. Saba*, Montale, C. E. Gadda*, E. Vittorini, C. Pavese*..., redécouverte de Federico Tozzi et I. Svevo*, introduction de Proust et Joyce en Italie, etc.). La revue publie ses premiers poèmes et son premier recueil : Acque e terre (1930), auquel feront suite, toujours sous le signe de la préciosité hermétique : Oboe sommerso (1932), Odore di eucalyptus ed altri versi (1933), Erato e Apollion (1936), Poesie (1938), Ed è subito sera (1942). Quasimodo y chante la nostalgie d’un impossible retour aux origines, qu’il s’agisse de l’enfance ou de sa Sicile natale, confondues dans un même mythe. À partir de Con il piede straniero sopra il cuore (1946) et de Giorno dopo giorno (1947), inspirés par la Résistance, il adopte une forme plus ample et plus explicite, tandis qu’il abandonne toute complaisance narcissique pour rendre compte de la tragédie historique de l’homme contemporain : La vita non è sogno (1949), Il falso e vero verde (1956), La Terra impareggiabile (1958), Dare e avere (1966). Dans Il Poeta e il politico e altri saggi (1960), il s’explique sur les raisons de cette évolution.

Enfin, la production poétique de Quasimodo est inséparable de son activité de traducteur, et la critique s’accorde aujourd’hui à considérer son anthologie de Lirici greci (1940) comme son chef-d’œuvre. Il a également traduit l’Evangile selon saint Jean, Catulle, Homère, Eschyle, Sophocle, Euripide, l’Anthologie palatine (1958), Ovide, Shakespeare et, avec des résultats moins heureux Neruda et Eluard.

J.-M. G.

 P. Mazzamuto, Salvatore Quasimodo (Palerme, 1967). / M. Tondo, Salvatore Quasimodo (Milan, 1970). / G. Zagarrio, Quasimodo (Florence, 1971).