Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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psychosomatique (suite)

Enfin, les chimiothérapies par les médicaments psychotropes* se montrent très précieuses, voire indispensables. Les tranquillisants surtout, les neuroleptiques doux apaisent sans aucun doute les symptômes corporels. Expérimentalement, ces médications protègent les animaux des maladies psychosomatiques, que l’on provoque habituellement avec facilité chez eux. Bien des ulcéreux, des hypertendus, des asthmatiques voient leurs troubles s’améliorer grâce aux tranquillisants. Souvent aussi, sous les désordres somatiques (douleurs, spasmes, fatigue) se cache un état dépressif latent dont le malade ne prend pas conscience. Les antidépresseurs (imipramine, amitriptyline, etc.) luttent efficacement contre la dépression psychique, entraînant une disparition ou une diminution sensible des symptômes physiques. Cet aspect dépressif latent des névroses psychosomatiques est encore trop méconnu.

Les thérapeutiques à visée nerveuse ou psychique ne font pas négliger les traitements biologiques qui s’adressent aux autres facteurs des maladies psychosomatiques, affections intéressant l’homme comme un tout indissociable, à la fois dans sa vie mentale et ses fonctions physiologiques.


Troubles psychosomatiques de l’enfant

Chez l’enfant, comme chez l’adulte, il existe des affections psychosomatiques, parmi lesquelles il faut citer certaines réactions psychomotrices, les tics, le bégaiement, l’énurésie, l’encoprésie, l’anorexie, l’asthme, certains eczémas et diverses rhino-pharyngites et bronchites, le somnambulisme, des troubles digestifs comme les vomissements, la constipation ou la diarrhée — pour lesquels un bilan organique est négatif —, les céphalées et toutes sortes de douleurs et de troubles du sommeil. Il faut souligner que tout enfant, surtout s’il est très jeune, devient très fragile du point de vue physique dès qu’il se trouve privé d’affection ou traumatisé sur le plan affectif (infections oto-rhino-laryngologiques, maladies infectieuses diverses, retard du développement staturo-pondéral et psychomoteur). La psychothérapie, les modifications de l’attitude des parents et des éducateurs tiennent ici un rôle primordial dans la guérison.

G. R.

 F. G. Alexander, Psychosomatic Medecine, its Principles and Applications (New York, 1950 ; trad. fr. la Médecine psychosomatique. Ses principes et ses applications, Payot, 1962). / A. Bonneton, Médecine psychosomatique. Regards sur les énigmes de la médecine (Maloine, 1964). / P. Bugard, l’État de maladie (Masson, 1964). / J. Caïn, le Symptôme psychosomatique (Privat, Toulouse, 1971). / W. Pasini et coll., Sexualité et gynécologie psychosomatique (Masson, 1974).

psychothérapie

Traitement opérant par des moyens psychologiques.



Introduction

La psychothérapie est destinée à corriger des troubles divers — névroses, psychoses, difficultés d’adaptation, maladies psychosomatiques, etc. —, en fait tous les troubles qui paraissent être la résultante d’un conflit psychique interne et que le sujet ne semble pas être en mesure de résoudre par lui-même.

La technique utilisée consiste à établir, d’une façon ou d’une autre, une relation entre le thérapeute et le patient. C’est du maniement de cette relation que découlent les effets thérapeutiques et le dépassement du conflit.

La psychothérapie se distingue donc :
— dans une certaine mesure, de la psychanalyse*, qui est plus une recherche qu’un traitement à proprement parler, les bénéfices thérapeutiques venant, en quelque sorte, « de surcroît » ;
— d’autres méthodes thérapeutiques qui visent à corriger les mêmes troubles par des moyens différents (chimiothérapie, par exemple).

Ainsi définie, la psychothérapie demeure un concept flou si l’on considère sa technique, son champ d’application et même le résultat escompté : la notion de « guérison » en matière de troubles psychiques prête en effet à de nombreuses discussions ; s’agit-il d’une disparition des symptômes évidents ou d’un remaniement plus profond de la personnalité ? d’une « adaptation » (à quelle norme ?) ou d’une « libération » ?

On conçoit donc que, sous l’appellation commune de « psychothérapie », se rangent des pratiques fort diverses qu’il faudra préciser.


Historique

L’idée d’une psychothérapie possible est ancienne.


La psychothérapie morale

Au début du xixe s., Philippe Pinel, en particulier, s’appuyant sur ses conceptions philanthropiques et humanistes, s’engage sur la voie d’un traitement moral de la folie*. Le fou, en tant que personne humaine, a le droit d’être secouru. Par des paroles bien pesées, en usant de son pouvoir de persuasion, le thérapeute a le devoir de le ramener sur la voie de la raison et des valeurs morales universelles, dont, par faiblesse, le fou a tendance à s’éloigner.


La suggestion hypnotique

Un peu plus tard, A. A. Liébeault et H. Bernheim à Nancy, J. M. Charcot à Paris utilisent la possibilité d’influencer un malade sous hypnose dans le but d’inculquer à celui-ci des idées et des comportements contraires à ceux qui lui inspire sa folie.

Des controverses animées opposent d’ailleurs les tenants de la psychothérapie morale et les différents courants partisans de l’hypnose*.


Les découvertes de la psychanalyse

• Breuer constate que l’efficacité de l’hypnose, dans l’hystérie, ne tient pas aux diverses contre-suggestions que le thérapeute peut faire (et dont l’effet est très passager), mais plutôt à la possibilité de faire retrouver et revivre sous hypnose un souvenir traumatique oublié.

• Freud* adopte cette conception et cette méthode « cathartique ».

Mais, bien vite, il rencontre des difficultés : les souvenirs traumatiques retrouvés sous hypnose ne peuvent pour autant accéder à la conscience, et leur mise en évidence se heurte à des résistances vives du sujet. Il persiste en effet un conflit psychique enfoui, que le malade n’a pu résoudre en son temps et contre la réémergence duquel il se défend par l’« oubli », le refoulement des souvenirs qui s’y rattachent, leur maintien dans l’inconscient.

Le « symptôme » est le rejeton apparent, déformé par la « censure », de ces éléments refoulés, une sorte de compromis.